Gabriel Attal

Nommé à Matignon, Gabriel Attal devient le plus jeune Premier ministre de la Ve République

Étoile montante de la macronie, le ministre de l’Éducation nationale a été nommé à la tête du gouvernement par Emmanuel Macron, ce 9 janvier 2024. À 34 ans, il devient le plus jeune Premier ministre de la Cinquième République.
Guillaume Jacquot

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Plus qu’un remaniement, un changement de gouvernement. Au terme d’une longue attente, symptôme d’arbitrages compliqués, Emmanuel Macron a nommé ce 9 janvier 2024 Gabriel Attal pour Matignon, a-t-on appris par communiqué. À 34 ans, le ministre de l’Éducation nationale, devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Ve République, dépassant le record du socialiste Laurent Fabius, nommé à Matignon en juillet 1984 à 37 ans.

Il succède à Élisabeth Borne, qui aura occupé cette fonction pendant près d’un an et huit mois. Comme le veut l’usage, elle a présenté une lettre de démission.

Le président de la République a indiqué sur X (anciennement Twitter) « pouvoir compter sur son énergie et son engagement pour mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération ».

 

Élu une première fois député des Hauts-de-Seine en 2017, Gabriel Attal, inconnu jusqu’alors, va progressivement se faire un nom. Son poste de rapporteur du projet de loi du projet de loi ORE (Orientation et réussite des étudiants) est la première occasion pour lui de sortir de l’anonymat. C’est son premier baptême du feu parlementaire. Durant plusieurs séances, il doit défendre face aux oppositions le nouveau système d’orientation Parcoursup.

Il entre au gouvernement d’Edouard Philippe en octobre 2018, au poste de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale. En charge de la vie associative et de la jeunesse, il porte la création du service national universel (SNU). Il est alors le plus jeune membre d’un gouvernement sous la Ve République, record tenu jusque-là par François Baroin depuis 1995.

Un porte-parole du gouvernement en pleine pandémie

Il occupe ensuite les fonctions de porte-parole du gouvernement sous l’autorité de Jean Castex (2020-2022), prenant la succession de Sibeth Ndiaye. Rompu aux joutes verbales dans les médias, qualifié dans la presse de « sniper », il assure la communication du gouvernement dans une période délicate, celle du Covid-19, mais aussi dans une période précédant la seconde campagne électorale d’Emmanuel Macron. Une fonction exposée, qui rappelle son passage au porte-parolat de La République en marche en 2018. Une sortie médiatique, durant la réforme ferroviaire de 2018, est restée en mémoire. Lors d’une interview, il dit ne « pas comprendre » la grève à la SNCF et appelle les cheminots à « sortir de la gréviculture ». Autre moment fort du printemps : il prend ses distances avec le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, en pleine polémique pour avoir parlé de « benchmarking » des migrants. L’été de la même année, il est l’un des fidèles du président de la République à monter au créneau pour le défendre en pleine affaire Benalla.

Au cours de la première année du deuxième quinquennat, il devient ministre délégué chargé des Comptes publics, un ministère technique qui lui vaut d’être exposé une fois encore au Parlement au moment de l’examen du projet de loi de finances. Lors de son passage à Bercy, il met l’accent sur la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, et particulièrement sur l’intensification du contrôle des arrêts maladies. Il est ensuite appelé au ministère de l’Education nationale le 23 juillet 2023.

À peine six mois rue de Grenelle

Commence alors une période d’intense exposition médiatique pour le successeur de Pap Ndiaye, qui ouvre de nombreux chantiers, tous azimuts. Parallèlement, sa popularité fait un bond et il se hisse parmi les personnalités politiques les plus appréciées des Français, au sein du camp présidentiel. Expérimentation de l’uniforme dans certains établissements scolaires, interdiction de l’abaya, offensive sur les savoirs fondamentaux, lutte contre le harcèlement scolaire, groupes de niveaux dans les collèges, le jeune ministre multiplie les annonces.

Moins de six mois après son arrivée rue de Grenelle, difficile de tirer un bilan sur un laps de temps aussi court. Son discours séduit cependant la majorité sénatoriale de droite et du centre, devant laquelle il bénéficie d’une relative bienveillance.

C’est aussi au Parti socialiste, qu’il a fait ses premières armes, en 2006. Pendant la contestation du contrat premier embauche, Gabriel Attal rejoint le parti à la rose, pour soutenir la campagne de Ségolène Royal, avant de soutenir Dominique Strauss-Kahn en vue de la présidentielle de 2012. Le jeune dipômé, passé par l’École alsacienne et Sciences Po Paris intègre le cabinet de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales de François Hollande. Il adhère à En Marche dès 2016. Conseiller municipal de Vanves depuis deux ans, il n’a alors aucun poids politique national. Des origines politiques qui peuvent rassurer l’aile gauche de la macronie.

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