"Ça ne sert à rien d'aller essayer de convaincre les opposants! Soit vous mobilisez votre base, soit vous parlez aux hésitants!": à quatre mois des municipales, La République en marche tente d'enseigner les rudiments des campagnes électorales auprès de ses candidats, souvent novices.
Comme deux à trois fois par mois, ils sont une trentaine à se réunir, mi-novembre, dans une salle de réunion anonyme d'un hôtel de la banlieue parisienne. "Je découvre le monde politique, alors le moindre conseil, je suis preneuse", raconte l'une des participantes, Dominique Verhaeghe, tête de liste LREM à Fontenay-le-Comte, cité vendéenne de 13.500 habitants.
A ses côtés, dans les travées, d'autres candidats de tous âges, aux parcours professionnels divers mais tous issus de la société civile, rêvent de briguer les mairies de Douai (Nord), Hyères (Var), Les Lilas (Seine-Saint-Denis) ou Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne).
Finances locales, posture lors des conférences de presse, lutte contre le populisme, "comment se différencier sur le bio dans les cantines", tracts, "mais aussi affiches ou parkas": fond et forme, le programme des étudiants se veut roboratif - "une journée de débroussaillage sur tous les sujets municipaux", résume l'une des formatrices.
Dans la salle, on est surtout avide de conseils pratiques et d'abord financiers, inquiets des subtilités du droit électoral: "Si les salles publiques que je loue sont gratuites, est-ce que je dois les déclarer dans les comptes de campagne?" (une attestation de mise à disposition sera bienvenue), "est-ce que je peux payer les factures avant d'avoir un mandataire financier?" (non), ou "que faire lorsque le maire sortant distribue des tracts pour se faire réélire lors de réunions de quartier?" (des photos).
Hochements de tête dans les rangs. "C'est quand même très, très carré, ça nous aide bien", se félicite Jean-Philippe Bapcérès, candidat à la mairie de Morlaix, sous-préfecture du Finistère, venu avec ses mandataire financier, directeur de campagne et communicant. "On n'a pas été éduqué à la politique depuis qu'on est né, comme Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon!", sourit celui qui n'a pris sa carte chez La République en marche que "depuis quelques mois".
- "Passifs", "opposants" et "irréductibles" -
Point d'orgue du séminaire: la stratégie électorale. "Est-ce que vous avez déjà entendu parler de la sociodynamique?" Moue polie des étudiants. Où l'on découvre une classification entre "passifs", "alignés", "opposants" et "irréductibles", tout en "gérant les sur-engagés", ceux à qui on demandera de tracter ou d'occuper les réseaux sociaux.
Mieux encore, c'est l'étude approfondie de la liste électorale ("Vous la demandez en préfecture: insistez !") ainsi que l'analyse des précédents scrutins bureau par bureau qui sont prônées et explicitées pour savoir "où aller chercher les électeurs". "Dans les bureaux défavorables, où l'on pense qu'il y a beaucoup d'hésitants, ou dans les favorables, pour accentuer l'avance? Il faut faire des choix." Flottement dans les rangs. "Mais il n'y a pas un bon ou un mauvais choix." Soulagement chez les étudiants.
"Faire de la politique, ça ne s'invente pas", explique le numéro deux de LREM, Pierre Person. "Il y a des réflexes qu'ils n'ont pas, c'est notamment pour ça qu'on a mis en place cette formation", déjà suivie par 300 candidats ou membres d'équipes.
A disposition des aspirants élus, un "guide" complet qui reprend les enseignements de la journée, des logiciels maison et une "hotline".
Les élections municipales de mars 2020 seront un test de la capacité des macronistes à s'implanter localement et de la résistance des maires sortants
AFP/Archives
Car les situations politiques locales sont parfois diverses: "Moi, j'ai deux adversaires: le maire sortant LR et le RN", fait valoir la candidate de Saint-Raphaël (Var), Sandrine Hacquard, dont la campagne se fera au centre droit, quand d'autres communes commandent un discours destiné aux électeurs socialistes ou écolos.
Reste la question du deuxième tour, souvent négligé par ces candidats novices motivés comme jamais. Or, rappelle un formateur, "si vous devez faire des fusions, on n'a que quarante-huit heures après le premier tour". Et encore une nouvelle stratégie qu'il faudra élaborer.
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