NDDL : « Une opération de communication de l’Etat » pour Ronan Dantec

NDDL : « Une opération de communication de l’Etat » pour Ronan Dantec

L’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes pourrait « jouer un rôle plutôt négatif dans le fait d’aller vers une solution collective et pacifique » craint le sénateur écologiste Ronan Dantec. Bruno Retailleau soutient de son côté l’opération, mais selon le sénateur LR, « les zadistes ont déjà gagné ».
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2.500 gendarmes face à 250 zadistes. L’Etat a mobilisé les gros moyens pour déloger les occupants de la ZAD, à Notre-Dame-des-Landes. L’évacuation a commencé ce lundi matin, à l’aube. Il y a trois mois, en annonçant la fin du projet de nouvel aéroport nantais, le premier ministre avait prévenu : les zadistes avaient « jusqu'au printemps » pour partir « d'eux-mêmes ». Pour l’exécutif, c’est aussi un moyen d’envoyer un message de fermeté, juste avant une double prise de parole d’Emmanuel Macron cette semaine, via deux entretiens sur TF1 et BFM/Mediapart, et alors que les mouvements sociaux se multiplient.

Journalistes tenus à distance

Selon la préfète de la région Pays-de-la-Loire, Nicole Klein, l’opération se concentre sur la route départementale 281, l’ex-route « des chicanes ». Des affrontements ont eu lieu entre zadistes et forces de l’ordre. Des images fournies – et donc contrôlées – par la gendarmerie ont montré l’opération et les tensions. Les journalistes, eux, ont été d’abord tenus à distance…

Ce matin, 10 squats avaient été démolis et 6 personnes « expulsées », selon la représentante de l’Etat. Elle entend viser « une quarantaine » de squats sur un total de 97. A 15h30, un nouveau chiffre émanant du ministère de l’Intérieur faisait état de 13 squats « traités » et de dix personnes expulsées.

« Expulsions avec discernement »

« L’objectif est de faire des expulsions avec discernement. Les lieux ont été choisis » précise Nicole Klein. L’opération va continuer « demain », à chaque fois en présence d’huissiers. « Tout est fait dans la régularité », assure la préfète. Ce qui n’est pas le cas, a affirmé à l’AFP une occupante des lieux. « Notre colère est ce matin profonde face au lamentable gâchis que représente la destruction engagée des maisons et espaces de vie que nous avons construits ici (...) nous ne partirons pas », ont prévenu les zadistes dans un communiqué.

L’opération doit permettre l’expulsion les personnes qui n’ont pas régularisé leur situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels. Mais les zadistes préfèrent une gestion collective du territoire.

Dantec : « Qu’on arrête cette opération qui est en train dépasser le cadre »

Selon le sénateur écologiste de Loire-Atlantique, Ronan Dantec, interrogé par Public Sénat, les forces de l’ordre ne se limitent pas à déloger les occupants les plus radicaux de la ZAD. « L’évacuation touche un périmètre beaucoup plus large que la frange la plus radicale, qui refusait un retour à l’état de droit, qui est nécessaire » affirme-t-il.

« J’appelle vraiment maintenant à ce que tout le monde se calme, qu’on arrête cette opération qui est en train dépasser le cadre, qui était une opération de communication de l’Etat pour dire "la force reste de notre côté". J’ai peur que ça joue un rôle plutôt négatif dans le fait d’aller vers une solution collective, pacifique, qui était à mon avis en train de germer » ajoute le sénateur, qui était opposé à l’aéroport. Regardez :

Ce matin, l’eurodéputé EELV Yannick Jadot a lui regretté sur Public Sénat la « précipitation du gouvernement ». « J’aurais préféré quelques semaines de plus pour qu’on libère totalement la zone et qu’on pense la réoccupation ou le projet Notre-Dame-des-Landes agro-environnemental de manière apaisée », explique le député européen.

Retailleau : « Il reste un goût de cendre dans cette évacuation »

Chez les ex-défenseurs du projet d’aéroport, on applaudit après le début de cette évacuation. Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat et ancien président de la région Pays-de-la-Loire, soutient « à fond les forces de l’ordre » tout en ayant bien conscience « qu’avec l’évacuation, le gouvernement va chercher à se donner une image de fermeté ».

Mais l’abandon du projet reste au travers de la gorge du sénateur de Vendée. « Il reste un goût de cendre dans cette évacuation. Il vient du fait que les zadistes ont déjà gagné. Ils ont imposé à l’Etat leur loi, qui est la loi de la violence. L’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c’est une capitulation au chantage à la violence qu’ont imposé les zadistes de toute nature » affirme Bruno Retailleau dans un entretien à publicsenat.fr. Il craint maintenant « que l’Etat soit tenté de donner des permis d’occupation illégaux à certains. (…) Si l’Etat veut régulariser des situations illégales, c’est une nouvelle faute ».

Pour Joël Guerriau, sénateur Les Indépendants de Loire-Atlantique (équivalent des Constructifs de l’Assemblée), l’évacuation « est la moindre des choses. Que l’Etat respecte la parole qu’il a donnée. Ça devient assez rare sur le sujet de Notre-Dame-des-Landes… » Il ajoute : « Si l’Etat n’avait pas respecté la parole donnée, ça aurait été la porte ouverte à tous les débordements. Pourquoi ne pas s’installer ailleurs dans ce cas ? C’est l’anarchie ». Pour Joël Guerriau, « ce qui est très grave, c’est qu’on ait mélangé les questions. Depuis longtemps on aurait pu évacuer la zone, indépendamment de l’aéroport. (…) Associer les deux, ça a été un élément de pression considérable ». Les zadistes eux n’entendent pas lâcher leur combat. Ils appellent à se rassembler aujourd’hui à 18 heures devant les préfectures ou les mairies. Ils annoncent 77 rassemblements en France, notamment à Nantes et à Rennes.

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