Riester

Municipales 2026 : Renaissance mise sur la formation de ses candidats, « un outil de conquête politique »

La formation de Gabriel Attal entend attirer de nouveaux « talents » pour le scrutin local et mise sur « L’académie des municipales », présentée comme « la plus grande école de formation locale jamais créée par un parti ». Renaissance a déjà désigné 214 « pilotes » dans les villes moyennes. Mais les ambitions restent modestes.
François Vignal

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Si les projecteurs se concentrent sur le gouvernement, le conclave sur les retraites ou le prochain budget, les partis politiques sont à pied d’œuvre pour préparer la prochaine élection : les municipales. Le scrutin de mars 2026, qui sera déterminant pour les prochaines sénatoriales de septembre 2026, aura des conséquences d’abord locales, mais les partis n’échapperont pas à une lecture nationale, au soir des résultats.

Renaissance « part de très loin »

Dans cette élection, Renaissance « part de très loin », reconnaît ce vendredi Franck Riester, secrétaire général délégué, chargé des élections, lors d’une conférence de presse au siège du mouvement. Les dernières municipales ont été laborieuses pour le mouvement présidentiel, encore jeune parti. Renaissance n’a d’autre choix que de la jouer modeste. S’il affiche quelques « ambitions », Gabriel Attal, le patron du parti, expliquait, en lançant la bataille en mars, aborder l’élection avec « humilité ». Le message n’a pas changé, ce vendredi : « Humilité et lucidité, mais aussi détermination et ambition », avance Franck Riester, qui ne se risque pas aux pronostics. Il ne donne « pas d’objectif chiffré » sur le nombre d’élus espérés.

Si Renaissance y va avec humilité, il aborde néanmoins le scrutin avec quelques objectifs : « Consolider notre réseau d’élus locaux », pour avoir un maillage territorial digne de ce nom qui lui a jusqu’ici fait cruellement défaut, « faire émerger une nouvelle génération », « monter notre capacité de rassemblement et de dépassement » et « être utile en étant le plus possible dans les majorités municipales ou dans une opposition forte », résume Franck Riester.

« Nous souhaitons avoir une vision pour le pays, à travers nos projets locaux » avance Franck Riester

Il s’agit certes d’une élection locale, mais Renaissance voit plus large. « Nous souhaitons avoir une vision pour le pays, à travers nos projets locaux », explique l’ancien ministre. Autrement dit, les programmes des candidats devront refléter les valeurs maisons.

Exemple : « Dans le projet, on regardera si oui ou non, il y a un engagement fort sur la lutte contre les discriminations, et particulièrement à la veille de la pride, sur la lutte contre les discriminations contre les LGBTQIA + », explique le secrétaire général délégué. Ou « ce serait étonnant d’avoir un candidat qui demande des hausses d’impôts partout, ou qui veuille revenir sur l’ambition écologique ». Soit un « socle de valeurs communes », comme dit la ministre Agnès Pannier-Runacher, secrétaire générale déléguée, « humaniste, pro européen, pro parité, écologique ».

« C’est l’ADN de notre parti depuis 2017, de faire émerger les personnalités, une nouvelle génération d’élus », explique Marie Lebec

Pour ce scrutin, Renaissance entend faire venir de nouveaux visages. Le parti a lancé une campagne « pourquoi pas vous ? », misant sur « 2000 personnalités » prêtes à le rejoindre. « C’est l’ADN de notre parti depuis 2017, de faire émerger les personnalités, une nouvelle génération d’élus, les talents de la société civile qui aspirent à prendre des responsabilités », explique la députée Marie Lebec, secrétaire générale déléguée, chargée des nouveaux talents.

Pas forcément facile, après la déception et le départ d’un certain nombre de « marcheurs » de la première heure, attirés alors vers En Marche et l’enthousiasme de la conquête de 2017. Mais le mouvement espère à nouveau se montrer désirable.

« Nous ne voulons pas être le parti qui subit les campagnes, mais les préparer, les structurer et les gagner », soutient Agnès Pannier-Runacher

Si des petits nouveaux arrivent, encore faut-il les former. A l’époque de La République En Marche, on a parfois vu arriver, à l’Assemblée, après les législatives de 2017, certains néophytes de la politique qui se sont vite révélés perdus pour la cause, faute de connaissance des codes du milieu politique ou du fonctionnement de l’institution. Donc ouvrir, c’est bien, mais former aussi, c’est mieux.

