Municipales à Paris: Griveaux, deux mois pour « se faire aimer »
"Arrogant", Benjamin Griveaux ? A sept semaines des municipales, le candidat officiel de LREM à Paris, en meeting lundi soir, semble traîner...

Municipales à Paris: Griveaux, deux mois pour « se faire aimer »

"Arrogant", Benjamin Griveaux ? A sept semaines des municipales, le candidat officiel de LREM à Paris, en meeting lundi soir, semble traîner...
Public Sénat

Par Ambre TOSUNOGLU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

"Arrogant", Benjamin Griveaux ? A sept semaines des municipales, le candidat officiel de LREM à Paris, en meeting lundi soir, semble traîner comme un boulet une mauvaise réputation dans une ville pourtant promise aux marcheurs.

Il y a quelques mois encore, la capitale paraissait très gagnable pour le parti présidentiel, tant il y a réalisé des cartons à la présidentielle 2017 - 34,9% pour Emmanuel Macron au premier tour - et encore en mai aux Européennes (32,9%). La particularité d'un scrutin local ne préfigure pas des scores aussi importants aux municipales en mars. Mais tout de même: voir Benjamin Griveaux englué dans les sondages, en troisième position derrière la maire PS sortante Anne Hidalgo et la LR Rachida Dati, interpelle jusqu'au sein du parti.

La dissidence du député LREM Cédric Villani, pointé à la cinquième place, n'est pas étrangère à cette contreperformance. Au moment d'arpenter samedi un marché huppé du XVIIe arrondissement, où il est tête de liste, Benjamin Griveaux est interpellé par tous les habitants sur cette lutte fratricide: "Vous ne me convainquez qu'à moitié, M. Griveaux", lui lance un retraité, "inquiet, parce que si vous ne vous entendez pas avec Villani, vous êtes mort".

Plus loin, Jean-François Simonnet, 58 ans, est plus dur encore: "Cette histoire de Cédric Villani, c'est quand même un peu con". "Passez lui le message", répond M. Griveaux, calme. "Je vous le passe aussi, réplique son interlocuteur. Comme vous êtes tout près dans les sondages, je ne sais pas qui doit se ranger derrière l'autre."

Le candidat dissident LREM aux élections municipales de Paris, et mathématicien, Cédric Villani, à Paris le 6 septembre 2019
Le candidat dissident LREM aux élections municipales de Paris, et mathématicien, Cédric Villani, à Paris le 6 septembre 2019
AFP/Archives

Pour les détracteurs mais aussi certains proches de M. Griveaux, la division n'est cependant pas la seule responsable de ce début de campagne laborieux. Ils pointent aussi l'image, si ce n'est le caractère, de ce fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron, ancien porte-parole du gouvernement, exposé au point de se voir fracturer la porte de son ministère par un chariot élévateur au plus fort de la crise des gilets jaunes.

- Maire ou copain ? -

"Oui, sur le terrain on nous parle de Villani et de la personnalité de notre candidat", reconnaît auprès de l'AFP Olga Johnson, élue centriste du XVIIe arrondissement et candidate chez LREM. "Mais moi, je dis aux gens: +Vous voulez un maire qui gère bien Paris ou un copain ?", ajoute-t-elle.

Benjamin Griveaux et Marlène Schiappa discutent lors du
Benjamin Griveaux et Marlène Schiappa discutent lors du "Campus des territoires," le 8 septembre 2019 à Bordeaux, pour préparer les municipales
AFP/Archives

L'ex-strausskahnien de 42 ans connaît sa réputation et s'en désole. "Ça devient ridicule", souffle-t-il, dénonçant: "A chaque fois, on écrit mon nom, virgule +perçu comme arrogant par les Parisiens +".

Les révélations l'été dernier sur ses propos, tenus dans la sphère privée et injurieux à l'endroit de certains de ses amis politiques, n'ont pas forcément aidé à améliorer cette image négative. Il y a "un problème avec ce candidat (M. Griveaux)", que les Parisiens trouvent "arrogant", répète-t-on dans l'entourage de Cédric Villani.

"Ce qui est dingue, c'est que la perception des gens (ne correspond) pas au bonhomme que je connais. Il n'a pas le début du commencement d'arrogance", jure pourtant un membre du gouvernement, qui convient toutefois que Benjamin Griveaux "a son caractère".

Un proche veut, lui, relativiser: "Il y a six mois Benjamin, on le détestait. Aujourd'hui, on dit qu'il est solide, qu'on ne l'aime pas, mais qu'il n'est pas si désagréable. Maintenant, il reste deux mois pour le faire aimer". Et pour cela, "il doit montrer son vrai visage".

Premier exercice, lundi soir. Au cours de son deuxième meeting organisé au théâtre Bobino, Benjamin Griveaux, qui aime rappeler que "maire" est un anagramme d'"aimer", va égrener ses premières propositions de campagne et s'évertuer à rassembler sa famille politique. A ses côtés, on annonce plusieurs ministres, dont la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, candidate sur sa liste dans le XIVe arrondissement.

"Benjamin bosse, a une capacité à résister, ne se laisse pas déstabiliser. Il est sur le terrain en permanence", assure une de ses porte-parole, la députée LREM Olivia Grégoire. D'autres sont plus circonspects. "Ça n'imprime pas", se désole une cadre des marcheurs.

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01217179_000043
7min

Politique

Conflit entre Israël et l’Iran : quel rôle peut jouer la France ?

Depuis les premières frappes israéliennes sur les sites nucléaires iraniens, la France a reconnu le droit d’Israël à se défendre. Dans un contexte de dégradation des relations diplomatiques entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou, la France n’a, toutefois pas encore, participer aux opérations de défense de l’Etat hébreu.

Le

Municipales à Paris: Griveaux, deux mois pour « se faire aimer »
3min

Politique

Congrès du PS : « le Parti socialiste devrait prendre ses distances » avec les propos de Jérôme Guedj sur Jean-Luc Mélenchon, estime Éric Coquerel

Invité de la matinale de Public Sénat, le député (LFI) et président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale a réagi à la déclaration de Jérôme Guedj sur Jean-Luc Mélenchon lors du Congrès du PS, le traitant de « salopard antisémite ». Éric Coquerel et la France insoumise demandent au Parti socialiste de « prendre ses distances » avec cette déclaration.

Le

Municipales à Paris: Griveaux, deux mois pour « se faire aimer »
3min

Politique

Brice Teinturier : « Il n'y a plus de débat en France, il y a de l'invective »

Lors de ses vœux, le Président a annoncé son souhait de voir les Français « trancher » sur « des sujets déterminants », ce qui laisse supposer que le chef de l'État envisage un retour au référendum. Néanmoins, les sujets sur lesquels les Français souhaitent trancher sont nombreux, pouvoir d'achat, fin de vie… Le référendum recolle-t-il vraiment les Français à la politique ? Invités de l’émission spéciale Dissolution, un an après, Brice Teinturier, Anne Levade, Laure Salvaing et David Djaïz tentent d'y répondre.

Le