Municipales: la complexe installation des bureaux de vote en plein foyer épidémique

Municipales: la complexe installation des bureaux de vote en plein foyer épidémique

Isoloirs placés stratégiquement, fléchage et plan précis du parcours pour les électeurs, gants à usage unique, gel...
Public Sénat

Par Julien SENGEL

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Publié le

Isoloirs placés stratégiquement, fléchage et plan précis du parcours pour les électeurs, gants à usage unique, gel hydroalcoolique... Lutterbach (Haut-Rhin) aménageait vendredi ses bureaux de vote pour les municipales, un travail plus fastidieux que d'habitude en plein coeur d'un foyer d'épidémie de coronavirus.

"Ce n'est pas plus risqué que d'aller chez le commerçant chercher ton pain, donc toutes les conditions sont réunies pour que les gens soient vraiment tranquilles pour venir voter": Rémy Neumann, le maire (sans étiquette) de cette commune de 6.300 habitants qui jouxte Mulhouse

, se veut rassurant.

Lui et son équipe font tout pour que les électeurs du premier tour des élections municipales, dimanche, prennent le moins de risques possibles. Mulhouse et son quartier de Bourtzwiller, à trois kilomètres de là, sont en effet un des principaux "clusters" de contamination par le coronavirus en France, depuis un rassemblement évangélique qui s'y est tenu fin février.

Ainsi, si la plupart des bureaux de vote dans le pays auront pris un minimum de précautions pour limiter les risques de transmission du virus, l'aménagement des cinq bureaux de Lutterbach est étudié avec le plus grand soin.

- "Station de désinfection" -

Dans le centre sportif par exemple, qui accueillera une partie des 4.200 inscrits, M. Neumann et les employés communaux fixent au sol avec du gros scotch de chantier des bandes délimitant le trajet que les électeurs vont devoir suivre. En cas de doute, ceux-ci pourront consulter deux affiches avec des consignes.

Après un passage par la "station de désinfection" à l'entrée, où trônent deux gros pots de gel hydroalcoolique et des gants en latex à usage unique, les Lutterbachois suivront des couloirs fléchés qui les mèneront à la table des assesseurs.

Là, ils pourront montrer leur carte d'électeur et leur pièce d'identité avant de se diriger vers les isoloirs, placés stratégiquement, proches du mur pour que les électeurs puissent passer par derrière et s'isoler sans avoir à fermer le rideau.

"Les tablettes placées dans les isoloirs seront désinfectées toutes les 30 minutes, de même que les poignées de porte à l'entrée et à la sortie du bureau", souligne Julien Ravier, un des employés communaux occupés à installer les lieux.

Les électeurs ressortiront ensuite de l'isoloir et se dirigeront vers l'urne par un second chemin, afin de ne pas croiser d'autres votants. Une fois leur devoir accompli, ils quitteront le gymnase par une autre porte, là aussi pour limiter au maximum les croisements entre concitoyens.

- "Sans toucher les rideaux" -

"Les gens vont faire un cheminement simple pour aller à l'isoloir, pour rentrer, faire leur bulletin de vote et ressortir jusqu'à l'urne sans toucher les rideaux ou quoi que ce soit d'autre"
, explique encore Julien Ravier.

Les électeurs qui le souhaitent pourront enfin se laver les mains dans les toilettes de l'établissement après le vote.

Pas avare d'efforts avec ses équipes, Rémy Neumann, qui brigue un second mandat, est en tout cas satisfait que le scrutin n'ait pas été annulé, malgré les risques: "Personnellement, je n'étais pas pour un report, il y a eu beaucoup d'investissement et, de toutes façons, il aurait fallu une loi, ça aurait déstabilisé et ça aurait ajouté du chaos au chaos. Donc il vaut mieux qu'on aille jusqu'au bout de l'exercice démocratique".

La grande inconnue à Mulhouse et dans les communes avoisinantes sera la participation: la peur du coronavirus incitera-t-elle les électeurs à rester chez eux ?

Devant le gymnase, Carmen, 59 ans, a écouté le discours d'Emmanuel Macron jeudi soir: "Je ne sais pas encore si je vais aller voter mais en principe je pense y aller quand même et je vais suivre ses conseils. De toute façon il y aura ce qu'il faut dans les bureaux de vote et il faut continuer à vivre".

Et une de ses concitoyennes, âgée de 74 ans, de conclure: "J'ai échappé à une diphtérie alors que j'avais à peine dix jours en 1945 alors c'est pas ça qui va me faire peur !"

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