Mort d’Yvan Colonna : « L’Etat a failli », selon Paulu Santu Parigi

Mort d’Yvan Colonna : « L’Etat a failli », selon Paulu Santu Parigi

Invité de la matinale de Public Sénat, l’élu de Haute-Corse membre du groupe écologiste au Sénat, Paulu Santu Parigi a réagi la mort d’Yvan Colonna en exprimant sa « grande tristesse » et évoqué les possibles conséquences politiques de son décès pour le futur de la Corse.
Public Sénat

Par Louis Dubar

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Trois semaines après son agression par un codétenu dans la prison d’Arles, le militant nationaliste condamné pour l’assassinat du préfet Erignac ; Yvan Colonna, a succombé à ses blessures dans un hôpital marseillais ce lundi 21 mars. Cet évènement avait ravivé les tensions entre l’Etat et les militants nationalistes sur l’île. « Je voudrais avoir une pensée pour la famille Colonna qui est une famille avec qui nous avons plus de 40 ans de lutte pour le peuple corse et qui aujourd’hui se trouve face à une tragédie, une tragédie annoncée », a déclaré le sénateur Paulu Santu Parigi.

Pour l’élu corse, l’agression du militant indépendantiste dans une prison française n’est pas une surprise. « Ça fait maintenant des années que nous demandons le rapprochement des prisonniers ‘politiques’en Corse. Nous le savons, ils sont en danger dans les prisons. » Selon Paulu Santu Parigi, l’Etat français n’a rien fait pour assurer la sécurité de ces détenus. « On peut parler aujourd’hui d’une vengeance d’Etat parce que c’est quelque chose qui a été annoncée. Nous avons vu le Garde des sceaux et demandé le rapprochement des prisonniers ‘politiques’. A chaque fois, il y a eu une fin de non-recevoir. » Le sénateur demande le rapprochement des deux autres membres du commando Erignac : Alain Ferrandi et Pierre Alessandrini.

Interrogé sur les conséquences politiques de ce décès et sur un possible retour de la violence en Corse, Paulu Santu Parigi en appelle au calme, au respect du temps du deuil et des volontés de la famille Colonna. « C’est une famille qui a souffert. Elle demande que la mémoire d’Yvan Colonna soit respectée et que le calme soit présent. » Interrogé sur le silence du ministre du Garde des Sceaux depuis le début de cette affaire, le sénateur demande à Éric Dupond-Moretti de s’exprimer. « Il ne peut plus se cacher derrière un mutisme, derrière une affaire qu’il a connue. Il est temps qu’il prenne la parole. » L’ancien avocat assurait la défense la défense d’Yvan Colonna au moment de son troisième procès à la cour d’assises de Paris en 2011.

Des discussions tardives

Pour le sénateur, la mort d’Yvan Colonna ne doit pas ralentir le processus politique et les discussions avec le gouvernement. Paulu Santu Parigi se désole que cette question de l’autonomie du territoire arrive dans un climat pré-électoral. « On verra si l’Etat passera des paroles aux actes. » Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin avait créé la surprise lors de sa visite de trois jours sur l’île en évoquant l’ouverture de discussions « pouvant aller jusqu’à l’autonomie » avec le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni. « Pour la première fois au cœur des discussions, le mot d’autonomie a été prononcé », souligne le sénateur mais il regrette que cette demande institutionnelle soit prise en compte à la veille d’une élection présidentielle. « Le gouvernement est resté au sourd aux aspirations du peuple corse pendant tout le quinquennat. » L’élu dénonce l’attitude « méprisante » de Jacqueline Gourault, désignée « Madame Corse » fin 2017. Le sénateur se félicite que le sujet de l’autonomie du territoire se soit invité dans les débats. « Les candidats se sont exprimés sur le sujet, ça va du colonialisme à celui qui comprend ce qu’il se passe en Corse. Marine Le Pen ne connaît pas l’histoire de la Corse », explique-t-il.

Jean-Jacques Panunzi, sénateur apparenté LR de Corse-du-Sud, appelle à respecter une période de deuil : « Pour le moment, la famille a demandé à ce que l’on respecte le deuil. Il y a très peu de commentaires, mis à part des déclarations pour avoir une pensée pour la famille du défunt et appeler les jeunes à respecter cette parole. En Corse plus qu’ailleurs on a le respect des morts et l’on ne fait pas de commentaires. Le moment viendra où nous aurons le résultat de l’enquête en cours concernant cette tentative d’assassinat, et on pourra, à ce moment là, faire des commentaires. » D'après lui, cet appel au calme sera respecté : « Je pense que, même s'il y a des appels à des manifestations, elles se passeront dans le calme et il y aura une parenthèse de quelques jours. Après ça, chacun aura la liberté de s’exprimer sur le comportement du gouvernement, ainsi que sur celui des nationalistes. Des réunions de travail sont en cours avec le 'M. Corse' du gouvernement, Grégory Canal. »

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