Municipales : poussée verte, LREM à la peine et second tour en sursis face au coronavirus
Le premier tour des municipales, en pleine épidémie de coronavirus, est marquée par une poussée écologiste et un bon maintien des candidats de « l’ancien monde », PS et LR, dans certaines villes. C’est la prime au sortant. Comme prévu, LREM ne fait pas de miracle. Mais le maintien du second tour se pose face à l’épidémie.

Municipales : poussée verte, LREM à la peine et second tour en sursis face au coronavirus

Le premier tour des municipales, en pleine épidémie de coronavirus, est marquée par une poussée écologiste et un bon maintien des candidats de « l’ancien monde », PS et LR, dans certaines villes. C’est la prime au sortant. Comme prévu, LREM ne fait pas de miracle. Mais le maintien du second tour se pose face à l’épidémie.
François Vignal

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L’élection municipales 2020 restera historique à plus d’un titre. C’est dans un climat surréaliste, où l’hypothèse d’un report a semblé se poser jusque la veille du scrutin, que les Français sont allés voter malgré l’épidémie de coronavirus. L’abstention, forcément, est forte et bât un record, avec 54,5%.

Second tour repoussé ?

Face au plus de 5.400 cas et 127 morts, pour le bilan très provisoire de l’épidémie, les résultats semblent secondaires. La question d’un maintien du second tour, et de son report, se pose clairement ce dimanche soir. Yannick Jadot, Marine Le Pen, La France Insoumise, EELV ou le PS, tous se disent prêts à un report. Y compris les LR, comme Bruno Retailleau, président du groupe au Sénat, qui estime « très difficile d’organiser dimanche prochain le second tour » au regard de « la courbe des contaminations ». Mais jeudi, quand la droite s’est opposée au report, les courbes n’étaient-elles pas déjà claires ? « Le report des élections ne me semblait, jeudi après-midi, pas justifié » a réagi dans la soirée le président LR du Sénat, Gérard Larcher, que les macronistes accusent d’avoir bloqué. Mais de son côté, Emmanuel Macron avait parfaitement le pouvoir de prendre la décision de ce report. Il ne l’a pas fait.

Quand on voit apparaître dans la soirée Edouard Philippe sur les écrans, l’air totalement livide, le teint gris-vert, l’image frappe. La faute à l’éclairage, mais ce symbole donne une idée du goût du scrutin pour la majorité présidentielle. Amer. « C’est en prenant en compte les recommandations sanitaires » « que nous nous organiserons pour le second tour » affirme Edouard Philippe, qui consultera à nouveau « les forces politiques » en début de semaine sur l’issue à donner au second tour.

Poussée verte et bons résultats des sortants PS

C’est dans ce contexte que les Français sont allés aux urnes. Et du premier tour, il ressort clairement une « poussée » verte, selon le terme employé par Julien Bayou, numéro 1 d’EELV. Le parti peut clairement se réjouir des résultats dans certaines grandes villes. Ils sont en tête à Strasbourg, Besançon, Lyon et Grenoble. A Bordeaux, Pierre Hurmic est au coude à coude, avec 100 voix d’écart avec le sortant Nicolas Florian (LR).

Au PS, les résultats sont bons aussi. Prime aux sortantes socialistes, à Paris et Lille. Dans la capitale, Anne Hidalgo arrive largement en tête, devant Rachida Dati et Agnès Buzyn, qui tend la main au dissident LREM Cédric Villani. Mais Anne Hidalgo semble très bien placée pour l’emporter, avec les voix écologistes de David Beilliard et Danielle Simonnet pour LFI. A Lille, Martine Aubry est en tête, mais elle est talonnée par le candidat EELV. La liste PS/PCF est aussi en tête à Rouen, suivi d’EELV. Même chose à Rennes.

Edouard Philippe affaibli

Pour LREM, comme prévu, c’est plutôt compliqué. Au Havre, Edouard Philippe est mis en ballottage par la liste communiste. Il devra passer par un second tour, ce qui l’affaiblit en tant que premier ministre. Outre la désillusion pour Agnès Buzyn, à Paris, à Lyon, Yann Cucherat (LREM), le candidat choisi par Gérard Collomb, n’obtient que 14,9 % et Georges Képénékian, le maire sortant dissident LREM, réalise 12 %. Une situation qui fait l’affaire du candidat EELV, Grégory Doucet qui arrive en tête avec 29 %.

Consolation pour LREM, trois ministres, Gérald Darmanin, Franck Riester et Sébastien Lecornu sont élus dès le premier tour.

Plusieurs sortants RN réélus

Pour le LR, qui attendait plutôt avec sérénité le scrutin, Christian Estrosi passe pas loin de l’élection au premier tour, à Nice, avec 47,5%. A Troyes, François Baroin est réélu, lui, dès le premier tour. A Marseille, Martine Vassal (LR) arrive en tête, avec environ 23%. Mais la candidate PS-PCF Michèle Rubirola suit de près à 21 %. Stéphane Ravier (RN) fait 19,5 % des voix et le dissident LR Bruno Gilles 12 %. Une quadrangulaire est donc possible. A Mulhouse, LR est en tête, tout comme à Limoges, avec le maire sortant Emile Roger Lombertie. Pour la droite, il faudra voir aussi le détail de toutes les petites communes, où la droite est généralement bien implantée, ce qui contribue à sa bonne implantation dans les territoires, puis au Sénat.

Pour le RN, plusieurs maires sortant sont réélus, notamment David Rachline ou Steeve Briois. Louis Aliot est en tête à Perpignan.

Mais ce premier tour a-t-il un sens, si le second est reporté ? Plusieurs responsables demandent que les candidats élus dès le premier tour puissent conserver le bénéfice de l’élection. Mais il faudra voir ce qu’il en est sur le plan constitutionnel. Une telle décision, jamais vue, pourrait poser un problème quant au principe d’égalité du scrutin.

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