Le meurtre d’Aboubakar Cissé, jeune fidèle tué dans une mosquée à La Grand-Combe, dans le Gard, continue de susciter de l’émotion. « Vendredi 25 avril, Aboubakar Cissé, fidèle musulman, était mortellement poignardé à 40 reprises dans une mosquée », lors d’un « acte profondément révoltant », a rappelé le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard, lors des questions d’actualité au gouvernement à la Haute assemblée, ce mercredi. Le sénateur de l’Isère a dit au passage « merci », à Gérard Larcher, d’« avoir changé d’avis et d’avoir concédé un moment de recueillement, c’était important ». Face au premier refus d’une minute de silence, exprimé ce matin par le président du Sénat sur BFM TV, le président du groupe écologiste avait prévu de lancer un moment de recueillement, à l’occasion de sa question, a-t-on appris de source parlementaire.
Guillaume Gontard pointe une « instrumentalisation insensée de la laïcité pour stigmatiser l’Islam et les musulmans »
« Monsieur le premier ministre, vous avez choisi des mots justes pour qualifier l’assassinat islamophobe d’Aboubakar Cissé, vendredi. Vous avez aussi entendu la souffrance, la peur et le sentiment de relégation exprimé par nos compatriotes musulmans depuis vendredi », souligne Guillaume Gontard, qui relève « le sentiment partagé sur nos bancs, que les plus hautes autorités de l’Etat, à commencer par le ministre de l’Intérieur et des Cultes, n’ont pas exprimé une émotion à la hauteur du supplément de violence symbolique que représente l’assassinat d’un fidèle dans une mosquée, le sentiment que les plus hautes autorités de l’Etat n’ont pas pris la mesure de cet acte, de cet attentat », dénonce le président du groupe écologiste.
« Qu’allez-vous donc faire pour que cesse, notamment au sein du gouvernement et des hémicycles parlementaires, cette instrumentalisation insensée de la laïcité pour stigmatiser l’Islam et les musulmans ? Qu’allez-vous faire pour lutter réellement contre la montée de l’islamophobie, avant que d’autres drames ne surviennent ? » demande Guillaume Gontard.
« Le drame du Gard est épouvantable » soutient François Bayrou
En réponse, le premier ministre François Bayrou lui a « assuré que la totalité des responsables publics, actuellement au sein de l’exécutif, et je crois de nos assemblées, partagent la même certitude. Celle que vous avez exprimée et que j’ai moi-même défendue dans plusieurs livres sur la guerre des religions ».
« Il y a là un danger perpétuel qui ne cesse de se réveiller et singulièrement en temps de crise », que « l’autre est un ennemi », avance le premier ministre. « La loi protège la foi, mais la foi ne fait pas la loi », lance François Bayrou, c’est l’idée que par « la tolérance » et « la compréhension mutuelle, nous ne sommes pas des étrangers les uns aux autres », « que nous avons à construire avec nos compatriotes musulmans, juifs, chrétiens, agnostiques, athées, tous ont droit de citer ». C’est pourquoi « nous avons le devoir de construire ensemble ». Or « le drame du Gard est épouvantable tellement il est entaché de tous les symptômes de ce que nous devons combattre ».