Paris: G. Attal presentation campagne municipale

Municipales 2026 : Renaissance veut « rassembler large », des « LR » jusqu’à certains « PS »

A un an des municipales, Renaissance se lance déjà dans la bataille. Le parti de Gabriel Attal vient de désigner ses 20 premiers chefs de file, dont Thomas Cazenave à Bordeaux, ou Violette Spillebout à Lille. Pour Lyon, l’ex-premier ministre a rencontré l’ancien patron de l’OL, Jean-Michel Aulas. S’il affiche quelques « ambitions », Gabriel Attal aborde l’élection avec « humilité ».
François Vignal

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Quand on part de loin, autant partir tôt. Les prochaines élections municipales ne sont que dans un an. Mais chez Renaissance, on prépare déjà le scrutin local. Pour le parti présidentiel, les élections municipales de 2020 n’avaient pas été un franc succès, pour ne pas dire un échec. Difficile, pour le parti crée en 2016 par Emmanuel Macron, de s’ancrer localement.

« L’enracinement local, ça prend du temps »

Alors pour le scrutin de l’année prochaine, l’ancien premier ministre Gabriel Attal, qui a repris en décembre les rênes de la formation, rebaptisé Renaissance depuis, la joue modeste. Il lance le parti dans l’élection avec « humilité ». « Humilité, car avec 10 ans d’ancienneté et une seule élection municipale à notre actif, notre ancrage territorial est encore en construction », ne peut que reconnaître celui qui est aussi président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée. « L’enracinement local, ça prend du temps », insiste Gabriel Attal, « il aura fallu une vingtaine d’années aux gaullistes pour s’implanter localement au début de la Ve République ». « On est un tout jeune parti. C’est normal que ça prenne du temps », confirme l’ancien ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, qui sera chef de file du parti à Bordeaux.

Cette humilité revendiquée, c’est aussi un pragmatisme teinté de réalisme : difficile d’afficher des ambitions démesurées quand on sait qu’il sera difficile de faire des miracles. Une attitude qui a aussi son avantage. En cas d’échec, on ne pourra pas reprocher au parti de s’être trompé dans ses pronostics. En cas de bonnes surprises, elles seront à l’actif du mouvement.

« Renaissance ne sera pas spectateur, nous avons bien l’intention de peser », prévient Gabriel Attal

Si l’humilité est affichée d’emblée, cela n’empêche pas un peu d’« ambition », l’autre objectif. « Renaissance ne sera pas spectateur, nous avons bien l’intention de peser, de compter et de faire entendre notre voix », prévient Gabriel Attal, qui rappelle être lui-même « élu local depuis 11 ans », dans sa commune de Vanves, dans les Hauts-de-Seine, où « tout a commencé » pour lui, « lors des municipales de 2014 ».

« Chez Renaissance, nous sommes en ordre de marche. La semaine dernière, le bureau exécutif s’est réuni, nous avons adopté une stratégie pour les municipales », explique encore le secrétaire général du parti.

Environ 300 maires aujourd’hui

Gabriel Attal espère bien « avoir en mars 2026 le plus grand nombre d’élus locaux Renaissance, […] pour pouvoir porter nos projets et nos valeurs », faites « de modération fiscale » de « baisse des impôts locaux », de « soutien à la transition écologique », des « valeurs républicaines » ou d’attachement à « l’éducation ». Le parti ne se risque pas en revanche à donner un objectif, en termes de gains électoraux. Il affiche aujourd’hui près de 2500 conseillers municipaux au total, et environ 300 maires, toutes tailles de communes confondues.

Les municipales préfigurent aussi les élections sénatoriales. Et pour cause : 95 % des grands électeurs sont les conseillers municipaux. Les prochaines seront en septembre 2026. Mais le parti de Gabriel Attal n’en fait vraiment pas un enjeu. « Elles viendront en leur temps. Ce n’est pas notre objectif. Notre obsession, c’est changer la vie des Français », explique Franck Riester, secrétaire général délégué aux élections, « le reste, ça passe au second plan »… On a connu plus d’enthousiasme. Mais « oui, on veut à terme peser davantage au Sénat. Mais franchement, c’est une conséquence heureuse du résultat que nous espérons pour les municipales », avance l’ancien ministre.

« Nous soutiendrons des candidats en fonction de la stratégie qui nous permettra d’être le plus utiles », explique Gabriel Attal

Comme pour les législatives, Renaissance ne partira pas seul dans ce scrutin, mais avec ses alliés. « Nous soutiendrons des candidats en fonction de la stratégie qui nous permettra d’être le plus utiles », explique le numéro 1 du parti. Ce sera, « dans certains cas, y aller sous nos propres couleurs », quand dans « d’autres, c’est s’allier avec un maire ou une équipe municipale sortante ». Troisième cas de figure : « S’allier avec un collectif d’alternance », « sans forcément prendre la tête de liste ». « Nous n’aurons pas d’ego mal placé dans cette élection », insiste Gabriel Attal. Aussi parce que Renaissance n’aura, en réalité, pas vraiment le choix dans certaines villes, faute d’ancrage suffisant.

