Le match était relativement serré. Mais c’est au final Emmanuel Grégoire qui l’emporte. Le député a été désigné par les adhérents de la fédération socialiste de la capitale candidat PS à la maire de Paris, en vue des municipales de mars 2026, face au sénateur Rémi Féraud (voir notre article pour plus de détails).
Celui qui a été propulsé comme dauphin par Anne Hidalgo, la maire sortante qui ne se représente pas, n’a pas réussi son pari. Emmanuel Grégoire l’emporte dès le premier tour, avec 52,6 % des voix, contre 44,33 % pour le sénateur. Une affaire de famille, car le député était l’ancien dauphin d’Anne Hidalgo. Mais il s’est brouillé avec elle depuis son terrible échec à la présidentielle, l’ex-candidate s’estimant trahie.
Influence des résultats du congrès du PS
Pour Rémi Féraud, malgré une confiance affichée, la victoire n’allait pas de soi. Le soutien d’Anne Hidalgo, qui l’a adoubé fin novembre, n’aura pas suffi. Une cruelle défaite également pour la maire sortante.
En fin de campagne, les résultats, à Paris, du dernier congrès du PS ont jeté l’incertitude. Lors du vote sur les textes d’orientation, fin mai, le courant de Nicolas Mayer-Rossignol, soutenu par Anne Hidalgo et Rémi Féraud, est certes arrivé en tête avec 47,7 % des voix. Mais l’addition des voix des 33,5 % du courant d’Olivier Faure, et des 18,6 % de celui du président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, deux soutiens d’Emmanuel Grégoire, dépassait les 50 %, avec 52,1 %…
Homme de l’ombre, Rémi Féraud est d’abord un fidèle d’Anne Hidalgo
Autre difficulté à laquelle Rémi Féraud a dû faire face : il n’est pas ou peu connu du grand public. C’est d’abord un fidèle d’Anne Hidalgo, qui a récompensé sa loyauté. Président du groupe Paris en commun (PS) au Conseil de Paris, l’ancien maire du 10e arrondissement connaît tous les arcanes de l’hôtel de ville. Discret, ce natif de Versailles sait se mouvoir dans l’écosystème de la gauche parisienne, où la majorité tient avec les écologistes et les communistes. Homme de l’ombre, il n’aura pas à prendre davantage la lumière, ni à fendre l’armure, face à la très médiatique Rachida Dati, probable candidate, qui rêve de représenter à la fois les LR et les macronistes.
Sénateur depuis 2017, c’est lors des débats sur le budget que Rémi Féraud se fait remarquer notamment. En octobre 2023, dans un autre scrutin, interne au groupe PS du Sénat celui-là, le sénateur avait manqué d’un cheveu la désignation pour le poste de président de la commission des finances du Sénat, qui revient à l’opposition. Le vote avait été particulièrement serré. 32 voix pour Claude Raynal contre 30 pour Rémi Féraud… et 2 blancs. Les deux consultations internes n’ont rien à voir, mais l’histoire semble se répéter pour le sénateur de Paris.
Oublier les rancœurs
En 1994, il adhère au PS, dans la section du 10e arrondissement de Paris, dont il deviendra maire des années plus tard, en 2008 et jusqu’en 2017. Avant cela, il devient en 2001 premier adjoint au maire du 10e, Tony Dreyfus.
Il fait aussi du combat contre l’homophobie l’un de ses chevaux de batailles. Plutôt que de défiler à la gay pride parisienne, Rémi Féraud fait le choix de se rendre à la marche des fiertés de Budapest, le week-end dernier, malgré l’interdiction des autorités hongroises.
Reste à voir si ce très proche d’Anne Hidalgo, et plus globalement les socialistes de la capitale, vont réussir à oublier les rancœurs et à rester unis pour garder Paris. La maire sortante, elle, a choisi : Anne Hidalgo a déjà prévenu qu’elle ne ferait pas campagne pour Emmanuel Grégoire, si son ancien poulain l’emportait.