Nicolas Dupont-Aignan peine à trouver sa voie et sa liste

Nicolas Dupont-Aignan peine à trouver sa voie et sa liste

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a choisi de faire bande à part du Rassemblement national pour les élections européennes...
Public Sénat

Par Anne RENAUT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a choisi de faire bande à part du Rassemblement national pour les élections européennes mais peine à trouver sa voie et sa liste après avoir dû renoncer à une candidate ultralibérale aux tweets polémiques.

Ultraconservatrice, ultralibérale, l'ancienne avocate Emmanuelle Gave devait figurer en place éligible sur la liste des Amoureux de la France conduite par Nicolas Dupont-Aignan, créditée selon le dernier sondage Ifop-Fiducial de février de 6% des voix, après avoir atteint 8% en décembre.

Mais rattrapée par ses messages à caractère raciste ("il y a beaucoup trop de Noirs dans les courses de 100m") voire négationniste (la liberté d'expression "devrait pouvoir s'étendre à la réfutation de la Shoah") sur les réseaux sociaux, qu'elle a pourtant effacés en grand nombre la semaine dernière, elle a été désavouée mercredi par le chef de Debout la France (DLF).

Des propos qui ne concordent pas avec ceux de Nicolas Dupont-Aignan qui se présente comme un candidat "sérieux" sur ces questions par rapport au RN, après avoir été l'allié de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

"Ca été difficile comme décision", a admis jeudi sur France Bleu Paris M. Dupont-Aignan, qui défendait encore Mme Gave dimanche sur France 3.

- Blocage des banques -

"L'honneur d'une famille est en cause", avait déclaré le député de l'Essonne dans une allusion au père, le financier Charles Gave, qui pourrait figurer sur la liste en position non éligible, ce qui lui permet de contribuer financièrement à la campagne sans plafond.

"Comme on se heurte au blocage des banques, chaque candidat pourra contribuer à la campagne", explique M. Dupont-Aignan.

Selon le quotidien L'Opinion, Charles Gave apportera près de deux millions d'euros à la campagne de DLF, soit près de la moitié de ce que l'Etat rembourse (4,5 millions d'euros) si la liste obtient au moins 3% des voix.

Le chef de DLF a pris sa défense dimanche, épousant à demi-mot la thèse controversée du "grand remplacement" (de la population européenne par la population immigrée), que soutient Charles Gave, par ailleurs très critique du milliardaire américain George Soros.

- Pas de prise de guerre -

Cette candidature ne contribue pas non plus à éclaircir la ligne économique de M. Dupont-Aignan. Lorsque Charles Gave défend l'initiative privée sauf pour les domaines régaliens, le chef de DLF réclame lui la nationalisation des autoroutes.

M. Dupont-Aignan a d'autant plus de mal à constituer sa liste qu'il n'a pas obtenu sa prise de guerre, qui devait être l'ancienne secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse (2010-2012) Jeannette Bougrab. Celle-ci ne répond plus à ses SMS et a clairement tweeté le 24 janvier qu'elle n'avait "pas l'intention (de) revenir" en politique.

L'ancien ministre LR Thierry Mariani a aussi échappé à M. Dupont-Aignan, parti rejoindre le RN, alors qu'il l'avait également sollicité.

Le chef de DLF devra en outre composer sur sa liste avec les candidatures des deux autres petites formations associées, le Parti Chrétien-Démocrate et le CNIP (Centre national des indépendants et paysans), et les anciens élus RN qui l'ont rejoint à l'automne.

Enfin le patron de DLF, soutien des "gilets jaunes", ne profite même pas de ce mouvement: c'est le parti de Marine Le Pen qui rafle la mise, d'après les sondages.

Quant aux coups d'éclat dont Nicolas Dupont-Aignan et son parti sont familiers, ils ne paient pas toujours.

L'eurodéputé DLF (ex RN) Bernard Monot a ainsi dû effacer sa vidéo, diffusée en janvier, où il affirmait qu'Emmanuel Macron, allait "livrer" l’Alsace et la Lorraine à l'Allemagne en signant le traité de coopération franco-allemande d'Aix-la-Chapelle.

M. Dupont-Aignan a admis que la vidéo avait été "excessive", même si sans elle, selon lui, "personne n'en aurait parlé".

Dans la même thématique

Nicolas Dupont-Aignan peine à trouver sa voie et sa liste
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Nicolas Dupont-Aignan peine à trouver sa voie et sa liste
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le