Les besoins en terres rares de l’UE vont être multipliés par cinq d’ici 2030, et par 18 pour le lithium. Un approvisionnement devenu une priorité pour les 27. Une priorité clairement exprimée par la présidente de la Commission européenne, lors de son discours de rentrée sur l’état de l’Union le 14 septembre dernier. Des besoins qui « seront bientôt plutôt importants encore que le pétrole et le gaz », a ainsi affirmé Ursula von der Leyen.
En effet le lithium est un métal indispensable à la construction les batteries électriques et les terres rares sont nécessaires à la fabrication de puces, d’écrans, mais aussi d’équipements militaires ou d’éoliennes.
Refaire une production de métaux rares
Une situation critique, analyse la vice-présidente de la commission du commerce international, l’eurodéputée Renew Marie-Pierre Védrenne. « On a cette dépendance véritablement économique sur des matières premières, les métaux rares, et le lithium en particulier. Pour le Green deal, pour les voitures électriques, même pour nos téléphones, on en a besoin. On doit agir sur plusieurs leviers, refaire une production européenne, donc là c’est notre production industrielle, c’est le rôle de Thierry Breton et puis on doit sortir de cette dépendance. »
« La Chine n’est pas la poubelle du monde »
Diversification des importations, achat massif et constitution de réserves stratégiques, l’Europe réfléchit à la bonne stratégie d’approvisionnement. Mais elle ne pourra pas faire sans la Chine qui assure encore près de 70 % de la production mondiale des terres rares, même si la source semble se tarir.
Une baisse des exportations qui s’explique selon Camille Chen, rédactrice en cheffe du service français de Mandarin TV télévision par le fait que « La Chine aussi a besoin de garder ses métaux rares pour ses propres besoins […] » d’autant plus ajoute-t-elle « que la production de terres rares nécessite plusieurs années de travail, de l’extraction à la production […] et que la production de métaux rares est extrêmement dangereuse, très polluante et très nocive pour la santé. La Chine a pris conscience de la nécessité de se protéger. Ce n’est quand même pas la poubelle du monde ! » lâche-t-elle
La Commission européenne veut constituer des réserves stratégiques de ces métaux rares, mais aussi relancer la production en Europe. Une volonté déjà exprimée par le Sénat en juin dans un rapport, qui demandait la réouverture de mines en France pour « répondre aux besoins économiques et aux difficultés géopolitiques actuels. » Mais retrouver notre indépendance en la matière soulève la question du coût écologique. L’extraction des terres rares ou du lithium nécessite de grandes quantités d’eau et des produits chimiques hautement néfastes pour la santé humaine et les écosystèmes. Reste à savoir si l’Europe pourra relocaliser des mines dans des conditions responsables, d’un point de vue écologique et humain. Une course contre la montre quand on sait que le continent européen a d’ores et déjà renoncé à la voiture thermique et envisage une mobilité tout électrique dès 2035.
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