Municipales: au Havre, Philippe joue son présent et son avenir
En briguant de nouveau la mairie du Havre dans un contexte national tendu, Edouard Philippe défie le vote sanction et joue son poste de Premier...

Municipales: au Havre, Philippe joue son présent et son avenir

En briguant de nouveau la mairie du Havre dans un contexte national tendu, Edouard Philippe défie le vote sanction et joue son poste de Premier...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

En briguant de nouveau la mairie du Havre dans un contexte national tendu, Edouard Philippe défie le vote sanction et joue son poste de Premier ministre, mais aussi son avenir politique dans son propre fief.

Est-ce seulement pour exorciser ses craintes qu'Edouard Philippe martèle depuis des semaines que ces municipales seront pour lui, "humainement comme politiquement", "une élection difficile" ? Une ministre y verrait presque une coquetterie, soufflant que "c'est mieux d'être victorieux quand on s'est fait un peu peur avant".

Car M. Philippe part favori dans son bastion, dont il est élu depuis 2001 et dont il fut maire de 2010 à 2017, avant de poser ses valises à Matignon.

Un récent sondage l'a d'ailleurs placé en tête au 1er tour avec 42% des intentions de vote, loin devant ses concurrents, le communiste Jean-Paul Lecoq (25%) et l'écologiste Alexis Deck (16%).

Mais l'étude a été effectuée avant que le chef du gouvernement ne décide de déclencher l'article 49-3 pour la réforme des retraites, et avant aussi que la pandémie de coronavirus ne vienne bouleverser le quotidien des Français.

Elu au 1er tour en 2014 avec 52% des voix, il est six ans plus tard mesuré avec 10 points de moins. D'où un optimisme raisonné de M. Philippe, qui sait qu'une défaite rendrait sa situation intenable à Matignon. "Est-il encore à 42% ?", s'inquiète un proche.

Le Premier ministre Edouard Philippe et l'actuel maire du Havre Jean-Baptiste Gastinne, le 5 mars 2020 au Havre
Le Premier ministre Edouard Philippe et l'actuel maire du Havre Jean-Baptiste Gastinne, le 5 mars 2020 au Havre
AFP/Archives

Les incertitudes restent nombreuses dans cette campagne pour le candidat Philippe, happé par ses responsabilités nationales dont ont encore témoigné, samedi soir, ses annonces dramatiques de fermeture de tous les lieux non essentiels appelés à accueillir du public, dans le cadre de la stratégie d'endiguement de l'épidémie de coronavirus.

Ainsi, ses adversaires parviendront-ils à se coaliser au second tour pour tenter de le battre, en dépit de divergences profondes ?

Quel sera le niveau de participation dimanche, alors que l'abstention avait été extrêmement élevée en 2014 dans le port normand (53%) ? Ses concurrents parviendront-ils à mobiliser les quartiers populaires pour provoquer un vote sanction ?

Tout en se défendant de vouloir "appuyer sur ce bouton-là", car "sinon on ne parle plus des Havrais", M. Lecoq glisse tout de même: "Edouard Philippe est au pouvoir depuis deux ans et les mauvais coups pleuvent".

- "L'honneur d'être une cible" -

En ville, les affichettes siglées CGT et "Gilets jaunes" poussent comme des champignons contre ce "candidat virtuel": "votez contre Edouard Philippe pour sauver le Havre et la France", proclament-elles. Sa permanence de campagne a été taguée et caillassée, ses réunions publiques précédées de manifestations et de heurts.

"Il y a peut-être des gens qui ont envie de faire campagne sur des sujets nationaux au Havre, c'est leur droit. C'est pas mon choix", rétorque en retour M. Philippe, qui n'a eu de cesse de déminer le sujet sensible de sa double casquette.

Des graffitis ont été apposés sur les murs de la permanence de campagne d'Edouard Philippe au Havre, le 29 février 2020
Des graffitis ont été apposés sur les murs de la permanence de campagne d'Edouard Philippe au Havre, le 29 février 2020
AFP

Car s'il est élu, le Premier ministre laissera les commandes à l'actuel maire sortant, Jean-Baptiste Gastinne, et ne reprendra son fauteuil qu'une fois son bail à Matignon terminé. Reste à savoir comment sera perçue la manoeuvre par les Havrais.

"Ce n'est pas pour assurer mes arrières comme le disent certains", assure-t-il. "Professionnellement, une fois que j'aurai cessé d'être Premier ministre, ça va aller, je serai employable hein", ironise-t-il en petit comité.

Lui préfère parler de son attachement viscéral au Havre, "la ville où mon père est enterré, le père de mon père, le père du père de mon père". Le seul endroit "où je peux envisager de me présenter au suffrage universel", jure-t-il, voyant dans le scrutin un moyen d'obtenir une nouvelle légitimation par les urnes.

Et puis "cela peut être utile d'avoir été Premier ministre quand on est maire d'une grande ville", sussure-t-il aussi, par exemple à l'heure où il faut choisir qui de Paris, Le Havre ou Rouen doit abriter le futur siège social des trois ports réunis...

En tout cas, M. Philippe sait que tout résultat en demi-teinte sera exploité politiquement, un proche pestant contre "ces députés bienveillants qui disent que c'est un désaveu s'il n'est pas élu au 1er tour". Mais au Havre comme à Paris, "on n'abdique pas l'honneur d'être une cible", rétorque M. Philippe.

Partager cet article

Dans la même thématique

Municipales: au Havre, Philippe joue son présent et son avenir
6min

Politique

« Nous allons entrer en résistance » : PS, PCF et Ecologistes unis au Sénat « face à une droite réactionnaire » sur le budget de la Sécu

Alors que la majorité sénatoriale de droite entend revenir sur les gains obtenus par la gauche à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale, à commencer par la suspension de la réforme des retraites, les sénateurs de gauche combattront « pied à pied », en dépit de leurs divergences sur la suspension. Mais face aux amendements des sénateurs de droite, qualifiés de « musée des horreurs », ils jouent groupés.

Le

Municipales: au Havre, Philippe joue son présent et son avenir
6min

Politique

Budget 2026 : Wauquiez et Retailleau affichent leur « ligne commune » et appellent Lecornu à prendre ses responsabilités

Alors que le Sénat s’apprête à démarrer l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le patron des députés de droite, Laurent Wauquiez était reçu à la réunion de groupe des sénateurs LR pour passer le relais. L’occasion de s’exprimer d’une seule voix sur la position que compte défendre la droite sur les deux lois de finances, quitte à rendre un accord en commission mixte paritaire quasi impossible et faire resurgir la piste d’un recours au 49.3.

Le

Lyon : Global Cannabis March
3min

Politique

Budget de la Sécu : les sénateurs écologistes veulent créer une taxe sur le cannabis

Dans le cadre de l’examen du budget de la Sécu, les sénateurs écologistes veulent créer un droit d’accise sur la vente du produit stupéfiant. « Ça légalise le cannabis en réalité », explique le sénateur Thomas Dossus. De quoi rapporter près de « 3 milliards d’euros à l’Etat » et « assécher les réseaux ».

Le

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale
7min

Politique

« La copie n’est pas acceptable aujourd’hui » : le Sénat s’apprête à modifier en profondeur le budget 2026 de la Sécurité sociale

À la veille du coup d’envoi des débats en séance publique sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les rapporteurs de la majorité sénatoriale veulent se montrer intraitables sur le retour des principales mesures d’économies et la disparition des mesures les plus coûteuses, comme la suspension de la réforme des retraites.

Le