Alain Christnacht, conseiller d'Etat et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, a très vivement condamné jeudi les propos d'un candidat de droite aux législatives qui l'accuse d'avoir "un plan machiavélique d'indépendance-association" avant le référendum d'autodétermination prévu en 2018.
Candidat dans la seconde circonscription, Harold Martin, récemment suspendu de LR, a basé sa campagne sur une attaque en règle de M. Christnacht qui selon lui "prépare l'indépendance-association dans le dos des Calédoniens".
Ce concept, prôné début 1985 à Nouméa par Edgard Pisani, nommé Haut-Commissaire en Nouvelle-Calédonie pour mettre fin aux violences intercommunautaires, avait été violemment rejeté par la majorité anti-indépendantiste qui y voyait un lâchage du territoire par la France.
"Il est impossible juridiquement et inconcevable politiquement de faire adopter subrepticement par les Calédoniens une solution dont ils ne voudraient pas. Harold Martin le sait très bien", a protesté le haut-fonctionnaire, considéré à Paris comme l'un des plus fins connaisseurs du dossier calédonien.
M. Christnacht était un pivot sous la précédente mandature d'une mission transpartisane d'écoute et de conseil sur l'avenir institutionnel de l'archipel, dans la perspective du référendum d'autodétermination qui doit avoir lieu en novembre 2018. Nommé par l'ancien Premier ministre Manuel Valls pour cette mission en 2014, il avait déjà fait l'objet de critiques parce que considéré comme à gauche.
Vieux routier de la scène locale, ayant maille à partir avec la justice, Harold Martin affirme dans sa profession de foi que M.Christnacht "a une solution à vendre à Macron pour changer la question" du référendum d'autodétermination.
Harold Martin va jusqu'à accuser Alain Christnacht de connivence avec un parti indépendantiste pour causer "des troubles à l'ordre public" et faciliter son "plan".
"Ces accusations sont graves puisque les faits qui me sont reprochés sont qualifiables pénalement. Elles sont diffamatoires et je me réserve le droit de déposer plainte", a-t-il indique dans un document transmis à l'AFP et lors d’interviews aux médias locaux. Cet énarque, qui fut préfet en Nouvelle-Calédonie, est l'un des artisans du retour à la paix validés par les Accords de Matignon de juin 1988 sous le gouvernement de Michel Rocard.
M. Christnacht a qualifié ces propos de M. Martin de "graves pour la démocratie en Nouvelle-Calédonie", car ils utilisent le "procédé de fake-news, conduisant à un scénario inventé, mis en scène avec cynisme pour tromper les électeurs".
Interrogé sur la radio locale RRB, M. Martin a maintenu ses allégations.