Municipales à Marseille : Samia Ghali dans le rôle d’arbitre

Municipales à Marseille : Samia Ghali dans le rôle d’arbitre

Au lendemain du second tour des municipales, les Marseillais ne connaissent pas encore le nom de leur nouvelle maire. Arrivée en tête avec une majorité relative, devant la candidate LR Martine Vassal, l’écologiste, Michèle Rubirola n’est pas encore assurée de reprendre le siège de Jean-Claude Gaudin. Les sénateurs, Bruno Gilles et surtout Samia Ghali auront leur mot à dire.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

38% contre 30%, les listes du Printemps marseillais de l’écologiste Michèle Rubirola, ont largement devancé celles de la candidate LR, Martine Vassal et pourtant, ce lundi, les Marseillais ne connaissent pas encore le nom de leur nouvelle maire. Car comme Paris ou Lyon, le scrutin dans la deuxième ville de France, se joue par secteurs (8). Le Printemps Marseillais en a remporté 4, contre 3 pour LR. Avec 2,89% des voix, la candidate (Divers gauche) et sénatrice des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali dispose de 8 conseillers municipaux sur 101. De quoi lui conférer un rôle d’arbitre pour le troisième tour. « Ce soir, Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers nord » s’est-elle réjouie dimanche. En raison de la règle du non-cumul des mandats, Samia Ghali avait choisi de conserver son poste au Sénat.

« Ce serait un hold-up démocratique si on perdait la mairie sur tapis vert »

La sénatrice choisira-t-elle de rejoindre la majorité de Michèle Rubirola, de rejoindre les rangs de Martine Vassal ou encre de garder son indépendance, potentiellement source de blocage dans le futur conseil municipal ? Cette dernière possibilité inquiète les écologistes locaux, d’autant plus après le ralliement de Chahidati Soilihi, la candidate écologiste dans les 15 et 16ème arrondissements à Samia Ghali entre les deux tours. « Les Marseillais ont donné 8 points d’avance à Michèle Rubirola. Ce serait un hold-up démocratique si on perdait la mairie sur tapis vert au troisième tour » estime Sébastien Barles, tête de liste écologiste à Marseille qui a rallié Michèle Rubirola entre les deux tours. « Les discussions n’ont pas encore commencé. Je suis confiant mais j’aimerais que les choses se concrétisent rapidement. Je n’ose pas imaginer que Samia Ghali fasse un autre choix après avoir critiqué pendant 25 ans la gestion de Jean-Claude Gaudin dont Martine Vassal est l’héritière. Ce serait une erreur impardonnable » considère-t-il avant de mettre en avant les points de concordance entre les programmes de Samia Ghali et de Michèle Rubirola, comme « la nécessité d’irriguer les quartiers nord de transports collectifs, la lutte contre la pollution des navires de croisières, contre le mal logement et la précarité énergétique ».

« Mais à Marseille tout est possible » comme nous l’ont rappelé plusieurs de nos interlocuteurs. « Vous avez les Verts qui ont rejoint Samia Ghali, (qui) est plutôt d'origine de gauche, mais pour autant elle ne s'entend pas du tout avec le Printemps marseillais » a, par exemple, relevé lundi matin sur France Info, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier.

« Je regardais, les yeux écarquillés, cette division de la droite marseillaise »

Du côté des LR, avec 39 conseillers (contre 42 pour Michèle Rubirola), Martine Vassal ne s’avoue pas vaincue. « Je n’ai pas perdu, ce soir il n’y a pas de majorité à Marseille » a estimé la présidente de la métropole d’Aix-Marseille-Provence et du département des Bouches-du-Rhône. Proche de Jean-Claude Gaudin, Martine Vassal sort néanmoins affaiblie du second tour, après avoir perdu (41,78 % contre 39.16 %) dans le quatrième secteur, fief historique de la droite, face à Olivia Fortin, qui menait la liste du Printemps marseillais.

D’autant que la droite était partie divisée dans cette campagne. En novembre, La Commission nationale d'investiture (CNI) avait apporté son soutien à Martine Vassal, par 27 voix contre 11 pour Bruno Gilles, sénateur et président, à l’époque, de l'influente fédération des Bouches-du-Rhône des Républicains. Ce dernier avait finalement décidé de mener campagne en dissident. « Je regardais, les yeux écarquillés, cette division de la droite marseillaise [...] L'union ce n'est pas la garantie absolue du succès mais c'est souvent une des conditions. Là, on en a la démonstration » s’est désolé, ce matin sur Public Sénat, le député européen LR, Brice Hortefeux.

Bruno Gilles ne veut pas voir Martine Vassal maire

Avec 6,3% des suffrages et trois conseillers, Bruno Gilles a lui aussi son mot à dire dans ce troisième tour. Il est d’ailleurs le premier à l’avoir fait ce lundi. « Je ne serai pas évidemment candidat à la mairie de Marseille, mais je souhaite qu'il émerge de ce camp de la droite, des Républicains, du centre et des progressistes, une candidature qui soit apaisante et apaisée » indique-t-il à France 3. Cette « candidature apaisée » ne peut pas être celle de Martine Vassal selon lui, car elle « a subi un fort échec dans les 6e et 8e arrondissements, et il faut le reconnaître quand même, un échec sur l'ensemble de la ville » tacle-t-il.

