En finir avec le "pantouflage", limiter les écarts de salaires de 1 à 20 ou "aller chercher l'argent des exilés fiscaux": les Insoumis entendent réorienter les débats à l'Assemblée sur les projets de loi de moralisation pour cibler la "finance reine".
"Bien sûr, tout ce qui concourra à exercer les contrôles indispensables pour que le statut de l'élu ne donne pas lieu à de la prévarication ou à quelque autre forme de turpitude sera le bienvenu", a déclaré mardi le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon lors d'un point de presse.
Mais, a-t-il aussitôt ajouté, "nous ne nous laisserons pas attraper" dans un débat consistant à "nous auto-flageller", car "les problèmes de la démocratie en France ne sont pas causés par le mauvais fonctionnement de ceux qui sont élus", mais "par le rôle corrupteur de l'argent, la toute-puissance de la finance".
"Puisque l'occasion nous est donnée, nous allons donc intervenir très fort dans cette direction", a dit ce député des Bouches-du-Rhône, soulignant "la difficulté de changer l'axe d'un débat en plein été sans appui populaire".
Observant que le projet avait été amené "sur les genoux de M. Macron" à "un moment de grand trouble en raison des costumes de M. Fillon et des emplois de sa famille", cet ancien candidat à la présidentielle a estimé qu'il tombait désormais "en pleine crise d'autoritarisme" du chef de l'Etat "qui veut réduire le nombre de parlementaires, d'élus locaux", "une ambiance où on dirait que les élus sont coupables de tous les maux de la terre".
"L'objectif, c'est de cibler cette finance reine, cette finance qui, à coût de millions, (..) détruit la confiance dans notre pays", a affirmé à ses côtés Bastien Lachaud.
Ce député de Seine-Saint-Denis a détaillé les mesures que défendront les Insoumis: "en finir avec le pantouflage" (passage d'un fonctionnaire dans le privé), contraindre "les membres des conseils d'administration des sociétés commerciales à présenter un casier judiciaire vierge", "limiter les écarts de salaires de 1 à 20", "aller chercher l'argent des exilés fiscaux" ou "renforcer la liberté de la presse" en luttant contre la concentration des médias.
Pour restaurer la confiance, il a aussi mis en avant le renforcement du rôle des citoyens avec notamment des élus "révocables" et davantage de référendums d'initiative populaire.
Les deux textes du gouvernement (ordinaire et organique), votés jeudi au Sénat, seront examinés par les députés à partir de mercredi en commission et du 24 juillet dans l'hémicycle.