Après la mort d’un adolescent à Poitiers, victime d’une fusillade liée au trafic de drogue, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau n’a pas hésité à évoquer une « mexicanisation du pays ». Après des événements similaires à Rennes ou à Grenoble, le gouvernement envisage un texte spécifique pour s’attaquer au narcotrafic. Les sénateurs Jérôme Durain (PS) et Etienne Blanc (LR), respectivement président et rapporteur de la commission d’enquête sur le narcotrafic, sont reçus aujourd’hui par le garde des Sceaux Didier Migaud. Plusieurs recommandations du rapport pourraient être reprises dans un futur texte. Pour Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, les propos du ministre de l’Intérieur ne correspondent pas à la situation réelle du pays et il souhaite revoir la pertinence des actions mises en place par les prédécesseurs de Bruno Retailleau.
« On peut difficilement dire que les choses ont avancé »
« La situation est suffisamment grave et délicate pour éviter des effets de manches et des discours provocateurs », avance Manuel Bompard qui rappelle que le taux d’homicide est vingt fois supérieur au Mexique. Pour le coordinateur de LFI, ce sont des « propos qui cherchent à donner l’image d’une situation qui n’est pas celle de la France ». Avant d’aller plus loin dans la logique répressive, Manuel Bompard souhaite dresser le bilan des opérations places nettes mises en place par le précédent ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. « On peut difficilement dire que les choses ont avancé », affirme Manuel Bompard constatant que les vastes opérations de police n’ont pas permis de faire augmenter le nombre de comparutions immédiates comme cela devait être le cas. « Est-ce qu’à un moment on tire le bilan de ces initiatives ? Ça n’a produit aucun résultat », tranche le député insoumis.
« On est toujours dans la même logique, beaucoup de communication, un peu moins d’actions concrètes », déplore Manuel Bompard qui pointe l’impact du trafic de drogue sur les quartiers populaires.
Manuel Bompard souhaite « tourner la page de la politique de la prohibition généralisée »
Parmi les solutions souhaitées par La France insoumise, Manuel Bompard souhaite « privilégier le développement de la police judiciaire » qu’il juge plus efficace pour lutter contre le trafic de drogue. Les officiers de police judiciaire disposent en effet de moyens d’enquête plus approfondis. En creux, Manuel Bompard plaide pour un changement d’approche insistant sur le fait que « dans le budget on parle de 5 000 postes en moins dans la police judiciaire ».
Surtout, pour plus d’efficacité dans la lutte contre le trafic de drogue, Manuel Bompard désire « tourner la page de la politique de la prohibition généralisée ». Comme d’autres partis du Nouveau Front Populaire, LFI demande une légalisation du cannabis, signe d’un changement d’approche politique. « Je suis pour aller vers la légalisation. Dire qu’il faut aller vers la légalisation ne veut pas dire que le cannabis n’est pas un produit dangereux », prévient Manuel Bompard. Ce dernier pointe notamment les effets potentiels pour « couper les flux financiers pour les trafiquants » et appelle à « sortir du débat entre les laxistes et ceux qui sont fermes ».