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Nicolas Mayer-Rossignol et ses amis promettent de « changer radicalement le PS »

A deux semaines du vote des militants, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui ambitionne de détrôner Olivier Faure de la tête du PS, a présenté avec sa « dream team » les « 100 premier jours » de son action, s’il remporte le congrès du parti. Avec une ambition : ne pas être « une gauche fantasmée », explique François Kalfon, mais plutôt « une gauche qui veut traiter les problèmes du réel ».
François Vignal

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Remettre le parti en marche. C’est le message que Nicolas Mayer-Rossignol et ses amis veulent faire passer. L’opposant numéro 1 au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, entend l’emporter cette fois, plus de deux ans après avoir perdu d’un cheveu, lors du congrès de Marseille où les socialistes se sont déchirés en beauté. Fort de la fusion de sa contribution, nouveau nom des courants, avec celle de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, et celle des députés Philippe Brun et Jérôme Guedj et de la sénatrice Laurence Rossignol, le maire de Rouen caresse de sérieux espoir.

Histoire de montrer qu’ils préparent déjà l’après, Nicolas Mayer Rossignol et une partie de sa « dream team » a présenté les grandes orientations qu’ils entendent donner au parti, « au lendemain du congrès pour le PS », qui se tiendra à Nancy du 13 au 15 juin. « Une équipe déjà prête, dès maintenant », vante le premier signataire du texte d’orientation, fruit de la fusion des contributions. Habituellement, ce genre d’exercice sur les premiers jours de prise de pouvoir est réservé aux candidats à l’élection présidentielle. Qu’importe. Ces anti-Faure – même s’ils récusent l’idée de constituer un « tout sauf Faure » – comptent sur les « 100 premiers jours », pour « changer radicalement le PS », lance Philippe Brun. Nicolas Mayer Rossignol imagine « un nouveau socialisme populaire, républicain et démocratique », où la laïcité a toute sa place.

« Il est hors de question de laisser des territoires sans socialiste » pour les municipales

Au programme, une série d’initiatives, visant à « mettre en ordre de marche » le parti, comme dit François Kalfon, « pour préparer les municipales », puis la présidentielle. Sans surprise, s’il prend les rênes du Parti socialiste, Nicolas Mayer Rossignol mettra le cap sur les municipales de mars 2026. Avec un objectif : « Il n’y aura pas de commune sans candidature socialiste », « il est hors de question de laisser des territoires sans socialiste », prévient le maire de Rouen. Ce qui ne se traduira pas forcément par une candidature comme tête de liste, mais au moins une présence sur celles-ci. « Il y a un problème d’effacement du PS, il y aura des zones blanches », alerte Jérôme Guedj. François Kalfon parle lui d’« un gauche où le PS n’est pas dans le dernier wagon, mais dans la locomotive ».

Autre idée : créer « un laboratoire des territoires » s’appuyant sur le travail des élus locaux, des parlementaires ou de chercheurs, ou encore des « écoles de l’engagement » pour former les militants. « Pour citer Jean-Pierre Chevènement, le PS, c’est l’instituteur du peuple. On va réhabiliter la formation politique », lance François Kalfon. L’ancienne présidente du groupe PS de l’Assemblée, Valérie Rabault, entend renforcer la place du PS au sein du Parti socialiste européen. « Le PS n’y est pas assez représenté », pointe l’ancienne députée.

« La direction du PS a tendance à s’arranger avec les règles de la parité »

Gabrielle Siry-Houari, ancienne porte-parole du PS et adjointe au maire du 18e arrondissement de Paris, insiste de son côté sur la nécessité de « mettre en place une parité vraiment paritaire », autrement dit, de proposer aussi des « circonscriptions gagnables » aux femmes, car « la direction du PS a tendance à s’arranger avec les règles de la parité ».

Après une consultation des syndicats et ONG et la création d’un conseil scientifique indépendant, en septembre, viendra en octobre le moment de lancer un cycle de discussions avec les forces politiques de gauche et écologistes, en s’appuyant sur le travail issu des conventions thématiques. Avec à la clef la question, encore plus épineuse, du candidat à la présidentielle.

« Référendums militants pour toute décision stratégique, notamment sur la question des alliances »

Côté vie du parti, une « réforme des statuts » est dans les tiroirs, explique Lamia El Aaraje, la première secrétaire de la fédération PS de Paris, qui pointe la direction :

 Le PS est géré aujourd’hui comme une petite boutique, par un clan. 

