« Je sais qui est Richard Ferrand, un stratège, un homme qui est proche d’Emmanuel Macron », tranche directement le député du groupe écologiste et social Alexis Corbière. Alors que la candidature de Richard Ferrand pour la présidence du Conseil constitutionnel est examinée aujourd’hui par les commissions des lois du Parlement, la gauche s’oppose frontalement à la nomination de ce proche d’Emmanuel Macron. Désigné par Emmanuel Macron, l’ancien président de l’Assemblée nationale pourrait être recalé par les parlementaires en cas de vote négatif de ⅗ ème des membres des commissions des lois. Si l’ancien député du Finistère n’exerce plus de mandat politique depuis sa défaite aux élections législatives de 2022, la personnalité de Richard Ferrand et sa proximité avec Emmanuel Macron inquiètent. Alors que les députés LR ont annoncé qu’ils s’opposaient à sa nomination, le vote devrait être serré.
Le rejet d’un « des plus proches conseillers d’Emmanuel Macron »
Pour Alexis Corbière, le risque est de mettre en question la légitimité du Conseil constitutionnel et son impartialité dans son rôle de contrôle de la constitutionnalité des lois. Une critique de plus en plus fréquente, à gauche comme à droite, notamment lors du contrôle sur la réforme des retraites ou sur la dernière loi immigration. « Richard Ferrand, je n’ai rien contre lui, mais c’est un homme qui a dit que l’on pourrait imaginer que si le président de la République démissionnait il pourrait se présenter pour un troisième mandat », s’inquiète Alexis Corbière. En juin 2023, dans un entretien accordé au Figaro, Richard Ferrand avait affirmé regretter la limitation du mandat présidentiel. En effet, l’article 6 de la Constitution limite l’exercice présidentiel à deux mandats consécutifs.
Pour le député Écologiste et social, la nomination de Richard Ferrand représente un risque. « C’est un des plus proches conseillers d’Emmanuel Macron. C’est directement mettre le Conseil constitutionnel sous tutelle de l’entourage du président de la République », déplore Alexis Corbière. Néanmoins, pour Alexis Corbière la nomination d’une personnalité politique reste une possibilité. « Je ne suis pas pour le Conseil constitutionnel des juges, froid et détaché […] ça ne me dérange pas qu’il y ait des personnalités politiques », assure le député de Seine-Saint-Denis.
« C’est un mauvais service à rendre au Conseil constitutionnel »
Avec la nomination d’un proche d’Emmanuel Macron, Alexis Corbière craint un rejet encore plus fort des institutions de la Ve République et lance un appel en faveur d’une refonte des institutions. « C’est un mauvais service à rendre au Conseil constitutionnel […] Le temps est venu de passer à des institutions plus démocratiques », assure le député Écologiste et social. En décembre 2024, un sondage estimait que 56 % des Français souhaitaient mettre fin à la Ve République. « L’affaire Ferrand n’est qu’un révélateur du caractère décomposé de nos institutions de plus en plus rejetées par les gens », conclut Alexis Corbière.