Nicolas Florian, qui doit prendre jeudi la succession d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, ne veut pas être un "maire de transition" et compte bien être réélu aux municipales de 2020.
Q : Après Juppé, est-ce que Bordeaux attend une nouvelle pointure nationale et ne serez-vous qu'un maire de transition ?
R : Je fais mes courses le samedi, je prends le tram. Personne ne m'a dit +On vous trouve sympa mais on aurait préféré une pointure+. Alain Juppé m'a dit "tu acceptes de prendre la suite, charge à toi de t'inscrire dans la durée+. Moi, je m'inscris dans la durée. Je ne serai pas un maire d'intérim, ou alors cela voudra dire que les Bordelais considèrent que nous ne faisons pas le job. Quelqu'un de l'extérieur, ça ne marchera pas. Je suis convaincu qu'en 2020, je serai réélu, parce que je vais répondre aussi aux attentes de mes concitoyens. Je ne ferai pas plus de deux mandats. Peut-être...
(Quant à une éventuelle candidature LREM en 2020, ndlr), on est là dans la cuisine électorale. Je ne m'inscris pas dans cette réflexion. Le moment venu se posera la question des alliances, mais sur un projet.
Q: Pourquoi Bordeaux est un bastion "gilets jaunes" ?
R: Il y a eu un focus parce que c'est la ville d'Alain Juppé. Ça donne une audience de manifester dans la ville de l'ancien Premier ministre. Bordeaux est la photographie territoriale d'une forme de malaise exprimé par les "gilets jaunes" sur cette France périphérique qui est dans un sentiment d'abandon de services publics, d'éloignement.
Parmi les attentes exprimées, il y a notamment l'accès au logement. Il faut continuer sur l'accession abordable. La souffrance sur la précarité, le pouvoir d'achat, se traduit aujourd'hui par un besoin de vie sociale, d'échanger, de créer du lien. Il faut l'entendre. Je proposerai ce qui pourrait être un référendum d'initiative locale. On fera une maison de la parole. Les gens pourront se retrouver, exprimer les attentes, s'engueuler sur des sujets municipaux.
Q: Toujours membre des Républicains (LR), au contraire d'Alain Juppé ?
R: Je me suis posé la question quand Alain Juppé a fait le choix de prendre ses distances. Il est de bon ton aujourd'hui de critiquer les corps intermédiaires, les partis politiques. Pour structurer une société, on a besoin de repères, les partis politiques en font partie. Je ne suis pas dans la sensibilité actuelle du président de LR, mais s'il y a un abandon de tous ceux qui ont des sensibilités différentes, ça s'assèche. Je reste proche de Valérie Pécresse mais pour me consacrer à 100% à mon activité de maire, je vais démissionner du poste de secrétaire général adjoint de Libres !.
Mes parents étaient très gaullistes. Mon grand-père paternel, immigré italien -- Florian est un nom de la région de Venise - est venu en France à l'époque de Mussolini. Mon grand-père maternel était agriculteur et communiste. Les repas de famille le dimanche, quand on parlait politique, c'était un peu compliqué mais cela se faisait dans une bienveillance commune. J'en ai retiré qu'on peut se parler, même si on n'a pas du tout les mêmes convictions.