Les discussions auront duré un peu moins de trois heures. Emmanuel Macron a réuni ce mardi 10 décembre les chefs des principaux partis politiques à l’Elysée, à l’exclusion du Rassemblement national et de La France insoumise, annonçant son intention de désigner un nouveau Premier ministre « dans les 48 heures ». Autour de la table, la gauche a réaffirmé sa volonté d’accéder aux responsabilités, mais dans le cadre d’un pacte de non-agression avec les autres formations politiques.
« Nous avons suggéré le fait que le gouvernement renonce au 49.3, à tout passage en force, en échange de quoi les oppositions renonceraient à la motion de censure », a expliqué Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste, à sa sortie de l’Elysée, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une réunion programmatique mais d’un échange sur la méthode. « Sur cette chose simple, nous avons l’impression que les choses ont avancé », a-t-il indiqué. « Il y a peut-être là une piste d’atterrissage » qui permettrait de « rechercher à la loyale des compromis ».
« Nous ne sommes pas venus chercher une nouvelle alliance ni une grande coalition mais la possibilité de la stabilité », a résumé Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.
« Il y a une personne que j’ai peu entendue pendant cette réunion, c’est Gabriel Attal »
« C’est un exercice de reconnaissance de la démocratie parlementaire. Cela veut dire aussi que cela nous oblige, car il faudra travailler en équipe à l’Assemblée nationale », a fait valoir Marine Tondelier, la patronne des écologistes. « Quelques personnalités autour de la table, qui n’étaient pas de notre camp politique, ont pu trouver l’idée intéressante. C’est une idée qui doit infuser. »
« Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a encore assuré Olivier Faure. La gauche attend désormais que l’ensemble du bloc central se positionne sur ce scénario. « Il y a une personne que j’ai peu entendue pendant cette réunion, c’est Gabriel Attal », a pointé Cyrielle Chatelain, la cheffe de file des députés écologistes, estimant que la position du nouveau patron de Renaissance reste « extrêmement vague ». « Je pense que c’est l’un des points d’immobilisme », ajoute-t-elle.
Sur le volet programmatique, socialistes et écologistes attendent la nomination du nouveau chef de gouvernement avant d’entamer des discussions sur ce sujet. « Le Président de la République a lui-même admis qu’il n’était pas celui avec qui négocier les questions de fond », rapporte Olivier Faure. « Maintenant, on demande au président de la République de revenir à son rôle et de nommer un Premier ministre. En tout cas nous, nous ne travaillerons qu’avec un Premier ministre et l’on souhaite qu’il soit issu du Nouveau front populaire », martèle Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste au Sénat.
« Nous voulons considérer que cette rencontre est peut-être le début d’une réponse à la montée, qui semble inexorable, de l’extrême droite en France », a néanmoins salué Patrick Kanner, le chef de file des socialistes de la Chambre haute.