Municipales 2020 : Grandes villes, points chauds

Municipales 2020 : Grandes villes, points chauds

Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille... : les grandes villes de France s'annoncent comme les principaux points chauds des municipales 2020.
Public Sénat

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Mis à jour le

Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille... : les grandes villes de France s'annoncent comme les principaux points chauds des municipales 2020.

Paris, un fauteuil pour dix

A Paris, les regards sont désormais tournés vers la maire sortante, Anne Hidalgo, qui doit annoncer sa candidature à sa succession d'ici la fin de la semaine. Dans une campagne que tous les experts annoncent "éclair", ses principaux challengers sont Rachida Dati (LR), le candidat investi par LREM Benjamin Griveaux, le dissident Cédric Villani et l'écologiste David Belliard.

Anne Hidalgo la maire de Paris, le 10 janvier 2020, lors de la cérémonie des voeux à Paris
Anne Hidalgo la maire de Paris, le 10 janvier 2020, lors de la cérémonie des voeux à Paris
AFP

Avec pas moins de dix candidats en lice, et des incertitudes sur la position de maires sortants dans certains arrondissements de droite, l'offre politique reste "fragmentée", selon le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi. Et, les tentatives d'alliance avec des candidats sans étiquette comme l'ex-responsable de la communication de François Hollande, Gaspard Gantzer, et l'élu de centre-droit, Pierre-Yves Bournazel, ou la création d'un axe avant le premier tour autour d'une "coalition climat" proposée par le candidat d'EELV à Cédric Villani, sont pour l'heure restées infructueuses. Somme toute, "il y a une incertitude jamais vue à deux mois du scrutin", estime Frédéric Dabi.

Match serré à Bordeaux pour succéder à Juppé

Successeur désigné d'Alain Juppé, Nicolas Florian (LR) pourrait rencontrer plus de difficultés que prévu pour conserver le fauteuil de maire, poussé à un second tour par des Verts locaux grisés depuis leurs 21,54% aux européennes.

Le nouveau maire de Bordeaux Nicolas Florian, le 7 mars 2019
Le nouveau maire de Bordeaux Nicolas Florian, le 7 mars 2019
AFP/Archives

Les 60,95% d'Alain Juppé au premier tour en 2014 appartiennent au passé. Aucun sondage réalisé à ce jour ne voit M. Florian échapper au second tour et deux le donnent talonné par l'écologiste Pierre Hurmic, allié à la gauche: 32,5%-30,5% et 33%-30%. Triangulaire ou rallié, Thomas Cazenave, investi par LREM au grand dam du MoDem, allié de Florian dans la majorité municipale, serait alors en position d'arbitre. Dans une Bordeaux embellie, mais aussi renchérie et menacée de surchauffe, où a débordé la colère des "gilets jaunes", tous les candidats font assaut d'initiatives pour oxygéner, verdir et rendre la ville plus accessible.

Aubry pour garder Lille à gauche ?

Martine Aubry, le 13 février 2019 à Paris
Martine Aubry, le 13 février 2019 à Paris
AFP/Archives

Le beffroi, bastion socialiste depuis des lustres, restera-t-il à gauche ? Au terme d'un faux suspense, Martine Aubry, à la tête de la ville depuis 2001, a annoncé sa candidature à un quatrième mandat, dans un contexte délicat pour le PS qui a quasiment tout perdu dans la région.

Elle est défiée par son ex-directrice de cabinet, Violette Spillebout, qui a décroché l'investiture LREM. LR a choisi l'ancien ministre Marc-Philippe Daubresse, contesté par la droite municipale, qui a désigné son propre candidat. Il faudra aussi compter sur LFI, très présente sur le terrain et forte de ses deux députés lillois, Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis. Sans oublier les écologistes, qui veulent rééditer leur performance des européennes (21,7%). Leurs relations avec Martine Aubry sont fraîches et leur score au soir du premier tour sera l'une des clefs du scrutin. Le Rassemblement national espère bien lui aussi franchir la barre des 10%.

Marseille: qui pour l'après Gaudin ?

Après un quart de siècle à la barre de la deuxième ville de France, Jean-Claude Gaudin (LR) laisse derrière lui un paysage politique éclaté, avec une droite divisée et l'extrême droite en embuscade.

Yvon Berland, président de l'université de Aix-Marseille, le 24 février 2009 lors d'une conférence de presse
Yvon Berland, président de l'université de Aix-Marseille, le 24 février 2009 lors d'une conférence de presse
AFP/Archives

Côté Républicains, l'héritière officielle est Martine Vassal, présidente de la métropole et du département. Mais le sénateur Bruno Gilles, ex-patron LR du département, a fait sécession et entend aller "jusqu'au bout". Pour le RN, le sénateur Stéphane Ravier est certain de se qualifier pour le second tour dans les huit secteurs de la ville et rêve de triangulaires, voire de quadrangulaires, pour décrocher l'hôtel de ville.

Soutenu par LREM, Yvon Berland, ex-président de l'université d'Aix-Marseille, rêve d'un "arc progressiste". Mais la sénatrice Samia Ghali, en rupture avec le PS, s'imagine aussi en "Madone" rassembleuse. Quant à Sébastien Barles (EELV), il s'est lancé, lassé d'attendre une hypothétique alliance à gauche. L'écologiste Michèle Rubirola a enfin été désignée tête de liste du Printemps Marseillais, une liste d'union de la gauche allant du PS aux Insoumis.

