Mort de Nahel : une intervention de police « manifestement pas conforme aux règles d’engagement », estime Elisabeth Borne

Interrogée par les sénateurs Pierre Laurent (PCF) et Patrick Kanner (PS), Elisabeth Borne est revenu sur la mort de Nahel, ce 27 juin à Nanterre, tué par un policier lors d’un contrôle routier. La Première ministre a appelé à l’apaisement par l’action de la Justice, mais a concédé une intervention « manifestement » pas conforme « aux règles d’engagement des forces de l’ordre. »
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Kylian Mbappé a été cité dans l’hémicycle du Sénat lors des questions d’actualité au gouvernement, ce mercredi 28 juin. Le sénateur communiste de Paris, Pierre Laurent, a en effet rappelé le tweet de l’attaquant des Bleus : « J’ai mal à ma France. »

C’est ainsi l’émotion qui a d’abord dominé l’ouverture de ces questions au gouvernement. « On ne peut pas mourir à 17 ans pour un refus d’obtempérer, la vidéo du contrôle et du tir est glaçante », a asséné Pierre Laurent. « La lumière doit être faite dans les meilleurs délais, l’IGPN doit la plus grande transparence et la vérité. Une enquête enterrée de plus ne sera pas acceptée », a prévenu le sénateur communiste, en demandant à la Première ministre si l’agent concerné serait « suspendu à titre conservatoire. »

 La Justice passera, personne ne peut en douter. 

Elisabeth Borne

Réitérant d’abord sa « profonde émotion » et la « détermination » du gouvernement « à ce que la vérité soit faite », la Première ministre a estimé qu’il était « à la Justice de répondre » : « Je souhaite comme chacun que la vérité soit faite le plus rapidement possible, la Justice passera, personne ne peut en douter. Seule la Justice permettra de faire la lumière, apportera des réponses face à la douleur d’une famille et garantira notre unité. Des violences ont éclaté dans certains quartiers, je veux appeler chacun à l’apaisement. » Élisabeth Borne a ainsi repris à son compte la formule du maire de Nanterre, Patrick Jarry : « Nous voulons la justice pour Nahel, et nous l’obtiendrons. » « Mais elle doit être obtenue de manière pacifique », a-t-elle ajouté.

« Le ministre de l’Intérieur prendra les décisions qui s’imposent à l’issue de la garde-à-vue »

Le président du groupe socialiste, Patrick Kanner, a à nouveau interrogé la Première ministre sur le sujet, en pointant les réactions de certains syndicats de policiers : « Les enquêtes doivent aboutir vite à la manifestation de la vérité, condition du retour au calme, mais ce n’est pas suffisant. Je dénonce les tweets incendiaires de certains syndicats de policiers, minoritaires certes, mais intolérables. Vous n’entendrez jamais de surenchère dans nos paroles. » Et le sénateur du Nord de poursuivre : « Nous croyons à la police de la République, mais lorsqu’un drame comme celui d’hier se produit, c’est l’exemplarité de l’Etat de droit qui est interrogée et son autorité potentiellement fragilisée. Il faut objectivement évaluer l’application du code de la sécurité intérieure sur l’usage des armes et reconsidérer la formation des policiers et les moyens alloués. »

Une question de fond à laquelle s’est joint Pierre Laurent : « Malheureusement ce n’est pas un cas isolé. Il y a eu un doublement des tirs mortels depuis 2017, avec une doctrine a conduit à la brutale accélération de ces drames mortels. Un pays dans lequel la police et la jeunesse ne peuvent pas se croiser sans inquiétude et angoisse est un pays malade de sa démocratie. » Une question de fond à laquelle Elisabeth Borne n’a pas directement répondu, renvoyant à l’action de la justice et à « l’engagement des forces de l’ordre au quotidien. » Mais la Première ministre a tout de même concédé une « intervention qui ne semble manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre. » « Quand il y a des fautes, les fonctionnaires ont à y répondre », a-t-elle tout de même ajouté, précisant que « le ministre de l’Intérieur prendra les décisions qui s’imposent à l’issue de la garde-à-vue » du fonctionnaire en question.

Partager cet article

Dans la même thématique

MAcron 3 ok
10min

Politique

« Labellisation » des médias : la polémique enfle entre Emmanuel Macron, les médias Bolloré, LR et RN

En parlant de « labellisation » des médias, qui serait faite par les journalistes et non l’Etat, Emmanuel Macron a suscité l’ire des médias du groupe Bolloré, comme du RN et des LR. Au point que l’Elysée réponde en vidéo pour démentir les « fausses informations », au risque de relancer la polémique. Sur le fond, le sujet divise. Le sénateur LR, Olivier Paccaud, va jusqu’à parler de « dérive totalitaire », quand la sénatrice PS, Sylvie Robert, salue les propos « salutaires » d’Emmanuel Macron.

Le

Mericourt: Emmanuel Macron meets with  readers of the Ebra group,
6min

Politique

Labels et régulations des médias : ce qui existe en France et en Europe

En lançant l’idée de la création d’un « label » pour les médias, Emmanuel Macron a suscité un tollé dans une partie de la classe politique. Pourtant, en France et en Europe, de nombreux acteurs, publics et privés, participent à la régulation des médias et cherchent à orienter la production des contenus vers un respect maximum des règles d’éthique et de déontologie.

Le

Mort de Nahel : une intervention de police « manifestement pas conforme aux règles d’engagement », estime Elisabeth Borne
3min

Politique

Lutte contre la vie chère : Le Sénat vote la pérennisation du taux de TVA à 0 % sur les produits de première nécessité en Outre-mer

Un mois après l’adoption du projet de loi contre la vie chère, le Sénat a inscrit dans le budget 2026 l’un des engagements du gouvernement après les manifestations qui avait secoué la Martinique l’année dernière. Alors qu’il est prévu jusqu’à fin 2027, les élus ont voté le taux de TVA à 0 % sur les produits de première nécessité en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion.

Le

Draguignan:  David Rachline appeared in criminal court
2min

Politique

David Rachline démissionne de la vice-présidence du RN

Visé par plusieurs enquêtes, le maire de Fréjus, David Rachline, a annoncé mardi sa démission de la vice-présidence du Rassemblement national. À 37 ans, l’un des plus anciens cadres du mouvement dit vouloir éviter que les accusations le visant ne parasitent la campagne du RN.

Le