Michel Barnier aux journées parlementaires LR : une droite rassurée acte sa participation au gouvernement

Les sénateurs et députés LR, rassemblés à Annecy pour leurs journées parlementaires ont reçu la visite d’un des leurs. Le Premier ministre, Michel Barnier est venu s’entretenir « chaleureusement » avec les élus de sa famille politique leur assurant que leur pacte législatif serait sa base de travail.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Il y a encore quelques semaines, députés et sénateurs LR ne se seraient pas attendus à voir autant de journalistes à leurs journées parlementaires d’Aix les Bains pour les premiers et d’Annecy pour les seconds. La nomination d’un des leurs à Matignon a replacé la cinquième force de l’Assemblée et la première au Sénat, au centre du jeu. Avec près de 180 parlementaires, la droite se compte et se rassure lorsqu’est évoqué son manque de légitimité à gouverner le pays après deux échecs électoraux aux Européennes et aux législatives. « Il est vrai que nous avons fait 6,5 % aux législatives (score de LR et des candidats divers droite). Mais en même temps, nous sommes les seuls à accepter de faire le job parce que l’heure est grave. La droite a pris ses responsabilités et les Français nous en auraient beaucoup voulu de nous voir rester les bras croisés […] Alors qu’aucun groupe de toute façon n’a la majorité », souligne la sénatrice de Paris, Agnès Evren. « Le fait d’avoir de nombreux parlementaires a un côté rassurant pour le chef de l’Etat », veut croire la députée Michèle Tabarot qui oublie de préciser que seuls les députés ont le pouvoir de renverser le gouvernement par une motion de censure et le groupe de Laurent Wauquiez ne comporte qu’une quarantaine de députés.

« Pas de domaines réservés mais des domaines partagés » avec le premier ministre

A l’arrivée du Premier ministre au centre des congrès d’Annecy, les ténors de la droite lui avaient réservé un accueil, si l’on peut dire, républicain. Gérard Larcher, Bruno Retailleau le président du groupe au Sénat et son homologue à l’Assemblée Laurent Wauquiez ainsi que les parlementaires du département avaient formé une haie d’honneur pour sa descente de voiture.

A l’intérieur du centre des Congrès, l’entrevue à huis clos a été tout autant « chaleureuse » selon les participants. Le Premier ministre s’est exprimé trente minutes pour assurer aux parlementaires que le « pacte législatif » présenté par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau serait « la base » de son programme de gouvernement. Alors que ces derniers jours, les Républicains avaient émis des craintes quant aux marges de manœuvre de Michel Barnier, ce dernier aurait indiqué aux parlementaires qu’il ne croyait pas aux domaines réservés du chef de l’Etat « mais à des domaines partagés » avec le premier ministre.

Si devant les parlementaires macronistes lundi, Michel Barnier avait affirmé qu’il ne s’agissait pas d’un remaniement mais d’un nouveau gouvernement », certains sénateurs comme Alain Joyandet ou Bruno Retailleau parlent de « cohabitation ». « Nous sommes dans une situation qui nous rapproche de la cohabitation » a déclaré Bruno Retailleau lors d’une déclaration devant la presse. Le Premier ministre a assuré aux élus de droite « qu’il se sentait chez lui au sein des élus LR et que Matignon était leur maison ». Il a néanmoins rappelé qu’il n’avait pas la majorité. L’essentiel pour les prochains mois était alors « que le socle de droite soit plus important que celui de gauche » à l’Assemblée.

« On a la certitude qu’il ne sera pas un collaborateur mais un Premier ministre de plein exercice »

« On était très contents d’accueillir Michel Barnier qui est de notre famille politique. Sa nomination est une excellente nouvelle car nous sommes convaincus qu’il a les qualités pour réussir. Il aura le soutien très clair de tous nos parlementaires qui pourra aller jusqu’à la participation au gouvernement », a confirmé Laurent Wauquiez soulignant qu’il ne s’agissait pas de la position initiale de son groupe. Ce qui a changé la donne ? la nomination d’un Premier ministre de droite « et parce qu’on ne peut pas laisser le pays bloqué pendant des mois », a-t-il justifié.

