Jusqu’ici la France faisait figure de bonne élève. Mais le Parlement français vient d’autoriser la réintroduction des néonicotinoïdes pour sauver la filière betteravière. Et ce alors que cet insecticide « tueur d’abeilles » est interdit au sein de l’Union européenne depuis 2018. Mais la réglementation européenne permet des dérogations en cas « de danger ou une menace compromettant la production végétale (…) et ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables » comme l'explique Anna Cavazzini .
La multiplication des dérogations en Europe : un danger
Et même si c’est dans ce cadre-là que la France a réautorisé jusqu’en 2023 les néonicotinoïdes, l’eurodéputée allemande (Les Verts) Anna Cavazzini y voit « un danger ». « Si un pays fait une exception, l’autre pays va faire une exception et le troisième aussi et on va se demander pourquoi on a une réglementation européenne si tous les pays à la fin peuvent décider d’une dérogation. Ça ne fait pas de sens. » C’est pourquoi avec son groupe les Verts au Parlement européen, elle essaie « de faire pression sur la Commission pour qu’elle enquête davantage sur ces cas, ces soupçons d’abus. La Commission doit mieux contrôler ! »
Mais pour Jérémy Decerle, lui-même agriculteur et députée européenne français (REmew Europe) pointe avant tout les progrès accomplis depuis des décennies en Europe. « Il n’y a plus que pour la betterave qu’on est obligé de faire une dérogation aujourd’hui en France. C’est plutôt satisfaisant. On a réussi presque à réduire à hauteur de 80% notre dépendance aux néonicotinoïdes. C’est quand même mieux. Et je trouve qu’on ne prend pas assez souvent l’amélioration en compte. »
« Le dernier vote sur la PAC est déprimant »
Un discours qui ne passe pas pour Anna Cavazzini. L’élue allemande se dit d’ailleurs très déçue par l’adoption de la dernière PAC (politique agricole commune). « Le Pacte vert est vraiment un progrès, ça va dans le bon sens. Mais le dernier vote sur la PAC est un peu déprimant car il prend une autre direction. C’est la même PAC qu’il y a 20 ans, elle n’a pas changée, elle n’est pas devenue plus verte. »
Et pourtant, l’Union européenne avec la PAC se fixe un nouvel objectif : réduire de moitié les pesticides d’ici 2030. Un cap ambitieux…mais sans réel mécanisme de contrainte …
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