Dans ces négociations qui vont s’engager – même si « on discute en permanence » – Renaissance ne se met pas d’œillères. Elles incluent sans surprise les partis « du bloc central, le Modem, Horizons, l’UDI », explique Franck Riester. Les listes conduites par Renaissance viseront aussi « le rassemblement de femmes et d’hommes qui partagent nos valeurs », dont « des LR » et même « des PS », « à partir du moment où ils refusent les extrêmes, sont très différenciés des extrêmes et, en ce qui concerne la gauche, de LFI ». Bref, l’idée est de « rassembler large ». Le Monsieur élections du parti ajoute :

 Nous n’excluons ni de nous mettre derrière des têtes de liste de droite républicaine, ni de gauche républicaine. 

Franck Riester, secrétaire général délégué aux élections de Renaissance.

Les investitures bouclées d’ici le 30 septembre

Avant d’en arriver aux accords, le mouvement va désigner ses candidats ou chefs de files, appelés « pilotes municipaux » chez Renaissance. Si beaucoup reste à faire, une première commission nationale d’investiture (CNI) a arrêté hier les vingt premiers noms, avec déjà quelques villes de poids : Thomas Cazenave donc, pour Bordeaux, la députée Violette Spillebout à Lille, Emilie Chalas à Grenoble, Alexis Blondeau à Clermont-Ferrand, Thomas Rudigoz à Lyon, l’ex-député Bruno Studer à Strasbourg ou encore l’ex-député Mickaël Nogal à Toulouse.

Pour désigner ses candidats, Renaissance a établi une méthode : dans les villes de moins de 60.000 habitants, la mission est confiée aux bureaux départementaux. Pour les plus de 60.000 habitants, « c’est la CNI qui fait des propositions au bureau exécutif, soit d’investiture, soit de soutien à une liste de rassemblement ». D’ici le 30 juin, le parti tentera de finaliser un maximum d’investitures pour les villes de moins de 30.000 habitants. L’objectif est que les assemblées départementales aient arrêté leur choix pour toutes les communes d’ici le 30 septembre.

A Paris, « aucune porte n’est fermée »

Quant au cas épineux de Paris, la ville est un peu à part, en termes de calendrier de désignation. La méthode est ici plus impressionniste. Gabriel Attal, dont on prêtait un temps des ambitions pour la capitale, a d’ailleurs soigneusement évité de répondre sur le sujet – il n’a d’ailleurs répondu à aucune question, laissant le soin à Franck Riester de s’en charger. Et dans le bloc central, ça se bouscule un peu dans la ville lumière, entre Rachida Dati, qui a rejoint le gouvernement avec l’ambition d’être la candidate de la droite et des macronistes à Paris, et Pierre-Yves Bournazel pour Horizons, accessoirement responsable des élections du parti d’Edouard Philippe et donc des négociations avec Renaissance… « Chaque chose viendra en son temps », élude Franck Riester, qui ajoute cependant qu’« aucune porte n’est fermée » à Paris.

A Lyon, Renaissance semble prêt à se rapprocher de l’ancien patron de l’OL, Jean-Michel Aulas, qui pense de plus en plus à se présenter. « On a déjà eu des discussions avec lui, et Gabriel Attal le rencontre cet après-midi », a annoncé le responsable des élections de Renaissance, qui constate que « Jean-Michel Aulas a donné quelques éléments qui laissent penser qu’il s’intéresse à cette élection. Tant mieux. Il a une grande expérience et connaît bien la ville ».

« Boite à outil programmatique », « académie des municipales » et « campagne de recrutement »

Sur le fond, même s’il s’agit d’abord d’une élection locale, Renaissance va éditer pour le 1erjuillet « une boîte à outils programmatique », sous la houlette de Violette Spillebout et Renan Mégy, ancien conseiller de Gabriel Attal. Très start-up nation, une « académie des municipales » sera mise en place, avec la ministre Agnès Pannier-Runacher, ainsi qu’« une campagne d’engagement, pas d’adhésion, pour ouvrir les portes », menée par la députée et ex-ministre Marie Lebec, intitulée « pourquoi pas vous ? ». Alors que beaucoup des marcheurs du début ont raccroché les crampons, il s’agit aussi de « lancer une campagne de recrutement, centrée sur la société civile ». Renaissance entend retrouver ici son « ADN, (qui) est l’ouverture, et refuser le vase clos », rappelle Marie Lebec.

Prochain rendez-vous, déjà sur les tablettes des militants : le 6 avril, où le secrétaire général va « développer notre projet » pour les municipales. Franck Riester espère bien que le parti profitera pour ce scrutin de « la dynamique portée par Gabriel Attal ». Pour l’ancien premier ministre, l’enjeu, en creux, de ces municipales, est aussi de petit à petit faire muter Renaissance de parti d’Emmanuel Macron, image qui peut être un handicap, en parti… de Gabriel Attal.

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