Municipales à Paris: le cavalier seul de Villani pousse LREM à l’exclure
La rupture est consommée: en opposant une fin de non-recevoir à Emmanuel Macron qui lui demandait de "se rapprocher de Benjamin Griveaux",...
Par Gaëlle GEOFFROY
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La rupture est consommée: en opposant une fin de non-recevoir à Emmanuel Macron qui lui demandait de "se rapprocher de Benjamin Griveaux", candidat LREM à la mairie de Paris, Cédric Villani a acté le divorce avec La République en marche.
Après plus d'une heure d'entretien avec le chef de l'Etat dimanche après-midi, le candidat dissident a dit préférer "rester fidèle aux Parisiennes et Parisiens", plutôt que jouer "l'appartenance à un appareil politique": "Ma campagne pour Paris continue en toute indépendance", a-t-il lancé à sa sortie de l'Elysée.
"Les propos sont clairs", a réagi dès lundi matin Stanislas Guerini, délégué général d'En marche: Cédric Villani rompt avec Emmanuel Macron et "je demanderai mercredi soir à mon bureau exécutif d'acter le fait qu('il) n'est plus adhérent de la République en marche", a-t-il annoncé sur Radio Classique.
Après plusieurs mois de campagne parallèle des deux candidats issus des rangs de LREM, de nombreuses voix dans la macronie s'étaient élevées pour souhaiter que le chef de l'Etat intervienne en faveur de Benjamin Griveaux.
Cédric Villani a préféré rompre de lui-même, au grand dam du parti présidentiel. Et ce, au risque de rendre encore plus difficile une victoire à Paris, ce dont témoigne le dernier sondage Odoxa-CGI pour Le Figaro paru dimanche. Il place Benjamin Griveaux en troisième position (16%), loin derrière Anne Hidalgo (23%) et Rachida Dati (20%), tandis que Cédric Villani arrive cinquième (10%), derrière l'écologiste David Belliard (14,5%).
Stanislas Guérini le 29 septembre 2019 à Guidel (Morbihan)
AFP/Archives
Emmanuel Macron risque lui aussi d'y laisser des plumes, après un épisode que certains proches voient comme un affront. "Cette réunion de dimanche à l'Élysée, ça n'est pas bien joué pour le président de la République, parce que ça l'affaiblit", constatait dimanche un haut cadre du parti, tandis qu'un marcheur historique déplorait une séquence qui "ne fait que des perdants", candidat, LREM et chef de l'Etat.
Cédric Villani "ne tourne pas le dos au président de la République. C'est comme des histoires d'amour: de temps en temps, il peut y avoir des divergences de point de vue", relativise le directeur de campagne du mathématicien, Baptiste Fournier, auprès de l'AFP.
- "Courage" et "convictions" -
La députée villaniste Anne-Christine Lang s'est, elle, déclarée "affligée de voir ce qu'est devenu le parti du président qui avait suscité tant d'espoir et qui est devenu un parti comme tous les autres qui bannit et exclut". L'épisode pourrait occasionner de nouveaux départs du groupe LREM à l'Assemblée.
Benjamin Griveaux assure, lui, que sa "porte restera toujours ouverte". Mais Cédric Villani lorgne plutôt du côté des écologistes et leur idée qu'il considère "essentielle et centrale" d'une "coalition climat" - qui irait jusqu'à La France insoumise - portée par le candidat EELV David Belliard.
Louant la "démarche de courage" et "les convictions" de Cédric Villani, Yannick Jadot, le chef de file d'EELV, a appelé sur France 2 MM. Villani et Belliard à "faire une offre" concrète aux électeurs parisiens, à "mettre du contenu".
"C'est un pas courageux", mais Cédric Villani doit "encore continuer à clarifier", a commenté plus prudemment dans la soirée sur Europe 1 David Belliard, appelant le candidat dissident à "rompre" avec le gouvernement.
Benjamin Griveaux, le candidat investi par La République en Marche pour la course à la Mairie de Paris, s'exprime durant son 1er meeting de campagne, le 18 juillet 2019 dans la capitale
AFP/Archives
La compagne de M. Jadot, Isabelle Saporta, s'engage dès à présent auprès du mathématicien. "Je vais être candidate pour lui, dans le XIVe ou un arrondissement limitrophe", assure au Monde la journaliste qui a récemment quitté la campagne de Gaspard Gantzer.
"Quand vous dites +mon principal allié devient les Verts+, (...) que vous voulez bâtir une coalition à l'allemande, ce projet n'est pas absurde, mais à condition que vous ayez des forces, un mouvement derrière vous. C'est le projet d'un parti, pas celui d'un personne seule", relève pour sa part un proche de Benjamin Griveaux.
Reste que pour l'exécutif et la majorité, l'épisode est douloureux.
"C'est un cadeau que nous faisons à nos adversaires politiques" et qui "nous affaiblit tous collectivement", a regretté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
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