La République en marche a mis en selle lundi ses 19 premiers candidats aux élections municipales, cruciales pour s'implanter sur les territoires, mais a soigneusement évité de s'avancer sur les cas épineux de Paris et d'autres grandes villes, où les ambitions s'entrechoquent.
C'est un virage que le jeune parti macroniste ne veut pas manquer, pour donner de l'assise à une formation dont le manque d'antennes locales s'est révélé criant lors de la crise des "gilets jaunes".
"Nous avons besoin de ce relais local, qui parfois nous a fait défaut, pour réussir le dernier kilomètre de la réforme", a admis lundi le délégué général de LREM Stanislas Guerini.
Dans le viseur aussi, les sénatoriales de septembre 2020 durant lesquelles 160.000 grands électeurs se prononcent, dont une immense majorité de conseillers municipaux. A ce titre, M. Guerini a dit lundi viser la barre des 10.000 conseillers à l'issue du scrutin de mars 2020, soit cinq fois plus qu'aujourd'hui.
Pour se donner de l'élan, LREM a dévoilé une première vague symbolique qui illustre différents cas de figure: soutenir l'édile en place jugé compatible, lancer des "marcheurs" pur sucre, lutter contre le Rassemblement national...
Afin de "favoriser le rassemblement", les maires sortants issus de centre gauche ou droite bénéficieront du soutien de LREM à Valenciennes (Laurent Degallaix), Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis (Olivier Klein), à Saint-Orens-de-Gameville en Haute-Garonne (Dominique Faure), ou encore à Alençon (Emmanuel Darcissac). A Nevers, le maire Denis Thuriot, rallié de longue date à LREM, sera logiquement appuyé.
Des cadres de LREM ont également reçu des investitures comme la députée Cécile Muschotti qui défiera le maire (LR) Hubert Falco à Toulon, installé depuis 2001; le député Romain Grau, qui affrontera à Perpignan le député RN Louis Aliot; ou encore le vice-président du conseil général du Doubs Pierre Simon à Pontarlier. Mais aussi des simples marcheurs, comme l'avocat Gérard Chemla, qui se mesurera à Reims au maire Arnaud Robinet, pourtant proche d'Edouard Philippe. Ou le pompier professionnel Josselin Chouzy à Mayenne.
Autre symbole, Benoît Mathieu, fondateur d'un site d'informations local, mènera une liste à Cavaillon (Vaucluse) où le Rassemblement national est en position de force, après avoir recueilli 38,4% des voix aux européennes.
"Il faudra faire un choix républicain en cas de risque de victoire du RN sur nos territoires", a souligné M. Guerini. "Ce sera vrai dans nos stratégies de premier tour et ce sera un réflexe évident dans les stratégies de deuxième tour", a-t-il insisté.
- "Pragmatique" -
Cette première carte postale est toutefois écornée par le remue-ménage autour des investitures dans les grandes villes. Au premier rang desquelles Paris où les candidats marcheurs se déchirent à coups de tribunes dans la presse, quatre d'entre eux appelant à l'organisation d'une "consultation citoyenne", pour une décision à la fin de l'été.
Lundi, M. Guerini, "serein", s'est cramponné à sa méthode (une Commission d'investiture) et à son calendrier (audition des candidats le 9 juillet, verdict le 10 juillet). "Notre formation politique s'est bâtie contre le système (des primaires) qui au fond affaiblit les candidats car il pousse à prendre les positions les plus extrêmes et lance l'élection d'une manière biaisée", a-t-il poursuivi, en glissant que le bureau exécutif du parti, réuni lundi matin, avait fermement réaffirmé son soutien à ces principes.
D'ici à décembre et la fin du processus d'investitures, LREM devra s'attaquer à d'autres villes sensibles.
A Lyon, où Gérard Collomb est pris dans une guerre de succession et a annoncé qu'il ne concourrait pas avec l'étiquette LREM.
A Marseille, où trois candidats marcheurs sont sur les rangs mais où une alliance avec Martine Vassal, la présidente LR du département, est envisagée. "Nous étudions cette situation, nous ne la considérons pas comme stabilisée", a évacué le sénateur Alain Richard, co-président de la Commission d'investiture.
Ou encore à Toulouse et Nice, où les maires LR Jean-Luc Moudenc et Christian Estrosi soufflent le chaud et le froid envers LREM.
"Je ne souhaite pas qu'on s'enferme dans une bataille d'étiquette mais que l'on reste pragmatique", a plaidé, prudent, M. Guerini.