En mars 2026, doivent se tenir les prochaines élections municipales. Au total, ce sont plus de 35 000 élections qui vont se tenir pour élire un maire dans chaque commune du pays. Dès lors, un tour d’horizon des mairies de France s’impose pour saisir les multiples disparités qui existent et l’important clivage entre les zones urbaines et rurales.
La gauche leader dans les grandes villes de France
Dans les grandes villes de France (plus de 100 000 habitants), la gauche peut s’enorgueillir d’avoir dominé les municipales de 2020. Sur les 42 communes de plus de 100 000 habitants que compte le pays, la gauche a raflé 24 mairies. Le parti socialiste compte en tout 14 mairies dont la capitale Paris, Lille, Nantes et Rennes. Les Écologistes ou apparentés ont eux été la grande surprise de ce scrutin en glanant pas moins de huit communes notamment Marseille, Lyon et Bordeaux soit sept villes de plus que lors de la dernière élection. Les villes de Montreuil et de Saint-Paul à la Réunion ont été gagnées par le parti communiste.
Mais la droite n’est pas en reste non plus, notamment le parti Les Républicains. Il atteint le même nombre de mairies que son adversaire socialiste avec 14 communes, parmi lesquelles Caen, Metz ou Toulouse.
Après la victoire Jean-Marie Le Chevallier à Toulon en 1995, le Rassemblement national remporte en 2020, pour la seconde fois de son histoire, une ville de plus de 100 000 habitants avec la victoire de Louis Aliot à Perpignan.
Sur les 263 communes de 30 000 habitants ou plus, Les Républicains et apparentés se positionnent en tête du scrutin avec un total de 89 mairies soit environ 33,8 % des mairies totales. En tout, avec les listes divers droite, la droite totalise plus de la moitié des collectivités avec 141 maires élus. Le parti à la rose lui recule et remporte 43 mairies. Avec la liste divers gauche, la gauche n’arrive en tête que dans 66 mairies.
La droite et le centre dominent les villes de plus de 10 000 habitants
Mais dès que l’on élargit la focale sur un plus grand nombre de communes en France, la gauche perd du terrain. Sur les plus de 1 000 villes de 10 000 habitants ou plus que compte la France, la gauche n’est arrivée en tête que dans 33,4 % des communes selon les données fournies par le ministère de l’Intérieur que Public Sénat a analysées. La liste divers gauche affiche le meilleur score à gauche en obtenant un peu plus de 18 % des communes.
La droite est quant à elle arrivée première dans plus de 42 % des communes de plus de 10 000 habitants notamment avec un score de 28 % de la liste divers droite et un score de 10,5 % du parti Les Républicains. Le centre lui a raflé près de 15 % des communes.
Une faible implantation de la France Insoumise et de La République en Marche
Pour les élections municipales de 2020, la France Insoumise avait décidé de ne pas présenter de listes. « Il n’y a pas de liste LFI aux municipales », annonçait le leader, Jean-Luc Mélenchon. Sous couvert de défendre le principe « d’auto-organisation », le mouvement indiquait soutenir les « initiatives citoyennes », notamment pour pallier le manque d’implantation dans le pays. Mais pour le prochain scrutin, le mouvement entend bien mener la bataille. Sur son site, il indique se « préparer aux élections municipales » en cherchant à « constituer des listes insoumises dans le plus grand nombre possible de communes ». Ce « rendez-vous » doit « constituer une nouvelle étape » dans son développement et son implantation locale.
Le camp présidentiel également n’a pas brillé lors des municipales de 2020. Il échoue à remporter la moindre grande ville du pays. Et le parti pâti également d’une implantation faible au niveau local. Selon les données du ministère de l’Intérieur consultées par Public Sénat, on recense seulement neuf élus affiliés à La République en Marche dans les villes de plus de 1 000 habitants.
Une majorité de candidats sans étiquettes
Néanmoins, dans les zones plus rurales, on observe que les labels partisans ne sont pas pertinents. S’il reste obligatoire, pour les communes de plus de 3 500 habitants, d’afficher la nuance politique de la liste municipale des candidats, l’interdiction est levée pour le reste des communes, soit l’énorme majorité. Ainsi, pour l’ensemble des communes de plus de 1 000 habitants en France, soit près de 10 000 communes, le taux de maires élus sans étiquette politique s’élève à plus de 67 %.
Plusieurs maires, ayant eu l’obligation d’afficher la nuance politique de leur liste électorale, se sont à de nombreuses reprises indignés. En 2020, la candidate à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, a tardé avant d’afficher son investiture par le parti socialiste. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc rejetait également toute investiture avant de jeter son dévolu sur Les Républicains. Afin de ne pas apparaître affilier à un parti, nombreux sont les candidats qui optent pour une liste « divers » associée à leur clivage partisan proche. Dans les petites communes, l’affiliation partisane est souvent perçue comme obsolète et éloignée des réalités du terrain.
Au Sénat, l’élection va être particulièrement scrutée puisque les grands électeurs, qui élisent les sénateurs, sont composés en très grande majorité (environ 95 %) des conseillers municipaux. Ainsi, la nuance partisane des élus dans les communes du pays influe directement sur la couleur politique de la Chambre haute ce qui fait des municipales une élection locale à fort enjeu national.