Bruno Gilles privé d’investiture LR aux prochaines sénatoriales ?

 « La mairie de Marseille ? Ce n’est pas plié même si symboliquement nous ne sommes pas dans une dynamique favorable » reconnaît Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, vice-président de la CNI du parti. « Il est dommage que la division de la droite nous ait mis dans cette situation. Sans ça, il y aurait une majorité claire pour Martine Vassal. Roger Karoutchi en profite pour adresser un message à Bruno Gilles. Sans accord avec Martine Vassal pour le troisième tour, ce dernier se priverait de l’investiture LR pour les sénatoriales. « Il ne faut pas pousser mémé dans les orties quand même » conclut-il.

Les tractations devraient se poursuivre dans les prochains jours avant l’élection du maire lors de la première réunion du nouveau conseil municipal à la fin de la semaine.

Dans la même thématique

Municipales à Marseille : Samia Ghali dans le rôle d’arbitre
3min

Politique

« Il faut sortir du macronisme, parce qu’il a fait beaucoup de mal à la démocratie », affirme Julien Aubert

Michel Barnier comme Premier ministre doit être « un choix d’opposition, de cohabitation » pour Julien Aubert. Sur la situation politique actuelle, Julien Aubert s’affiche en opposition à la politique menée par le camp présidentiel : « Le message des urnes en juin dernier, au premier comme au deuxième tour, c’est ‘on ne veut plus du en même temps, on ne veut plus d’Emmanuel Macron, et on ne veut plus du bloc central’ Qu’est-ce que l’on entend depuis quelques semaines ? Une reconstitution du bloc central ». Pour le vice-président des Républicains, « il faut sortir du macronisme, parce qu’il a fait beaucoup de mal à la démocratie, le ‘en même temps’ a fait beaucoup de mal à la démocratie ». Pour cela, Michel Barnier est « un excellent choix », à condition qu’il soit considéré comme « un choix d’opposition, de cohabitation » précise le vice-président des Républicains. En ce qui concerne les ministres pouvant composer le futur gouvernement, Julien Aubert estime qu’ « il ne sera pas compréhensible pour les électeurs d’avoir un gouvernement de gauche et de macronistes, alors que pendant 7 ans les Républicains ont déclaré qu’ils étaient un parti d’opposition […] et qu’ils avaient un problème de nature avec le macronisme ». Hier matin, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur a annoncé sa démission en diffusant sur X/Twitter sa lettre de démission adressée à Ursula von der Leyen. Dans ce courrier, l’ancien commissaire européen dénonce la gouvernance de la présidente de la Commission européenne : « Il y a quelques jours, dans la toute dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles qu’en aucun cas vous n’avez discutées directement avec moi – et proposé, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France au sein du futur Collège ». Pour Julien Aubert, le fait que « la présidente de la Commission européenne parvienne à forcer le choix d’un Etat fondateur de l’Union en lui faisant un chantage au portefeuille, cela montre bien que l’influence de la France s’est affaiblie ». Dans la foulée de cette démission, Emmanuel Macron a ainsi proposé Stéphane Séjourné pour remplacer Thierry Breton. Un choix que le vice-président des Républicains qualifie de « recasage ».

Le

Paris: Concertation Emmanuel Macron et Nouveau Front Populaire Elysee
10min

Politique

Gouvernement Barnier, destitution, retraites… Les hésitations de la gauche sur la stratégie à adopter

Le Nouveau Front Populaire (NFP) peine à porter une voix commune sur les prochaines échéances parlementaires, malgré la volonté partagée par l’ensemble des groupes de gauche de censurer le futur gouvernement de Michel Barnier. En outre, l’affrontement des derniers jours entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin interroge sur la place de LFI au sein de l’alliance.

Le

Paris: Designation Bureau Assemblee Nationale
5min

Politique

Destitution : la procédure lancée par LFI va-t-elle pour la première fois passer le filtre du Bureau de l’Assemblée nationale ?

Mardi, la recevabilité de la proposition de résolution, déposée par le groupe LFI visant à « engager la procédure de destitution » à l’encontre du chef l’Etat sera examinée par le Bureau de l’Assemblée nationale. Si jamais, le Bureau décidait pour la première fois de transmettre la procédure de résolution à la commission des lois, de nombreuses autres étapes resteraient à franchir afin que la destitution prévue à l’article 68 de la Constitution soit effective.

Le

Current affairs question session with the government – Politics
8min

Politique

Gouvernement Barnier : vers « une confrontation beaucoup plus frontale qu’avant » au Sénat

Avec le soutien de la droite à Michel Barnier, le groupe LR va se retrouver dans la majorité gouvernementale. De quoi tendre les débats face au « front des groupes de gauche » ? Patrick Kanner, à la tête des sénateurs PS, promet déjà une opposition musclée contre le « couple Barnier /Macron ». Il a demandé à ses troupes de « se préparer à une ambiance différente ». Mais pour le sénateur LR Max Brisson, « le Sénat restera le Sénat. Les clivages politiques ne sont pas du tout comparables à ce qu’ils sont à l’Assemblée ».

Le