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Nouveau gouvernement : « Il faut qu’Emmanuel Macron comprenne qu’il n’est plus le maître des horloges »

Le Président de la République est de nouveau à la manœuvre. Après le renversement du gouvernement Barnier, il lui revient de nommer un nouveau Premier ministre. Ce mardi 10 décembre, il a reçu les chefs de partis politiques hors RN et LFI. Analyse avec des politologues.
Quentin Gérard

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Emmanuel Macron est de retour sur le devant de la scène. Pendant trois mois, le Président de la République s’est mis en retrait de la politique nationale pour laisser Michel Barnier gouverner. Il s’est davantage tourné vers l’international. En visite en Arabie saoudite la semaine dernière, tous les yeux ont à nouveau été tournés vers lui. Le gouvernement Barnier est tombé après le vote de la motion de censure du NFP, votée par les voix de la gauche et du Rassemblement national. La tâche de nommer un nouveau Premier ministre lui incombe. Depuis quelques jours, Emmanuel Macron est à nouveau au cœur du réacteur.

Ce mardi 10 décembre, le chef d’Etat a reçu les cadres des différents partis politiques, à l’exception du Rassemblement national et de La France Insoumise, pour défricher la route lui permettant de nommer un nouveau Premier ministre. Après avoir enchaîné des réunions à l’Elysée camp par camp ces derniers jours, aujourd’hui, tous étaient autour de la table pour échanger sur une « plateforme programmatique ». Le Président de la République souhaite ensuite nommer un chef de gouvernement dans les 48 heures.

Le chef d’Etat « n’a plus 36 solutions »

« Emmanuel Macron est dans une situation assez simple », résume Luc Gras, politologue. « Soit il espère un gouvernement allant du Parti socialiste, des Verts et pourquoi pas des Communistes à Les Républicains en passant par le centre, ce qui lui permettra d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale. Ou il échoue à nouveau et à nouveau une motion de censure vient faire tomber le nouveau gouvernement. Il sera alors sous la pression politique et peut-être même de la rue pour démissionner », explique l’analyste politique. « Aujourd’hui, le président n’a pas intégré ce choix binaire. Il imagine encore faire un gouvernement d’intérêt général sur lequel il pourra avoir la main », poursuit le politologue.

Pour Luc Gras, « il faut qu’Emmanuel Macron comprenne qu’il n’est plus le maître des horloges ». Le chef d’Etat « n’a plus 36 solutions », abonde encore le spécialiste de la vie politique. « La seule voie possible est de nommer un Premier ministre de gauche sur un programme qui permet aussi à la droite et au centre de faire partie du gouvernement », indique le politologue. Pour ça, « le président doit lâcher quelque chose d’emblématique à la gauche, comme la réforme des retraites » et « la gauche doit aussi lâcher quelque chose à la droite, notamment sur les questions de sécurité et d’immigration », explique Luc Gras. « Ce qui permettra à chacun de donner satisfaction à ses électeurs », poursuit-il. Et de résumer : « Si Macron veut sauver son poste, les partis politiques hors LFI et RN sont obligés de s’entendre ».

Macron « sanctionne le RN »

Si La France Insoumise a rejeté une première invitation d’Emmanuel Macron à l’Elysée la semaine dernière, les chefs de parti LFI n’ont pas été conviés ce mardi 10 décembre. De son côté, le Rassemblement national était demandeur et n’a pas du tout été convié. Pourquoi se mettre à dos le RN ? « Il y a un aspect sanction. Le président reproche au Rassemblement national d’avoir censuré le gouvernement alors que Michel Barnier avait fait des concessions. Quelques jours avant, Macron croyait impensable le vote de la motion de censure par les troupes de Marine Le Pen », rappelle Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS. « Il y a aussi la redéfinition d’un espace politique avec le front républicain où tous ceux qui ne sont pas vus comme des extrêmes peuvent s’entendre. Mais ce n’est pas sans risque avec le nombre d’électeurs acquis au Rassemblement national qui pourraient se sentir méprisés », poursuit l’auteur du livre « Les ressorts cachés du vote RN ».

« Emmanuel Macron joue sur l’effet repoussoir du Rassemblement national », explique Luc Gras. « C’est la même stratégie qui lui a permis de gagner deux élections présidentielles. Il se sert plus que raisonnablement du RN », poursuit-il. Mais le politologue admet que la volonté « d’écarter les 141 députés RN et associés de la représentation nationale est aujourd’hui compliquée à défendre politiquement ». Ce mardi 10 décembre, Marine Le Pen a réagi à cette absence d’invitation. « De ce mépris, je fais mon miel, ça ne m’atteint pas. Être reçue à l’Elysée pour quoi faire ? Nous sommes dans l’opposition et nous sommes la seule opposition », a lancé la cheffe de file des députés RN.

« On assiste à un retour en force de l’Elysée »

Emmanuel Macron peut-il sortir renforcé de cette séquence ? Oui selon le baromètre YouGov pour le HuffPost. La cote de popularité du chef de l’Etat connaît une hausse de quatre points d’intentions favorables en l’espace d’un mois, passant de 18 à 22 %. « Il est vu comme le garant des institutions dans une situation très chaotique. Dans sa récente allocution, il a rappelé qu’il était encore la pour quelques années, qu’il n’allait pas démissionné et qu’il était en charge des grandes orientations du pays », analyse le directeur de recherches au CNRS.

A rebours de Luc Gras, pour Luc Rouban, « on assiste à un retour en force de l’Elysée ». Depuis la dissolution, « on croyait qu’on avait fait évoluer le régime de la Ve République et qu’on revenait à un régime parlementaire, mais finalement ce n’est pas le cas », souligne le politologue. « Dans le fond, il y a un vrai problème d’auto-organisation de la classe politique. Le président essaie de reprendre son rôle, car il se rend compte qu’il n’y a aucun accord possible entre les partis », ajoute Luc Rouban. Et de conclure : « Emmanuel Macron tente finalement de réaffirmer son autorité ».

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