Migrants: à Calais, Collomb ferme face au risque d' »appel d’air »
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a affiché sa fermeté vendredi à Calais, refusant toute réouverture de centre pour migrants qui...
Par Claire GALLEN
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a affiché sa fermeté vendredi à Calais, refusant toute réouverture de centre pour migrants qui risquerait de faire "appel d'air" dans la région, tout en promettant de présenter sous quinze jours un "plan" sur la demande d'asile.
"Il n'y aura pas de centre ouvert ici" pour les migrants car "à chaque fois qu'on a construit un centre, il y a eu appel d'air", a martelé M. Collomb.
Et la feuille de route des pouvoirs publics est claire: "on ne veut pas que se reproduise une +Jungle+ sur Calais", a-t-il dit, en allusion au vaste bidonville démantelé en octobre dernier, opération énorme qui avait entraîné l'évacuation de 7.000 personnes.
Des migrants attendent le long de la bretelle d'autoroute qui mène aux terminaux du port de Calais (nord), le 21 juin 2017
AFP
Cette visite, la première de M. Collomb à Calais, était organisée alors que, pour la première fois depuis le début de la crise migratoire, un conducteur est mort cette semaine dans un accident consécutif à un barrage dressé sur l'autoroute par des migrants.
"C'est terrible, ça ne peut pas se reproduire, ça aussi ça fait partie des droits de l'homme", a-t-il affirmé.
Gérard Collomb rencontre des policiers à Calais le 23 juin 2017
AFP
M. Collomb a également rencontré les associations, qui ont vivement dénoncé ces dernières semaines des violences policières et l'abandon humanitaire des migrants en l'absence de toute structure (points d'eau, centre d'accueil...)
Un "échange approfondi" en "n'étant pas toujours d'accord sur les solutions", a résumé le ministre. Mais les associations n'ont pas caché leur déception.
Au coeur de la zone industrielle de Calais (nord), une dizaine d'hommes se débarbouillent, torse nu, le 21 juin 2017
AFP
Des associations distribuent des repas aux migrants à Calais le 21 juin 2017
AFP/Archives
"C'est le statu quo, on n'a pas de réponse satisfaisante", a regretté François Guennoc, de l'Auberge des migrants, à la fois "sur la possibilité d'avoir un terrain" et "une diminution de la pression des forces de police". Et "on s'attend à devoir travailler avec entraves de la police".
"On ne comprend pas qu'après autant d'années on en soit encore là", a lancé Jean-Claude Lenoir, de l'association Salam, qualifiant de "tragique" la réponse à la crise. "Mais je pense qu'il y a une mauvaise compréhension. Je suppose que M. Macron va reprendre les choses en main et dire réveillons nous", a-t-il ajouté. Le président français avait ainsi "appelé à la plus grands humanité dans la gestion du dossier migratoire.
"Pour avoir une grande humanité il faut une grande fermeté", a souligné M. Collomb et "on ne peut pas accueillir avec humanité lorsque tout a coup on a un afflux migratoire considérable".
- 'Réduire les délais'-
Huit mois après le démantèlement, plusieurs centaines de migrants errent de nouveau aux alentours de Calais.
A l'appui de son message de fermeté, M. Collomb a rappelé l'arrivée prochaine de "250 personnes" en renfort des 450 déjà sur place. Il a rendu hommage aux forces de l'ordre qui travaillent avec "beaucoup d'humanité" dans des conditions "pas toujours faciles". "Il n'y a pas d'un côté les policiers, les gendarmes qui seraient agressifs et de l'autre des migrants qui seraient d'une douceur légendaire", a-t-il fait valoir.
Jacqueline Gourault, Gérard Collomb et Natacha Bouchart à Calais le 23 juin 2017
AFP
Il a également annoncé la présentation "dans les quinze jours", d'un "plan" sur les migrants à la demande du président de la République.
"Nous allons faire une réforme du droit d'asile de manière à réduire les délais", a-t-il indiqué, soulignant qu'aujourd'hui ce droit "fonctionne mal et il est urgent de revoir et peut-être de le transformer".
Ce plan, qui pourrait prendre la forme d'une communication en Conseil des ministres d'ici juillet, aura aussi une dimension internationale, a-t-on souligné dans l'entourage du ministre.
Il faut "à la fois une maîtrise des flux migratoires et la prise en compte de l'aspect humain du problème", a-t-il souligné.
Un campement de migrants Porte de la Chapelle, le 9 juin 2017, dans le nord de Paris
AFP/Archives
M. Collomb a ainsi évoqué ces migrants, déboutés d'un autre pays européen, et qui arrivent sur le territoire. "Il n'y a pas de raison qu'en France tout le monde ait vocation, si l'on n'est pas un demandeur d'asile reconnu, à rester sur le territoire", a-t-il encore averti.
Autre piste de travail: la discussion avec les pays d'origine et les réseaux de passeurs car "c'est à la source qu'il faut empêcher les phénomènes migratoires".
Et "pour les Albanais on va essayer de redemander de nouveau des visas", qui en sont exemptés au niveau européen, a-t-il dit lors d'une visite du commissariat.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la secrétaire nationale des écologistes, Marine Tondelier revient sur les moyens de financer une augmentation du budget de la défense. Cette dernière plaide pour un recours à l’impôt plutôt qu’à une réduction des dépenses sociales.
Alors que la droite et Renaissance n’ont pas officiellement désigné de prétendant à la mairie de Paris, le sénateur LR de Paris Francis Szpiner a déclaré sa candidature ce jeudi. Incertains sur le cas Rachida Dati, sur les relations avec le camp présidentiel et même sur le mode de scrutin, la droite parisienne temporise à un an du scrutin.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la maire de Paris Anne Hidalgo s’est exprimée sur la fin de son mandat, et les élections municipales à venir. Si l’édile soutient le sénateur socialiste Rémi Féraud pour la succéder, elle attaque son premier adjoint Emmanuel Grégoire, également candidat, qui n’a pas « rempli son rôle de protéger le maire ».
La majorité sénatoriale propose d’assouplir les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, dans un texte examiné à partir de ce 12 mars. Si la ministre de la Transition écologique accepte de donner « un peu de souplesse » aux élus locaux dans l’application de la loi, elle s’oppose à tout abandon des objectifs chiffrés.