Municipales: une campagne chaotique du début à la fin
Des municipales inédites qui ont même failli être annulées in extremis: rien ne s'est passé comme prévu dans cette campagne qui a débuté en...
Par Adrien DE CALAN
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Des municipales inédites qui ont même failli être annulées in extremis: rien ne s'est passé comme prévu dans cette campagne qui a débuté en pleine contestation de la réforme des retraites, avant d'être
"C'est une drôle de campagne", a constaté Anne Hidalgo, la maire sortante (PS) de Paris, en se désolant de ne plus pouvoir "serrer la main ou embrasser" les électeurs croisés sur un marché début mars.
De fait, jeudi soir, après une folle journée de rumeurs, Emmanuel Macron a maintenu le premier tour de dimanche malgré la pandémie mondiale de coronavirus. Il a décidé de braver "la plus importante crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle" pour assurer la "continuité des institutions".
- Les retraites font de l'ombre -
Deux mois plus tôt, c'est dans un climat social lourd que les candidats tentent de se faire connaître des électeurs. Avec beaucoup de peine tant la réforme des retraites sature l'espace médiatique et la vie politique. L'attention des Français est accaparée par la grève record dans les transports publics, qui du 5 décembre au 19 janvier, connaît 47 jours de mobilisation avant un retour à un trafic quasi normal.
Manifestation contre la réforme des retraites le 6 février 2020 à Marseille
AFP/Archives
Cette entrée en campagne est particulièrement rude pour les candidats de la majorité, pour lesquels le dossier retraites "pollue les municipales". "On fait avec, c'est comme ça. On acte les désaccords puis on parle du reste", tente de positiver Sonia Krimi, candidate à Cherbourg.
Au Havre, le Premier ministre Edouard Philippe entre en campagne à la toute fin janvier sous les huées de quelques centaines de manifestants derrière une banderole "Rouges de colère".
Durant tout le mois de février, la campagne n'arrive pas à décoller, tous les regards étant focalisés sur le bras de fer à l'Assemblée, où Insoumis et communistes noient le débat sur les retraites sous des milliers d'amendements. Edouard Philippe finit par dégainer le 29 février l'article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire passer le texte sans vote.
Droite comme gauche déposent alors des motions de censure, rejetées sans surprise le 3 mars, et les Insoumis appellent à "écraser" LREM aux municipales, en faisant du scrutin "une motion de censure citoyenne".
- Déboires en série pour la majorité -
A l'Elysée, Emmanuel Macron promet de se tenir à distance d'un scrutin "local" dont il ne compte pas tirer de "leçons nationales".
Il intervient toutefois le 26 janvier pour tenter de convaincre le dissident Cédric Villani de renoncer à sa candidature à Paris.
Benjamin Griveaux, le 14 février 2020 à Paris
AFP
Las. A peine sorti de son entretien, le médaillé Fields maintient sa candidature dans une déclaration bravache. Il est exclu de LREM dans la foulée.
Trois jours plus tard, Emmanuel Macron a plus de réussite: il convainc deux ministres, Jean-Baptiste Lemoyne et Didier Guillaume, de se retirer à Biarritz où ils étaient concurrents. Finalement dix membres du gouvernement tentent leurs chances pour ce scrutin.
Nouveau choc pour la majorité à la mi-février: Benjamin Griveaux, son candidat à Paris, annonce à l'AFP renoncer après la diffusion d'une vidéo sexuelle. Il est remplacé au pied levé par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui démissionne alors que le coronavirus frappe la Chine.
- Le virus s'impose -
L'épidémie qui enfle va porter un nouveau coup à la campagne. A la fois en monopolisant toute l'attention des Français et en perturbant les sorties des candidats. De nombreux meetings sont annulés ou se déroulent avec une affluence réduite.
Pour de nombreux maires en lice, la gestion de la crise prend le pas sur la campagne. "J'ai estimé simplement qu'en étant maire sortant, j'avais à m'y consacrer", explique ainsi le maire de Nice Christian Estrosi (LR).
Du gel hydroalcoolique dans un bureau de vote pour tenter de rassurer les électeurs le 13 mars 2020 à Paris
AFP
Quel sera l'impact de cette crise sanitaire sur le scrutin? Comme de nombreux responsables politiques, Marine Le Pen (LR) a exprimé la "crainte" d'une forte abstention car "l'angoisse, la crainte peuvent pousser des gens à renoncer à aller voter". Surtout les personnes âgées, appelées par Emmanuel Macron à éviter de sortir de chez elles. Edouard Philippe s'est voulu rassurant vendredi sur la tenue du 2e tour.
Pour tenter de rassurer les électeurs, une série de mesures ont été mises en place dans les bureaux de vote: un point de lavage des mains et du gel hydro-alcoolique à l'entrée comme à la sortie, des isoloirs disposés de façon à qu'on ne soit pas obligé de tirer les rideaux, la possibilité d'apporter son propre stylo...
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