A ce sujet, les parlementaires ont obtenu des garanties de la part du Premier ministre concernant l’application de leur pacte législatif présenté en juillet. « On a présenté 13 textes législatifs et désormais on a la certitude qu’il ne sera pas un collaborateur mais un Premier ministre de plein exercice […] On veut que le Premier ministre mène une politique pour la majorité nationale », a martelé Bruno Retailleau, citant les priorités : « les baisses d’impôts, la revalorisation du travail, moins d’immigration, plus de sécurité ».

« La droite plurielle, c’est la droite plus rien »

Reste plusieurs questions non tranchées, quels LR pour gouverner et avec qui ? Michel Barnier a insisté devant les élus sur la nécessité de renouveler le gouvernement. La droite mise sur une dizaine de portefeuilles dont la Justice, l’Intérieur et Bercy. Quant à savoir si les deux présidents de groupe Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau y participeront ? « Ils se tiennent prêts », répondent sobrement leur entourage.

Mardi aux journées parlementaires, Horizons, Edouard Philippe a affirmé que des élus de son groupe participeraient aussi au gouvernement. De quoi imaginer une droite plurielle composée de LR et de la majorité sortante. Une ancienne majorité que la droite ne manquait pas d’égratigner ces dernières années. « Pardon, mais des réformes ont été faites que parce qu’il y eut le soutien des Républicains. Mon groupe a fait la démonstration depuis deux ans que nous étions capables de travailler avec tout le monde », a objecté le député Alain Marleix.

« La droite plurielle, c’est la droite plus rien. Ce sera la droite forte qui exprime des convictions », s’emballe le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Pas sûr que le camp macroniste fort lui d’une centaine de députés soit d’accord.

Partager cet article

Dans la même thématique

Michel Barnier aux journées parlementaires LR : une droite rassurée acte sa participation au gouvernement
3min

Politique

Airbnb permet « payer les études de mes enfants », se défend cette propriétaire de Cagnes-sur-Mer

La France fait la part belle à Airbnb. La plateforme d’hébergement est désormais présente dans 80% des communes de l’hexagone. Une inflation des locations de courte durée qui a un impact direct sur la crise du logement. Dans certaines villes, le marché est saturé et le prix des loyers n’a jamais été aussi élevé. Mais pour certains propriétaires qui mettent leur bien en location, c’est aussi un revenu d’appoint utile pour entretenir leur patrimoine comme en témoigne Elodie Fakhfakh, face à trois sénatrices dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Documentaire Churchill chef de guerre de Peter Bardelhe
3min

Politique

Et si Winston Churchill était le grand perdant de la victoire des alliés en 1945 ?

L’Histoire a retenu de Winston Churchill un héros triomphant au balcon de Buckingham Palace après la capitulation des nazis. Mais proclamer le signe de la victoire avec la main ne suffit pas, encore faut-il en récupérer les bénéfices. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a vu son influence dégringoler. Malgré les efforts du Vieux lion, les deux superpuissances, américaine et soviétique, ont imposé un agenda politique au détriment des intérêts britanniques. Le réalisateur Peter Bardelhe a fait le pari d’expliquer cette partie de poker diplomatique entre les vainqueurs de 1945 dans un documentaire Churchill, chef de guerre diffusé sur Public Sénat.

Le

Paris: Gerard Larcher elu President du Senat
3min

Politique

Échec de la CMP sur le budget : Gérard Larcher dénonce le « manque de considération » de Sébastien Lecornu à l’égard du Sénat

Le gouvernement et la majorité sénatoriale se renvoient la responsabilité de l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de finances 2026. Gérard Larcher répond à Sébastien Lecornu en défendant la position du Sénat pendant l’examen du budget et en dénonçant « le manque de considération » et « les mots excessifs » du Premier ministre.

Le