Lyon, les macronistes divisés

La poussée des Verts bouleverse le jeu à Lyon, où la majorité macroniste est divisée et les listes susceptibles d'accéder au second tour multiples. Spécificité locale, les électeurs devront déposer deux bulletins de vote: l'un pour choisir le président de la métropole, l'autre pour choisir leur maire.

Gérard Collomb, le maire de Lyon s'adresse aux journalistes le 27 novembre 2019
Gérard Collomb, le maire de Lyon s'adresse aux journalistes le 27 novembre 2019
AFP

L'emblématique maire de la ville Gérard Collomb a choisi de se concentrer sur la métropole, véritable siège du pouvoir lyonnais. S'il reste en tête des intentions de vote, l'écart se réduit avec l'écologiste Bruno Bernard. Les listes menées par François-Noël Buffet (LR), l'actuel président de la métropole David Kimelfeld (issu du macronisme) et l'ex-insoumis Andrea Kotarac (RN) sont créditées de plus de 10%. Le résultat des métropolitaines est rendu plus incertain encore par le fait que l'élection se dispute dans 14 circonscriptions aux profils sociologiques tranchés. Si son score global devrait rester modeste, le RN peut nourrir quelque espoir dans une circonscription comme celle de Givors. Il y a aura donc assurément un troisième tour, avec de dures négociations à la clef, pour élire le président de la métropole.

A Lyon ville, la situation est plus serrée encore, les sondages plaçant le candidat vert Grégory Doucet légèrement en tête. D'autant que la droite, menée par le numéro deux de la région Etienne Blanc, y résiste mieux que dans la métropole. Le gymnaste Yann Cucherat, adoubé par Gérard Collomb, se retrouve face à Georges Képénékian qui occupa le fauteuil de maire lorsque Collomb officiait place Beauvau.

Perpignan dans le viseur du RN

Avec ses 122.000 habitants, Perpignan est la plus grande ville convoitée par le Rassemblement national. Aux manettes, le député des Pyrénées Orientales et ex-compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, 50 ans, tentera de transformer ses deux essais de 2008 et 2014. Posant en modèle le Béziers de Robert Ménard, il se présente sans étiquette, face au maire LR sortant, Jean-Marc Pujol, 70 ans, qui ne l'avait emporté en 2014 que grâce au désistement du candidat socialiste. M. Pujol est cette fois concurrencé par deux de ses anciens adjoints, dont Romain Grau, 45 ans. Ce député LREM du département et ex-camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA avance déjà le scénario d'un "front républicain" au second tour. Cheffe de file de la gauche, l'écologiste Agnès Langevine le rejoint sur ce thème, à la tête d'une liste rassemblant verts, socialistes, radicaux de gauche, mais pas LFI, qui a rallié la liste de Jean-Bernard Mathon également soutenue par le PCF et NPA.

Ca se bouscule à Grenoble

Dernière ligne droite serrée à Grenoble, où derrière Éric Piolle (EELV-FG), qui brigue un second mandat consécutif avec le soutien d'une partie de la gauche, les autres candidats se découvrent. Mi-décembre le maire sortant arrivait en tête d'un sondage devant son principal concurrent Alain Carignon (DVD), mais Olivier Noblecourt, ancien adjoint au maire PS Michel Destot (1995-2014), a depuis officialisé sa candidature. Une annonce qui rebat les cartes d'une campagne où la députée LREM Emilie Chalas peine à se faire entendre. À droite, l'horizon reste bouché pour les Républicains, toujours sans candidat désigné, comme pour l'extrême droite, qui présentera deux listes: l'une investie par le RN et l'autre dissidente.

Dans la même thématique

Paris: Seance questions au gouvernement Assemblee nationale
10min

Politique

Retailleau candidat à la présidence des LR : « Il a coupé l’herbe sous le pied de Laurent Wauquiez »

Le ministre de l’Intérieur est officiellement candidat à la présidence des LR. Il peut compter sur « une très large adhésion majoritaire du groupe LR », selon le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Mais les soutiens de Laurent Wauquiez, comme le sénateur Laurent Duplomb, l’accusent de relancer une « dramatique guerre des chefs ». L’enjeu pour Bruno Retailleau est maintenant d’obtenir un congrès au plus vite, car « les sondages, ça va, ça vient »…

Le

Municipales 2020 : Grandes villes, points chauds
3min

Politique

Présidentielle 2027 : « Seul un candidat du bloc central pourra s’opposer à ce que les extrêmes gagnent », défend François Patriat

Alors que Bruno Retailleau vient de déclarer sa candidature à la présidence des Républicains, les regards se tournent vers 2027. « Toutes les ambitions sont légitimes », observe le président du groupe Renaissance au Sénat. Mais pour François Patriat, seule une candidature unie de la droite et des macronistes permettra de l’emporter.

Le

France Algeria Influencer Arrests
4min

Politique

Bruno Retailleau annonce sa candidature à la présidence des LR

Dans un courrier adressé aux militants Les Républicains, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau indique qu’il briguera la présidence de son parti. Alors que l’ancien sénateur a le vent en poupe dans les enquêtes d’opinion depuis sa nomination au gouvernement, cette annonce pourrait contrarier les ambitions présidentielles de Laurent Wauquiez, le patron des députés de la Droite républicaine, qui a pris en main la refondation du parti.

Le