Michel Barnier at Oxford Union, Oxford, UK – 07 Jun 2023

Michel Barnier Premier ministre : les sénateurs LR dithyrambiques, saluent « l’homme d’Etat », « le rassembleur »

Plus de 50 jours de vacance du pouvoir ont débouché sur la nomination d’un Premier ministre LR, Michel Barnier. Un choix inespéré pour la droite qui sort d’un énième échec électoral et en proie aux divisions. Au Sénat où la droite est encore majoritaire avec les centristes, on se félicite du choix de l’homme d’expérience, présenté comme un rassembleur et un négociateur hors pair.
Simon Barbarit

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Il y a encore 48 heures, les sénateurs LR avaient encore du mal à envisager leur bonne fortune. « Si après avoir fait 8 % aux dernières législatives, on obtient un Premier ministre LR, c’est jackpot pour nous », soufflait l’un d’eux alors que la piste Xavier Bertrand était privilégiée.

C’est finalement un autre candidat à la primaire de la droite pour la dernière présidentielle qui a été choisi par Emmanuel Macron. Michel Barnier, un homme politique d’expérience qui a exercé pratiquement tous les mandats nationaux et internationaux ces 50 dernières années. Député, sénateur, ministre, président de conseil général, député européen, commissaire européen, négociateur du Brexit.

C’est cette expérience qui est d’ailleurs saluée par les sénateurs sur le réseau social X. « Tout mon soutien à Michel Barnier, qui accepte de diriger le gouvernement de la France à un moment extraordinairement difficile de son histoire. Cela exige la volonté pour rassembler, le courage pour agir et la droiture pour être respecté ; des qualités dont je sais qu’elles sont celles de Michel Barnier », salue le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau sur X. « Enfin notre pays aura un Premier ministre à la hauteur de nos ambitions ! Passionné par son pays, homme d’expérience apprécié en Europe » s’est félicitée la sénatrice LR, Valérie Boyer.

Le sénateur LR de la Manche, Philippe Bas dresse lui aussi un portrait laudateur du nouveau Premier ministre. « Michel Barnier a les qualités pour gouverner la France dans le contexte politique, financier, international actuel : expérience politique, capacité de négociation, sens de l’intérêt national, engagement européen, désintéressement », écrit-il sur X.

« Tous mes vœux de réussite à Michel Barnier dans la conduite de la politique de la Nation ! Nous aurons pour seule préoccupation l’intérêt de la France et les réformes indispensables au pays. Il a ma confiance. Merci à Gabriel Attal pour la qualité de ses relations avec le  Senat », a salué sur X Gérard Larcher, le président de la chambre haute.

Contacté par publicsenat.fr, le président de la commission des lois du Sénat, François-Noël Buffet salue aussi le choix de chef de l’Etat. « Les législatives ont démontré que la France était idéologiquement à droite. Les Français ont indiqué qu’ils étaient dans l’attente d’autorité, d’ordre, de hausse de leur pouvoir d’achat », a-t-il analysé.

Lui aussi met en avant l’expérience de l’ancien négociateur du Brexit. « En Europe, les relations avec nos voisins en seront grandement facilitées. Michel Barnier est un gaulliste. Et on oublie aussi qu’il a très tôt pris conscience des enjeux environnementaux. Et dans notre famille politique, ça n’a pas toujours été facile ». Rappelons que Michel Barnier a été ministre de l’Environnement du gouvernement Balladur et a écrit plusieurs livres sur le sujet.

« Il est réfléchi, calme, posé »

« Cette nomination », correspond à un tournant. Depuis deux ans, nous vivons dans une situation de tension et de crispation constante. On a l’impression qu’aucun texte ne peut avancer car les formations politiques sont tendues les unes contre les autres. Le choix de Michel Barnier, c’est celui d’un rassembleur et d’un négociateur […] Il est réfléchi, calme, posé. Il ne cherche pas le conflit pour faire parler de lui », le qualifie le sénateur LR des Hauts de Seine, Roger Karoutchi.

La sénatrice de Paris, Catherine Dumas se dit convaincue sur X « que sous sa direction (de Michel Barnier), nous pourrons mettre en œuvre les réformes nécessaires pour assurer le redressement de notre pays et renforcer notre position au sein de l’Europe et du monde ».

« Certaines réformes, sur le régalien, l’autorité, la maîtrise de l’immigration et le pouvoir d’achat sont prioritaires »

En guise de réformes, les Républicains ont rappelé, ces derniers jours, leurs conditions à leur soutien au futur gouvernement, l’application du pacte législatif présenté en juillet (lire notre article) qui s’articule autour trois grands axes : la restauration de l’autorité, la réindustrialisation des territoires et le renforcement des services publics de proximité. « Nous n’aurons peut-être pas la possibilité de tout faire. Mais certaines réformes, sur le régalien, l’autorité, la maîtrise de l’immigration et le pouvoir d’achat sont prioritaires », soutient François-Noël Buffet.

Le pacte législatif des LR entend, il est vrai, s’attaquer à « l’immigration incontrôlée », et reprend une partie des mesures de la loi immigration censurée par le Conseil constitutionnel en début d’année. Lors de la campagne des primaires LR, Michel Barnier lui-même proposait un référendum et un moratoire sur l’immigration en plaidant pour « ne plus être soumis aux arrêts de la CJUE [Cour de Justice de l’UE, ndlr] ou de la CEDH [Cour européenne des droits de l’homme] ». Après le tollé suscité par cette reprise des idées historiques du Front national, Michel Barnier avait alors évoqué un « bouclier constitutionnel » pour écarter certaines décisions, notamment sur l’immigration.

Est-ce la raison que la nomination de Michel Barnier n’a pas entraîné une levée de boucliers de la part du RN (lire notre article) ? « Comme Marine Le Pen s’était opposée très fermement à Xavier Bertrand […] C’était difficile pour elle de dire la même chose pour un autre homme de droite. Mais elle se réserve la possibilité de censurer le gouvernement en fonction des propositions. On verra à ce moment-là l’attitude du RN », temporise Roger Karoutchi. Le sort du prochain gouvernement Barnier est en effet entre les mains du Rassemblement national. Les partis du Nouveau Front Populaire ont annoncé qu’ils voteraient la censure.  Il suffirait que le RN la vote pour que le nouvel exécutif tombe.

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