C’est tout le but et l’enjeu de « l’académie des municipales », que Franck Riester décrit, en toute simplicité, comme « la plus grande école de formation locale jamais créée par un parti ». Agnès Pannier-Runacher, chargée de la formation des élus et des militants, détaille la stratégie : « Nous préparons, formons nos candidats », qui ne seront ainsi pas lâchés dans la nature. « Se former, c’est prendre au sérieux les électeurs », ajoute la ministre de la Transition écologique, avec l’objectif d’« avoir une bonne équipe, une bonne méthode, un bon programme ». Une volonté qui émane aussi de la consultation des militants, lancée par Gabriel Attal en arrivant. « Nos élus veulent être mieux formés », assure Agnès Pannier-Runacher, qui peut s’appuyer sur « trois délégués à la formation, deux salariés, un budget, une feuille de route ». Elle ajoute : « La formation doit être au cœur de notre stratégie ».

Pour la secrétaire générale déléguée, « nous ne voulons pas être le parti qui subit les campagnes, mais les préparer, les structurer et les gagner ». Décrivant sa mission dans un discours au goût de la start-up nation – autre ADN originel du mouvement – elle explique que « pour chaque mission », il y a des « outils ». Concrètement, 23 sessions de formations sont prévues entre juin et décembre, avec plusieurs thématiques : porter un message politique, faire une campagne, être prêt à exercer un mandat, etc.

Après les municipales, l’idée est de faire de ce centre de formation « l’école des talents de Renaissance », ajoute Marie Lebec. « C’est notre base arrière, c’est un outil de conquête politique », lance l’ex-ministre des Relations avec le Parlement, « pour préparer une alternative, il faut être préparé ».

« On a désigné nos chefs de file à Marseille, avec Renaud Muselier, et à Lyon, avec Thomas Rudigoz »

Plus prosaïquement, il faudra désigner des candidats et chefs de file, pour négocier avec les partenaires du Modem, d’Horizons et de l’UDI. Le travail a déjà commencé. Des discussions ont lieu aussi avec LR. Si les distances se prennent au niveau national, Gabriel Attal l’a encore rappelé il y a quelques jours, au niveau local, tout est possible.

Le parti a déjà désigné « 57 pilotes » dans les villes de plus de 60.000 habitants, précise Franck Riester, 152 dans celles de plus de 10.000 habitants, soit un total de « 214 pilotes désignés ». Le processus sera bouclé en septembre pour les communes de plus de 5.000 habitants.

Reste les grandes villes, où généralement, rien n’est simple. « On a désigné nos chefs de file à Marseille, avec Renaud Muselier, et à Lyon, avec Thomas Rudigoz ». Mais dans la capitale des Gaules, le parti pourrait bien se tourner vers une personnalité issue de la société civile, en la personne Jean-Michel Aulas, très connu pour avoir été le patron du club de L’Olympique Lyonnais.

Pour Paris, Renaissance veut plus d’élus, mais « pas à n’importe quel prix, pas au prix de nos idées »

Et Paris ? Rachida Dati, qui a passé le Rubicon en rejoignant Emmanuel Macron et le gouvernement, en janvier 2024, rêve de devenir maire de Paris, ce n’est pas un secret. Celle qui est toujours au LR pourrait devenir la candidate soutenue par Renaissance. Sauf que l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy, dont le franc-parler ne laisse pas indifférent, fait tousser plus d’un à Renaissance, et dans le bloc central. Pierre-Yves Bournazel, le Monsieur élections d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, est lui-même dans la course pour les municipales à Paris. « C’est un bulldozer » dit de Rachida Dati un élu Renaissance. Un bulldozer que rien n’arrête ?

Pour l’heure, même si l’élection, prévue dans neuf mois, approche, il est urgent d’attendre. A priori vers la rentrée de septembre. « A Paris, Gabriel Attal m’a confié une mission pour lui faire des propositions ainsi qu’à la CNI (commission nationale d’investiture) pour une nouvelle stratégique, sachant que Sylvain Maillard (député et responsable de Renaissance Paris, ndlr), et les équipes locales sont à la manœuvre pour porter le projet », explique Franck Riester, alors que Sylvain Maillard lui-même a lui aussi quelques ambitions pour la capitale… Mais Rachida Dati pourra-t-elle incarner le visage de Renaissance à Paris ? Franck Riester botte en touche, espérant le « choix le plus utile aux Parisiens ». Espérant avoir « davantage d’élus », il précise tout de même, « pas à n’importe quel prix, pas au prix de nos idées, de nos valeurs, ce qu’on porte à Paris, et ce que nous portons au niveau national. Et quel que soit le choix retenu, ce sera en cohérence avec cela ». Traduction : Rachida Dati devra peut-être encore montrer patte blanche et donner quelques gages, pour espérer recevoir l’imprimatur de Renaissance.

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