NDDL: le 3e jour des opérations d’expulsion s’ouvre sous tension

NDDL: le 3e jour des opérations d’expulsion s’ouvre sous tension

Au troisième jour de l'opération d'expulsion de Notre-Dame-des-Landes, les tensions s'accroissent sur le terrain face à l'ampleur des...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Au troisième jour de l'opération d'expulsion de Notre-Dame-des-Landes, les tensions s'accroissent sur le terrain face à l'ampleur des destructions, amenant des opposants historiques à battre le rappel de leurs soutiens et laissant craindre un durcissement des affrontements.

Mardi, les heurts ont été plus violents que la veille. Dix gendarmes et un opposant ont été blessés, selon la préfète de la région Pays de la Loire Nicole Klein. Selon l'équipe médicale des zadistes, une trentaine d'opposants ont été blessés, dont deux blessés graves hospitalisés.

L'importance de l'opération a amené les opposants à appeler à la mobilisation. "Si ce soir (mardi), la préfecture ne retire pas ses troupes, c'est la mobilisation générale", a annoncé Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport.

En détruisant les lieux de vie installés autour de la D281, l'ex-route "des chicanes" qui traverse la Zad et où se cristallisaient les tensions depuis l'abandon du projet d'aéroport en janvier dernier, les gendarmes on détruit au passage des projets agricoles collectifs.

Notre-Dame-des-Landes
Notre-Dame-des-Landes
AFP

D'où la colère de l'Acipa et un sentiment de trahison exprimé mardi par des zadistes comme Sarah, qui vivait au lieu-dit "Les 100 noms" dont la bergerie a été détruite lundi malgré des discussions ces dernières semaines avec les autorités: "On a joué le jeu (avec la préfecture) et on a été floué".

Après les "100 Noms", les gendarmes mobiles ont ciblé un potager collectif, situé lui aussi à plus d'une centaine de mètres de la route départementale 281.

Selon le bilan de la préfecture, 16 sites ont été évacués lundi et mardi. Sur ces 16, 15 ont été démolis, dont neuf mardi. L'objectif annoncé est "de 30 à 40" sites à démanteler, a indiqué mardi en fin de journée la préfète de région "On ira jusque-là, sauf s'il y a un changement d'objectif", a-t-elle indiqué.

- "Stratégie de tri" -

Les gendarmes chargent des manifestants avec des gaz lacrymogènes à Notre-Dame-des-Landes, le 10 avril 2018
Les gendarmes chargent des manifestants avec des gaz lacrymogènes à Notre-Dame-des-Landes, le 10 avril 2018
AFP

L'intervention pourrait "durer jusqu'à la fin de la semaine", selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb qui a mobilisé près de 2.500 gendarmes pour cette opération.

Malgré les tensions liées à l'opération massive des deux derniers jours, mardi soir Mme Klein a assuré que "le dialogue n'est absolument pas interrompu. Il reprendra, je l'espère, aussi vite que ce sera possible".

Le Premier ministre Édouard Philippe a lui insisté mardi sur l'enjeu des terres agricoles: "Nous voulons récupérer les terrains pour que des projets agricoles puissent s'y développer, nous le faisons avec beaucoup de maîtrise dans l'emploi de la force mais aussi avec beaucoup de résolution, beaucoup de fermeté", a-t-il dit.

Le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il s'était engagé à éradiquer la "zone de non droit" que constituait la Zad.

Nicole Klein a cependant assuré qu'il n'y aurait "pas d'évacuation totale" de la Zad, précisant: "on ne touche pas au bâti". "On ne s'est occupé que des squats, qui étaient des planches".

Cette opération de grande ampleur prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.

"L'intervention des forces de l'ordre avait été présentée comme ciblée, ne concernant que les personnes refusant toute tentative de légalisation de leur présence: la réalité démontre qu'il s'agit d'une attaque contre toutes ces alternatives locales, collectives et de défense d'une agriculture paysanne et durable", a dénoncé dans un communiqué, Europe Écologie les Verts (EELV).

"Le gouvernement, avec cette opération militaire, est dans une stratégie de tri, de chantage et de nettoyage de la zone que nous refusons", ont martelé les occupants de la Zad qui ont appelé à un pique-nique mercredi midi dans l'attente d'une mobilisation élargie.

Dans la même thématique

NDDL: le 3e jour des opérations d’expulsion s’ouvre sous tension
3min

Politique

Nouvelle loi immigration : Jean-Philippe Tanguy (RN) dit vouloir une « régularisation zéro des clandestins »

Invité de la matinale de Public Sénat, le député de la Somme, Jean-Philippe Tanguy a expliqué la position de son groupe sur la proposition du gouvernement de présenter un nouveau texte sur l’immigration au début de l’année 2025. Le député de la commission des finances a également détaillé la position de son groupe sur le vote du budget, sans évoquer précisément les amendements que son groupe défendra.

Le

NDDL: le 3e jour des opérations d’expulsion s’ouvre sous tension
5min

Politique

Budget : « C’est un semblant de justice fiscale, mais en réalité, ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », selon le député PS Arthur Delaporte

Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».

Le

NDDL: le 3e jour des opérations d’expulsion s’ouvre sous tension
8min

Politique

Budget : « 2024 est une année noire pour les finances publiques », alerte Pierre Moscovici

Auditionné par le Sénat, le président du Haut conseil des finances publiques affirme que les hausses d’impôts prévues dans le budget 2025 ne sont pas de 20 milliards d’euros, comme le dit gouvernement, mais « de 30 milliards d’euros ». Un effort indispensable, insiste Pierre Moscovici : « Le poids de la dette permet-il encore d’agir ? Non. Quand vous avez ce niveau de dette, walou ! »

Le

NDDL: le 3e jour des opérations d’expulsion s’ouvre sous tension
4min

Politique

Propos de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin sur le budget : « Certains auraient avantage à se taire ! », tacle Claude Raynal

Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.

Le