Coup politique sans lendemain ou tournant des municipales à Paris? En tendant la main à l'électron libre de LREM Cédric Villani, l'écologiste...
Municipales à Paris: le pas de deux des écologistes et de Villani
Coup politique sans lendemain ou tournant des municipales à Paris? En tendant la main à l'électron libre de LREM Cédric Villani, l'écologiste...
Par Pierre ROCHICCIOLI, Baptiste BECQUART
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Coup politique sans lendemain ou tournant des municipales à Paris? En tendant la main à l'électron libre de LREM Cédric Villani, l'écologiste David Belliard tente de rebattre les cartes dans la bataille pour l'Hôtel de Ville.
Le chef de file des écologistes parisiens a créé la surprise mercredi en tendant la main au mathématicien, à qui EELV reprochait il y a peu encore d'allier "une forte notoriété à une absence de programme", ou de s'être abstenu sur un vote important pour l'interdiction du glyphosate.
Le candidat dissident LREM aux élections municipales de Paris, et mathématicien, Cédric Villani, le 6 septembre 2019 à Paris
AFP/Archives
"Depuis plusieurs semaines, Cédric Villani nous rejoint sur nos positions, notamment sur une ville libérée de la voiture, 100% recyclable ou la rénovation énergétique des bâtiments", a justifié dans le Parisien le candidat EELV, qui se rêve en meneur d'une "large coalition écologiste allant de Villani à l'Insoumise Danielle Simonet".
"S'il clarifie sa position vis-à-vis du gouvernement, Cédric Villani aura toute sa place", a-t-il assuré. Il a cependant exclu auprès de l'AFP toute alliance de premier tour. "Au premier tour, les offres sont claires (...) il ne reste qu'une offre peu identifiée, celle de Cédric Villani", a-t-il souligné.
Si Cédric Villani a réservé sa réponse, son entourage a rappelé à l'AFP que le lauréat de la médaille Fields a lui-même appelé à un rassemblement écolo-progressiste allant de David Belliard au centre droit de Pierre-Yves Bournazel.
Autre signe encourageant selon M. Belliard chez l'homme qui prétend devenir "le premier maire véritablement écologiste de Paris", le vote par ses proches au Conseil de Paris d'un amendement d'EELV, rejeté par la majorité, qui visait consacrer 80 millions d'euros à la transition énergétique en 2020.
Sur le papier, une alliance Belliard-Villani peut être de nature à relancer la campagne des deux hommes.
Selon un récent sondage commandé par son équipe à l'Ifop, M. Villani est crédité de 14% des intentions de vote. Anne Hidalgo arrive en tête avec 22,5% des intentions de vote, devançant le candidat LREM Benjamin Griveaux (17%), à jeu égal avec la candidate LR Rachida Dati, et devant l'écologiste David Belliard (12,5%).
- "Nouvelle perspective" ou "maladresse" -
Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris, pose devant la Tour Eiffel le 2 octobre 2019
AFP/Archives
Contacté par l'AFP, le rival de Villani, Benjamin Griveaux, n'a pas souhaité faire de commentaire. Mais l'attitude de l'imprévisible mathématicien inquiète la majorité jusqu'à l'Elysée où il a été reçu jeudi dernier par un conseiller d'Emmanuel Macron.
"C'était pour faire un point d'étape sur l'état d'esprit de Cédric Villani", a expliqué à l'AFP son entourage, admettant que la question de son choix au deuxième tour avait notamment été sondé.
Dans la famille écologiste, la démarche de David Belliard a suscité des réactions contrastées. "Bravo d'ouvrir une nouvelle perspective", a salué sur Twitter le chef de file Yannick Jadot. Mais le nouveau secrétaire national d'EELV, Julien Bayou, évoque lui "une maladresse" qui, dit-il, "n'engage pas une inflexion" de notre ligne, "incompatible avec les droites dans lesquelles on met LREM".
Pour Alain Coulombel, porte-parole d'EELV et situé à l'aile gauche du parti, il s'agit avant tout d'une "communication de premier tour qui n'a aucune réalité sur le terrain, car on voit mal LFI travailler avec LREM".
Même réaction dans l'équipe d'Anne Hidalgo où l'on se veut serein: "C'est un épisode parmi d'autres de la campagne mais ce n'est pas un tournant politique", juge Jean-Louis Missika, président de "Paris en commun", la plateforme de soutien à la maire sortante.
"Je comprends qu'on ait besoin d'exister politiquement", dit-il.
"Si M. Belliard considère qu'une alliance avec M. Villani est possible, cela veut dire que, le moment venu, nous pourrons discuter avec tout le monde, EELV et M. Villani qui présidait le comité de soutien à Anne Hidalgo en 2014", dit-il, convaincu qu'au final le vrai rassemblement se fera autour d'Anne Hidalgo.
Pour le communiste Ian Brossat, soutien dès le premier tour de la majorité sortante, "l'impression que tout cela donne, c'est que David Belliard est prêt à n'importe quoi pour construire une majorité autour de lui". Mais, dit-il, "c'est voué à l'échec car il n'y a pas de cohérence programmatique entre" lui et M. Villani.
Malgré la protestation de la gauche et de certains élus de la majorité sénatoriale, le Sénat n’a pas touché au coup de rabot prévu par le gouvernement sur le Fonds Vert, qui sert à financer la transition écologique des collectivités. De 2,5 milliards en 2024, le budget du Fonds Vert est donc passé à 650 millions en 2026.
Alors que Nicolas Sarkozy n’appellera pas au front républicain et que Bruno Retailleau défend l’union des droites « par les urnes », la question d’un possible rapprochement des LR avec le RN divise encore. La ligne reste au rejet de tout accord d’appareils, plusieurs parlementaires craignant pour « la survie » des LR en cas de fusion-absorption avec le RN. Mais certains sont prêts à se laisser tenter.
Alors que se tiendra demain le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, la poursuite de la procédure législative semble incertaine. L’option du dernier mot, que le gouvernement pourrait choisir d’accorder aux députés, ne fait pas l’unanimité au sein des constitutionnalistes.
Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.