Lamia El Aaraje, la première secrétaire de la fédération PS de Paris.

S’ils gagnent, les membres de « Changer pour gagner », nom du texte d’orientation C (TOC), promettent d’organiser des « référendums militants pour toute décision stratégique, notamment sur la question des alliances ». Pour rappel, les membres du TOC rassemblent ceux qui ont milité contre l’accord avec LFI, en particulier lors de la Nupes.

Sur le fond, les conventions programmatiques devront « trancher les points clefs, trouver les points d’équilibre », explique François Kalfon. Mais pas pour être « une gauche fantasmée », mais plutôt « une gauche qui veut traiter les problèmes du réel. Nous avons vocation à gouverner ». « Est-ce qu’on accepte le plafond de verre, car la gauche ne parle qu’à elle-même ? » Une « gauche qui s’extrême-gauchise ? » demande l’eurodéputé PS, qui souhaite « que la gauche qui gouverne soit de retour ».

« Ni Hollande, ni Mélenchon. On regarde devant, pas dans le rétro »

Une gauche hollandaise en somme ? Les fauristes n’hésitent pas à agiter le chiffon rose, que constitue pour une partie de la gauche, l’ancien chef de l’Etat. François Kalfon écarte l’idée qu’il y aurait « un absent, très présent », qui serait dans le placard. « Ce n’est pas au musée qu’on règle les questions devant nous », lance-t-il. « Je ne regarde ni Hollande, ni Mélenchon. On regarde devant, pas dans le rétro », ajoute Jérôme Guedj. Mais sur ce point de l’héritage de François Hollande, on sent des nuances chez ces alliés de congrès. « François Hollande n’est pas un adversaire, mais il n’est pas une inspiration », soutient Carole Delga, présidente de la région Occitanie, qui insiste : « Nous ne faisons pas de François Hollande un bouc émissaire, ni un adversaire ».

Les socialistes attendent maintenant le vote du 27 mai sur les textes d’orientation, une forme de premier tour, avant la finale du 5 juin. Les regards se tourneront certainement vers le président du groupe PS, Boris Vallaud, qui fait office de troisième homme et peut-être de faiseur de roi. « Sans vendre la mèche, c’est évident que nous sortirons probablement en tête, devant Olivier Faure et Boris Vallaud sera obligé de dire ce qu’il fait », soutient l’ancien sénateur PS David Assouline. Si la fusion n’a pas été possible pour l’heure, il souligne « les convergences » et « tend la main » à nouveau au député des Landes.

« Nous n’avons de leçon de gauche à recevoir de personne »

Reste que certains des amis de Boris Vallaud répondent « on est de gauche », quand on leur demande vers qui ils pourraient se tourner en cas de second tour Faure/Mayer-Rossignol. Comprendre, dans leurs esprits, qu’ils n’iront pas vers la contribution du maire de Rouen, soutenue par la partie la plus sociale-démocrate du parti. Et n’allez pas parler d’« aile droite », au risque de susciter quelques réactions épidermiques, assez symptomatique des divisions qui traversent encore le parti à la rose.

« Nous n’avons de leçon de gauche à recevoir de personne », rétorque Nicolas Mayer Rossignol. « Nous n’avons aucun brevet de gauche à recevoir », insiste François Kalfon, qui demande : « Et les hologrammes, des tribunes, ça change la vie de combien de chômeurs ? » L’action du maire de Montpellier, Michaël Delafosse, avec sa « gratuité dans les transports », est mise en avant comme exemple concret.

Piquée aussi au vif, Carole Delga réplique à son tour : « C’est quoi ces anathèmes, de dire qu’on est de droite ? En Occitanie, c’est 14 millions de billets de train à un euro. Qui fait ça en France ? Personne ». Elle continue : « Moi je mets un million d’euros pour l’accueil de migrants. Et je suis protégée par la police car je suis menacée par l’extrême droite ». Nicolas Mayer Rossignol compte surtout sur la cohérence de Boris Vallaud. « S’il n’est pas resté avec Olivier Faure, c’est qu’il n’est pas pour le statu quo », espère le maire de Rouen. A moins que le député des Landes choisisse… de ne pas choisir.

(avec Stéphane Duguet)

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