Migrants: 4 associations demandent à être reçues par Macron après ses critiques des ONG

Migrants: 4 associations demandent à être reçues par Macron après ses critiques des ONG

Quatre associations actives dans l'aide aux migrants, dont MSF et Amnesty, ont demandé mercredi à "être reçues collectivement"...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Quatre associations actives dans l'aide aux migrants, dont MSF et Amnesty, ont demandé mercredi à "être reçues collectivement" par Emmanuel Macron après ses critiques de l'ONG Lifeline, qu'il a accusée de faire "le jeu des passeurs" au large de la Libye lors d'un récent sauvetage.

"En prétendant que les ONG font le jeu des réseaux de trafiquants, le président de la République porte une atteinte inédite à l'action de la société civile", ont affirmé Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde et Médecins sans Frontières, qui se sont dites "consternées devant cette confusion de valeurs".

Emmanuel Macron avait accusé mardi le navire Lifeline d'avoir "coupé le signal" et d'être "intervenu en contravention de toutes les règles et des garde-côtes libyens" en portant secours à 233 migrants. "On ne peut pas accepter durablement cette situation car au nom de l'humanitaire cela veut dire qu'il n'y plus aucun contrôle. A la fin, on fait le jeu des passeurs en réduisant le coût du passage pour les passeurs. C'est d'un cynisme terrible", avait-il ajouté.

Pour les associations, ces déclarations "marquent une étape supplémentaire dans le cynisme et l'hypocrisie de la politique migratoire française mais aussi européenne".

"En favorisant le refoulement et le maintien en Libye de milliers de personnes qui ont enduré des mois voire des années de privations, d'extorsion et de tortures, le président de la République renie les valeurs fondamentales du droit humanitaire", ont-elle ajouté dans ce communiqué transmis à l'AFP.

M. Macron est "capable de donner des leçons d'accueil au monde et en même temps, dans son propre pays, criminaliser les bénévoles, maintenir le refoulement illégal aux frontières même de mineurs ou encore passer sous silence les brutalités infligées aux personnes migrantes et la confiscation de leurs biens", ont-elles déploré.

De son côté le directeur général de France terre d'asile (FTDA) Pierre Henry a déploré des propos "inappropriés, inopportuns et incongrus", car "l'Aquarius et le Lifeline obéissent simplement au droit maritime qui impose de sauver des vies de naufragés", ce qui "ne se discute pas".

"Une parole de président est symbolique, et Emmanuel Macron ne peut ignorer qu'il fait la joie des extrêmes droites en Europe, qui vont reprendre ses arguments à qui mieux mieux", a-t-il déclaré à l'AFP.

"C'est une ONG allemande que le président Macron accuse d’être d'un +cynisme terrible+. Il reprend ainsi une accusation qui était jusqu’ici le +privilège+ de l'extrême droite italienne", a pour sa part affirmé sur twitter le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

Pour Laurent Giovannoni du Secours Catholique, ces déclarations s'inscrivent dans "une dérive générale de l'Europe qui veut faire une gestion de la question migratoire par l'enfermement et l'externalisation". La situation est "catastrophique", a-t-il affirmé à l'AFP.

La France "salue le travail des ONG" mais celui-ci doit "se faire dans le respect du droit international", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, pour qui M. Macron "a eu raison d'attirer l'attention sur le fait qu'on peut parfois être ce que Lénine appelait les +idiots utiles+, c'est-à-dire les complices involontaires" des passeurs.

Le gouvernement maltais a accepté d'accueillir le Lifeline bloqué depuis des jours au large de ses côtes, que l'Italie avait refusé, mais avec un accord pour répartir les migrants parmi des pays membres volontaires. Parmi eux figurent le Portugal, la France mais aussi l'Italie.

Dans la même thématique

Migrants: 4 associations demandent à être reçues par Macron après ses critiques des ONG
3min

Politique

Convocation d’Alexis Kohler devant la commission d’enquête sur les eaux en bouteille : « Lorsque l’on n’a rien à se reprocher, il vaut mieux venir », estime Laurent Burgoa

Laurent Burgoa, le président de la commission d’enquête du Sénat sur les eaux en bouteille espère qu’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, se rendra devant la commission d’enquête le 8 avril prochain. Par ailleurs, il déplore l’attitude adoptée par Nestlé Waters devant l’instance parlementaire, et désire que les travaux de cette commission débouchent sur une proposition de loi.

Le

FRA – ASSEMBLEE NATIONALE – QUESTIONS AU GOUVERNEMENT
3min

Politique

Procès du RN : cette décision imminente du Conseil constitutionnel qui pourrait concerner l’avenir de Marine Le Pen

Les Sages rendent leur décision ce vendredi matin au sujet d’une question prioritaire de constitutionnalité soulevée par un élu local de Mayotte. Ce dernier conteste une peine d’inégibilité provisoire dont il fait l’objet. Or une peine similaire pourrait être prononcée à l’encontre de Marine Le Pen, dans l’affaire des eurodéputés du RN.

Le

Migrants: 4 associations demandent à être reçues par Macron après ses critiques des ONG
4min

Politique

« Ce qui fait le dérapage de notre dépense publique, ce n’est pas le soutien à l’Ukraine, c’est la dépense sociale », pointe François-Xavier Bellamy

Ce jeudi, François-Xavier Bellamy, député européen et vice-président des Républicains était l’invité de la matinale de Public Sénat. Alors qu’un sommet sur la sécurité a lieu aujourd’hui à Paris, il revenu sur l’annonce faite hier par Emmanuel Macron d’accorder à l’Ukraine une aide militaire supplémentaire de 2 milliards d’euros.

Le