NDDL : pour les pro-aéroport la médiation est une « mascarade »

NDDL : pour les pro-aéroport la médiation est une « mascarade »

La désignation de Gérard Feldzer, proche de Nicolas Hulot, parmi les médiateurs chargés de trouver une solution au blocage du projet de Notre-Dame-des-Landes suscite l’indignation des pro aéroport.
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Ce ne sera finalement pas un. Mais trois médiateurs qui ont été nommés jeudi par Matignon afin de débloquer le dossier, oh combien polémique, du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL). La préfète, Anne Boquet, Michel Badré, un ingénieur membre du Conseil économique, social et environnemental et Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne, ancien conseiller régional d’Ile-de-France EELV et proche de Nicolas Hulot, auront jusqu’au « 1er décembre au plus tard » pour proposer une solution.


Emmanuel Macron n’a pas pris parti durant la campagne

Tout au long de la campagne, Emmanuel Macron aura soufflé le chaud et le froid sur ses intentions concernant ce dossier (voir notre article), laissant entendre qu’il ferait respecter la consultation locale qui a dit oui « au projet » et « en même temps » qu’il refuserait d’évacuer la ZAD par la violence  tout en regardant, une dernière fois, la possibilité d’aménager l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique.

La nomination de Nicolas Hulot, opposant au projet  NDDL,  au ministère de la transition écologique et solidaire avait déjà passablement inquiété les pro aéroport. D’autant qu’il y a quelques jours, le ministre s’était dit « intimement convaincu » de l’existence « de possibles alternatives à Notre-Dame-des-Landes » pouvant « nous permettre, à tous, de sortir par le haut ». « Nous allons remettre les choses à plat » ajoutait-il.

La neutralité de cette médiation mise en cause

 L’inquiétude est montée d’un cran, jeudi, avec la désignation du médiateur Gérard Feldzer. Bruno Retailleau, président LR du conseil régional des Pays-de-la-Loire, mais aussi président du Syndicat mixte aéroportuaire (SMA), qui regroupe les collectivités soutenant le nouveau projet d'aéroport, a qualifié la médiation de « mascarade ». « Le minimum que l’on était en droit d’attendre dans cette médiation, c’est que les médiateurs soient neutres et objectifs. À l’évidence, tel n’est pas le cas, bien au contraire : cette médiation est une mascarade car ce médiateur est un militant » a-t-il réagi sur son site internet. Le président du groupe LR du Sénat menace également de ne pas se rendre à une réunion prochaine à Matignon sur NDDL « si le Gouvernement ne me donne pas des garanties sérieuses sur la neutralité de cette médiation ».

Lors d’une conférence de presse, ce midi, Bruno Retailleau a réaffirmé que la mission de médiation était entachée de « suspicion ».


L’association « Des ailes pour l'Ouest », a, quant à elle, annoncé qu'elle ne participerait pas à la médiation, la qualifiant également de « mascarade ». Elle dénonce la nomination de « deux opposants notoires comme médiateurs », et renouvelle « sa demande d'entretien de toute urgence avec le Premier ministre ». Si Gérard Feldzer est dans le viseur de l’association, Michel Badré l’est également en tant que président la commission des espèces protégées de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN) France et pour ses fonctions passées à l’Office national des forêts (ONF).

« Le projet ne survivra pas à une remise à plat »

« Les pro aéroport ont une peur panique de toute remise à plat. Ils savent que le projet n’y survivra pas » considère le sénateur EELV de Loire-Atlantique, Ronan Dantec. « En ce qui concerne l’équipe de médiation, le fait qu’il ait simplement une seule personnalité écolo, c’est pour eux  la fin du monde. Pour ma part, je la trouve équilibrée et je pense qu’elle pourra entendre les uns et les autres de manière apaisée » ajoute-t-il. L’ONG France Nature Environnement s'est aussi félicitée de la désignation de la mission de médiation et de « la complémentarité des profils des trois personnes désignées », en demandant à "être reçue rapidement" par les médiateurs.

« Cette mission de médiation envisagera toutes les solutions allant dans le sens de l'intérêt général, dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de l'ordre public », a indiqué Matignon. Elle a six mois pour le faire.

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