« La situation reste difficile », a reconnu à la mi-journée la ministre des Transports Élisabeth Borne.
Axes routiers paralysés, transports scolaires suspendus, circulation des transports publics perturbée, voies ferrées enneigées… L’épais manteau blanc qui recouvre une partie du nord de la France depuis hier a bousculé le quotidien des Franciliens. L’alerte avait pourtant été donnée la veille, plaçant ainsi de nombreux départements en vigilance orange, dont Paris. Dans la nuit de lundi à mardi, les saleuses ont donc commencé leur travail de prévention. Mais « quand il tombe 3cm de neige par heure, cela ne suffit pas : la neige tient malgré le salage préventif », justifie la ministre.
Cette nuit, les « naufragés routiers » se comptaient par centaines. La N118, qui relie Sèvres aux Ulis, en région parisienne, a été complètement paralysée. « Un point noir » demeure toujours aujourd’hui sur cette route nationale, avertit Élisabeth Borne avant d’ajouter que « la libération des voies et l’évacuation des personnes sont encore en cours. Une centaine d’agents est mobilisée pour permettre aux personnes hébergées dans les gymnases de regagner leur voiture. » L’A86, qui encercle la capitale, a, elle, été « libérée ».
« Le problème vient de nous »
Hier soir, comme de nombreux Franciliens, Martin Lévrier avait pris sa voiture pour rentrer chez lui, à Versailles. Une « idiotie », reconnaît a posteriori le sénateur LREM des Yvelines, l’un des départements les plus touchés par les chutes de neige de ce début de semaine. Il a mis quatre heures pour rejoindre son domicile mais certifie avoir « (s)a part de responsabilité. » « Le problème vient de nous : on n’a pas les voitures équipées pour la neige et on les prend quand même. Du coup les saleuses ne peuvent pas passer », explique-t-il avant d’énumérer « plein d’initiatives qui ont été prises » : du salage préventif des routes aux dépanneuses pour les voitures victimes de tête-à-queue, en passant par le déploiement de nombreux agents municipaux, dont certains l’ont même « aidé à se garer » hier soir. « Tout le monde a fait des efforts extraordinaires », conclut-il.
« Le trafic du métro est quasi normal »
Ce matin, Martin Lévrier est donc venu en train et « ça allait très bien ». Il n’a attendu « qu’un quart d’heure » à Montparnasse, informé « très régulièrement » de l’état du trafic ferroviaire. Un comportement que la ministre des Transports a recommandé ce midi pour les heures à venir, incitant les usagers à « se reporter sur les transports en commun ». Problème : ce matin plus aucun bus ne circulait dans la capitale et ses environs et le trafic des métros et RER était ralenti. L’ex-patronne de la RATP s’est toutefois voulue rassurante : « Le trafic du métro est quasi normal et celui des RER A et B vient d’être rétabli sur la partie nord. La situation concernant le tramway est contrastée et le trafic s’améliore progressivement sur le réseau transilien. »
« Les messages de vigilance ont été passés »
L’allocution d’Élisabeth Borne permettra-t-elle d’apaiser la colère de Valérie Pécresse ? Ce matin, la présidente de la région Ile-de-France, qui n’avait visiblement pas été aussi chanceuse que Martin Lévrier, pestait sur Twitter :
La ministre des Transports s’est défendue en insistant sur l’information qui avait été délivrée « en amont » : « Les messages de vigilance ont été passés. » Et d’ajouter, pour justifier une information voyageurs parfois insuffisante : « Le trafic des transports en commun n’était pas forcément prévisible et moins d’agents étaient dans les stations pour les mêmes raisons. »
« L’État n’était pas prêt »
Pour Sophie Primas, sénatrice LR des Yvelines, les mesures de prévention étaient insuffisantes : « L’État n’était pas prêt alors qu’on a des plans de prévention pour tout et n’importe quoi. » Bien qu’elle ne « mésestime pas la difficulté » de faire face à ces aléas climatiques, elle considère que des « mesures de régulation du trafic routier » auraient pu être prises en amont afin d’éviter les centaines de « naufragés routiers ». Et l’exécutif avait beau avoir bloqué les camions en dehors d’Ile-de-France, cela n’a pas empêché l’un d’entre eux de se retrouver en travers de l’A12, remarque la sénatrice.
En tant qu’ancienne maire, Sophie Primas reçoit encore les alertes des préfectures. Cette fois-ci, elle ne l’a reçu que « dans l’après-midi d’hier » : « C’est super tard alors qu’aujourd’hui on peut avoir des prévisions météorologiques à 48h » fustige-t-elle. Son collègue LREM Martien Lévrier préfère, lui, voir le verre à moitié plein : « On savait qu’il allait neiger, on avait été prévenus par l’alerte orange. » Les discordances ne sont pas terminées car, comme l’a souligné Élisabeth Borne, c’est désormais au verglas auquel il faut s’attendre dans les heures qui viennent.