NDDL, un test pour le président qui « fait ce qu’il dit »
L'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes est-il le premier reniement d'Emmanuel Macron, le président qui "fait ce qu'il dit" ...

NDDL, un test pour le président qui « fait ce qu’il dit »

L'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes est-il le premier reniement d'Emmanuel Macron, le président qui "fait ce qu'il dit" ...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU, Jérôme RIVET

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes est-il le premier reniement d'Emmanuel Macron, le président qui "fait ce qu'il dit" ? Des partisans de l'aéroport l'affirment mais le camp présidentiel s'en défend et met plutôt en avant sa capacité "à trancher".

Durant la campagne présidentielle, le candidat Macron avait fait preuve d'une certaine ambivalence sur ce dossier, tout en affirmant la nécessité de respecter les résultats du référendum local de juin 2016, favorable au projet.

"Je prends l'engagement de faire respecter ce vote, avec ma méthode", déclarait-il sur France 2 le 6 avril. "Mon souhait, c'est de respecter le vote qui a eu lieu", avait-il insisté.

Mais il précisait aussi son souhait de nommer, s'il était élu, un médiateur pour six mois maximum. "Je regarderai la situation, j'essaierai d'apaiser les choses. Si je n'y arrive pas, je prendrai mes responsabilités", expliquait-il.

Emmanuel Macron ne s'est pas publiquement exprimé mercredi, laissant en première ligne le Premier ministre Edouard Philippe avec lequel il avait pris la décision d'abandonner le projet au cours d'un tête-à-tête à l'Elysée lundi soir.

"On ne peut pas parler de reniement", affirme-t-on dans son entourage. "Il avait annoncé durant la campagne qu'il fallait mettre les choses à plat, prendre le temps de la réflexion, avant de trancher".

Par ailleurs, "lorsqu'il s'était exprimé, l'option d'un développement de l'aéroport de Nantes n'était pas sur la table. Elle est arrivée avec le rapport des médiateurs", souligne-t-on de même source.

"On ne déchire pas une consultation publique mais (...) je me donnerai six mois avec une personnalité indépendante, dépassionnée, pour mettre sur la table les éléments de comparaison qui éclaireront ma décision finale", entre le projet de Notre-Dame des Landes et le réaménagement de l'aéroport actuel, avait-il tout juste expliqué en février au directeur de WWF Pascal Canfin.

Mais, pour les partisans de l'aéroport, le président n'a pas tenu parole. "C'est la première fois qu'il renie sa parole car il avait dit qu'il ferait l'aéroport", a dénoncé le président socialiste du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet.

Pour le député LR Eric Woerth, Emmanuel Macron "désavoue la victoire du +oui+ au référendum (...) et ce alors qu’il s’était engagé à respecter ce choix lors des débats à la présidentielle". "Je me souviens, le président avait pris un double engagement devant les Français : celui d’évacuer et surtout celui de respecter le vote", a renchéri Bruno Retailleau, ancien président du conseil régional des Pays-de-Loire et farouche partisan de l'aéroport.

- 'Pragmatisme' -

"Sur ce dossier, Emmanuel Macron est passé par toutes les couleurs de l'arc en ciel", estime Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique.

Mais, avec cette décision, "il montre son grand pragmatisme" en n'en faisant "pas une question de principe : il considérait que ce dossier pouvait lui pourrir son quinquennat et affaiblir durablement l'autorité de l'Etat, que l'opinion publique était fatiguée", ajoute-t-il.

De ce fait, "cet échec pour l'Etat est aussi une victoire pour le président, car sa grande vertu est qu'il prend une décision, et vite, contrairement à ses prédécesseurs. On lui en sait gré".

C'est d'ailleurs cet argument que martèlent les ténors de la majorité. "Enfin une décision, après 40 ans d'hésitation (...) Ce gouvernement prend ses responsabilités et assume", a réagi Christophe Castaner, le patron de LREM, tandis qu'Edouard Philippe dénonçait 50 ans de "décisions, de reculades et de non-décisions" qui ont mis l'Etat "face à un dilemme impossible" sur ce dossier.

Forte des bons sondages actuels et de la faiblesse de l'opposition, l'Elysée espère ainsi refermer rapidement un "dossier empoisonnant", en attendant de trancher sur d'autres et de batailler sur les délicates réformes à venir. "A l'évidence, il ne s'agit pas de faire une pause et se dire que l'essentiel a été fait. Au contraire, il y a encore beaucoup de pain sur la planche", avait prévenu Edouard Philippe à l'issue du séminaire gouvernemental de rentrée début janvier.

leb-jri-gd/mat/chr/gib

Partager cet article

Dans la même thématique

NDDL, un test pour le président qui « fait ce qu’il dit »
2min

Politique

Travail le 1er mai des boulangers et des fleuristes : « Nous souhaitons évidemment protéger ce 1er mai, mais par contre nous souhaitons clarifier la situation »

Invitée de la matinale de Public Sénat, la sénatrice de Vendée, Annick Billon, a défendu les principes de sa proposition de loi visant à permettre aux fleuristes et aux boulangers d’ouvrir le 1er mai. Un texte qui vise à éviter que ces commerçants soient exposés à des amendes en cas d’ouverture.

Le

NDDL, un test pour le président qui « fait ce qu’il dit »
3min

Politique

Conclave sur les retraites : « La réalité du travail fait que l’on ne peut pas tous travailler forcément jusqu’au même âge », souligne Laurent Berger

Ce jeudi, Laurent Berger, directeur de l’Institut Mutualiste de l’Environnement et de la Solidarité de Crédit Mutuel Alliance et Benoit Bazin, PDG du groupe Saint Gobain, étaient les invités de la matinale de Public Sénat. Auteurs du livre « Voies de passage », ils sont revenus sur le conclave sur les retraites qui s’est achevé la semaine dernière.

Le

Loi Duplomb : les sénateurs PS déposeront un recours au Conseil constitutionnel
2min

Politique

Loi Duplomb : les sénateurs de gauche déposeront un recours au Conseil constitutionnel

Dans la foulée de l’adoption de la proposition visant à lever les contraintes de l’exercice du métier d’agriculteur », les socialistes, les écologistes et les communistes du Sénat veulent contester devant les Sages les dispositions du texte, contraires selon eux aux principes de la Charte de l’environnement et à l’intérêt général.

Le