Le gouvernement de Michel Barnier est-il en train de vivre ses derniers jours ? Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du RN, a durci son discours vis-à-vis de l’exécutif, et menace désormais de voter une motion de censure si le budget 2027, qui prévoit 60 milliards d’euros d’économies, entame le pouvoir d’achat des Français. Eu égard aux positons des députés de gauche, déterminés à voter une censure, les voix du RN auraient pour conséquence de faire tomber le gouvernement.
« On verra dans les heures, dans les jours qui viennent, si les menaces des uns ou des autres [se réalisent], parce qu’il n’y a pas que Madame Le Pen », a réagi Hervé Marseille, le président des sénateurs centristes au micro de Public Sénat. « Il y a les 143 députés de Madame Le Pen avec ceux d’Éric Ciotti, mais il y a aussi la gauche qui a le choix », pointe l’élu des Hauts-de-Seine.
« Penser front républicain »
« Chacun doit prendre ses responsabilités. Je pense que cette alliance avec LFI est incompréhensible », regrette Hervé Marseille, qui reproche notamment aux socialistes de subir l’hégémonie des mélenchonistes. « On voit bien sur le plan électoral pourquoi tout ça existe, mais on mesure aussi combien il est difficile pour beaucoup de socialistes et d’autres hommes et femmes de gauche de supporter ce leadership », relate le sénateur. « Au lieu de penser Front populaire, les socialistes devraient essayer de penser front républicain et imaginer qu’on peut travailler dans un périmètre différent. »
Boris Vallaud, le président des députés PS, mais aussi Patrick Kanner, son homologue du Sénat, se sont dits prêts à ouvrir des discussions avec d’autres groupes parlementaires, au-delà des rangs de la gauche, pour envisager l’après-Barnier. Un scénario qui hérisse leurs partenaires insoumis.
Les exigences de Marine Le Pen
De son côté, Marine Le Pen fait monter les enchères et demande une main tendue au gouvernement, notamment l’annulation de la hausse de la taxe sur l’électricité. Or, cette annulation a déjà été votée par la majorité sénatoriale de droite et du centre, contre l’avis du gouvernement.
« Nous avons considéré qu’il était plus vertueux de taxer le gaz qui est une énergie fossile, et de retirer la proposition du gouvernement sur l’électricité », explique Hervé Marseille alors que l’examen du projet de loi de finance pour 2027 se poursuit à la Chambre haute. « L’électricité doit baisser. C’est un bien qui est nécessaire et utilisé au quotidien par tous les Français. Donc je pense que c’est une bonne direction. En tous les cas, si ça satisfait Madame Le Pen, tant mieux », conclut l’élu.