L'art du "coup" diplomatique d'Emmanuel Macron contre "l'art du deal" de Donald Trump ? Au G7, le président américain reste un homme d'affaires...
Méthode Macron, méthode Trump deux conceptions du G7
L'art du "coup" diplomatique d'Emmanuel Macron contre "l'art du deal" de Donald Trump ? Au G7, le président américain reste un homme d'affaires...
Par Laurence BENHAMOU
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
L'art du "coup" diplomatique d'Emmanuel Macron contre "l'art du deal" de Donald Trump ? Au G7, le président américain reste un homme d'affaires qui parle commerce quand le Français, avec son action surprise sur l'Iran et son appel en faveur de l'Amazonie, se consacre surtout à la diplomatie.
Avec Donald Trump qu'il a invité à déjeuner au débotté juste avant l'ouverture du sommet à Biarritz, comme avec le Russe Vladimir Poutine, invité à Brégançon mi-août ou avec le Chinois Xi Jinping qu'il reverra en novembre, Emmanuel Macron croit d'abord aux relations individuelles.
Il se fie à "l'utilité de soigner le lien personnel avec chaque leader", explique l'un de ses conseillers. Il veut aussi, dans tous les conflits, "parler à tous", si possible jouer les médiateurs, en replaçant la France au centre du jeu. Jusqu'à réduire la fracture avec la Russie et reprendre un peu de champ vis-à-vis des Etats-Unis. "La France n'est pas un pays aligné", glisse-t-il.
Conscient de l'effacement progressif de la domination de l'Occident, divisé et confronté aux nouvelles puissances, il a voulu refaire du G7 un club de discussion informel entre grands de ce monde.
Exit le communiqué final au vocabulaire souvent abscons, qu'il qualifie de "discussions entre bureaucrates que les leaders ne lisent même pas".
Surtout que ce dont on se souvient du précédent sommet des Sept, au Canada, c'est que Donald Trump a refusé de signer un tel texte.
Le président Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump lors d'un déjeuner à l'Hôtel du Palais, le 24 août 2019 à Biarritz
POOL/AFP
En revanche, Emmanuel Macron tente d'y faire avancer des sujets précis, notamment le règlement des crises internationales.
Sur l'Amazonie par exemple, à la veille de la réunion de Biarritz, face à la catastrophe des incendies, il annonce que ce sujet doit devenir une priorité du sommet, mais aussi que la France bloquera l'accord de libre-échange UE-Mercosur, pour protester contre l'attitude du Brésil (sans en avoir prévenu ses alliés espagnol et allemand, qui protestent).
- L'économie reléguée ? -
L'économie, l'économie, l'économie ! Fidèle à son passé d'homme d'affaires et à son approche bilatérale des relations internationales, Donald Trump est en revanche principalement présent pour parler de dossiers commerciaux.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe (g) et le président américain Donald Trump lors d'une rencontre au sommet du G7, le 25 août 2019 à Biarritz, dans le sud-ouest de la France
AFP
Accord avec le Japon, négociations avec le Royaume-Uni, commentaires incendiaires dans la guerre commerciale Etats-Unis-Chine. S'il parle beaucoup de "grands accords commerciaux", en revanche, peu de commentaires sur l'Amazonie, le climat, l'Iran.
Selon le New York Times, plusieurs responsables américains ont d'ailleurs estimé que les Français mettaient l'accent sur "des problèmes de niche", à destination de la population française, comme le changement climatique et l'égalité hommes femmes, reléguant le ralentissement économique mondial au second plan.
"La France veut que le G7 reste silencieux sur ces sujets économiques cruciaux", a commenté le principal conseiller économique de M. Trump. "Le commerce et l'économie mondiale ont reçu peu d'attention", a-t-il accusé.
- Risque -
Ces différences d'approche et de caractère des deux hommes ne sont d'ailleurs pas sans risque pour le président français.
Photo diffusée sur le compte Twitter du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (g) lors d'une réunion avec le président français Emmanuel Macron (d) et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (2e d), le 25 août 2019 à Biarritz
Compte Twitter de Mohammad Javad Zarif/AFP
Après un dîner à sept samedi soir, le Français là encore annonce une avancée majeure : il obtient l'accord de ses alliés, dont Donald Trump, pour qu'il transmette un message commun à l'Iran, disent des sources diplomatiques concordantes.
Il parle même à la télévision d'une "communication commune vis-à-vis de l'Iran".
Forcing ou excès de confiance ? Une heure après ses déclarations, Donald Trump dément publiquement avoir discuté d'un message commun à l'Iran.
Soucieux de ne pas heurter "la première puissance mondiale", Emmanuel Macron baisse d'un ton en ne parlant plus que d'objectifs communs et souligne ne pas avoir de "mandat officiel" pour négocier avec Téhéran.
Ce qui ne l'empêche pas de réserver sur ce dossier un nouveau coup de théâtre, avec l'arrivée dimanche après-midi à Biarritz du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, avalisée par Donald Trump.
"C'est le signe que le président Macron est en train de chercher de manière très énergique une sorte d'accord entre les Etats-Unis et l'Iran" analyse pour l'AFP, Robert Malley, de l'International Crisis Group (ICG).
Pour le chef de l'Etat français, "il n'y a pas de grand risque. Qu'a-t-il à perdre ? S'il réussit, c'est une victoire énorme. Dans le cas contraire, personne ne lui en voudra", note-t-il.
Iraniens comme Français ont à cet égard adopté un ton positif à l'issue du déplacement surprise de M. Zarif.
Reste le risque pour Emmanuel Macron de passer pour un gesticulateur dont les initiatives séduisantes n'aboutissent pas.
Sur l'Amazonie par exemple, dimanche soir, le G7 n'avait pas encore pris les mesures d'urgence promises par le président français, un dossier test à la fois pour l'efficacité du G7 et pour la méthode Macron.
Un rapport de 73 pages pointe le rôle joué par les Frères musulmans en France, avec une volonté d’entrisme dans la société. Un conseil de défense, prévu ce mercredi à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron, devrait déboucher sur des « mesures ».
Selon le Centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus, installé en 2023 après l'incendie volontaire du domicile du maire de Saint-Brevin-les-Pins, les agressions visant les élus locaux ou parlementaires n’ont reculé que de 9,3 % en un an. Les deux tiers des faits reportés sont des menaces et outrages.
Deux jours après sa large victoire la tête de la présidence des Républicains, Bruno Retailleau a reçu un accueil triomphal au groupe LR du Sénat. Auprès de son ancien groupe qu’il a dirigé pendant 10 ans, le nouveau patron de LR a promis de refaire de la droite « l’élément central du débat politique ».
Le RN est de nouveau dans le viseur de la justice. Selon Challenges, entre 2020 et 2023, 23 particuliers ont accordé de manière récurrente des prêts au Rassemblement national, pour un montant total de plus de 2,3 millions d’euros. Après la révélation de l’ouverture d'une enquête judiciaire, Jordan Bardella a dénoncé une « opération de harcèlement » et « une volonté de mort financière » de son parti. Public Sénat revient sur les règles qui encadre le financement de la vie politique.