Nouveau gouvernement : qu’en pensent les partenaires sociaux ?

Nouveau gouvernement : qu’en pensent les partenaires sociaux ?

Au lendemain de l’annonce de la composition du gouvernement, les partenaires sociaux ont réagi. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, récolte majoritairement des avis favorables. Gérald Darmanin, en charge de l’Action et des Comptes publics, et Bruno Le Maire, nommé à Bercy, cristallisent quant à eux les inquiétudes de Force Ouvrière. De son côté, Pierre Gattaz, patron du Medef, applaudit des deux mains les choix du couple exécutif.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Si Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, avait appelé à voter Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen, Jean-Claude Mailly, à la tête de Force ouvrière, avait, lui, refusé de dévoiler son intention de vote, tout comme Philippe Martinez (CGT), qui avait invité à voter contre le FN sans explicitement appeler à mettre un bulletin dans l’urne pour le leader d’En Marche. Emmanuel Macron élu et le gouvernement nommé, la méfiance semble désormais laisser place à la bienveillance. Du moins à l’égard de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Muriel Pénicaud a « plutôt le bon profil » mais « on verra dans l’action »

« Elle a été DRH et tous les DRH sont des salariés. Elle a été bonne DRH, elle a fait du dialogue social, elle a négocié. » Invité ce matin des 4 vérités sur France 2, Jean-Claude Mailly estime que Muriel Pénicaud a « plutôt le bon profil ». La ministre du Travail, issue de la société civile, a effectué une grande partie de sa carrière le privé, en travaillant pour de grands groupes internationaux comme Danone, Dassault ou encore Orange. Pas de quoi rebuter le syndicaliste qui, pour l’avoir « connu au cabinet de Martine Aubry », trouve qu’il s’agit de quelqu’un « de direct, qui dit les choses et qui a une connaissance à la fois technique et politique des dossiers ». « Mais quand on est ministre on ne décide pas tout seul, il y a un Premier ministre et un Président », tempère le syndicaliste. Il espère d’ailleurs rencontrer prochainement le Président de la République, avec qui il doit « définir un cap ».

Du côté de la CFDT, même son de cloche. Son secrétaire général, Laurent Berger, va même jusqu’à dire qu’il l’ « apprécie ». Il la connaît car «tous les responsables syndicaux l'ont côtoyée à un moment ou un autre, puisqu'elle a été DRH de Danone. » « Elle a une vision, elle pense qu'il faut articuler le développement économique avec la justice sociale », justifie-t-il. Il salue également le rapport « remarquable » de Muriel Pénicaud sur le bien-être au travail, qu’elle a corédigé avec Christian Larose et Henri Lachmann. Toutefois, lui aussi attend de pouvoir la juger sur les actes : « On verra dans l'action, mais c'est une nomination qui a du sens ».

La CGT accueille, quant à elle, avec beaucoup plus de réticence la nomination de Muriel Pénicaud : « Le couple Macron-Philippe se donne un atout fort, au service du maître du jeu, le grand patronat », peut-on lire dans le communiqué de la fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf-CGT). La fédération fustige le bilan de celle qui était DRH chez Danone : « Elle a su au nom de la compétitivité, organiser la casse des emplois et des conditions de travail. » Et d’ajouter : « Muriel Pénicaud est dans la droite ligne des politiques antisociales et de sacrifices imposés aux salariés sur l'autel des profits et de la stratégie de course à la valeur pour les actionnaires ».

Le programme « un peu hard » de Le Maire à la primaire

Bruno Le Maire, ministre LR chargé de l’Économie a, lui, plutôt tendance à crisper les syndicalistes. « Quand il était candidat à la primaire de droite, son programme était un peu hard », s’inquiète Jean-Claude Mailly.

Le secrétaire général de FO craint également pour le sort de la fonction publique, qui entre dans le portefeuille de Gérald Darmanin, ministre LR de l’Action et des Comptes publics, à défaut d’avoir un ministère propre : « Si la vision c’est la fonction publique et le service public c’est d'abord une dépense, ça démarre mal. »

Pour sa part, Pierre Gattaz, patron du Medef, ne trouve rien à redire. Ce matin, il a adressé « toutes (s)es félicitations à la nouvelle équipe gouvernementale » sur Youtube. « C’est une bonne nouvelle », a-t-il ajouté par communiqué.

 

Dans la même thématique

Taxe Zucman : après les députés, les sénateurs écologistes à l’offensive sur le projet d’impôt de 2 % sur la fortune des plus riches
6min

Politique

Taxe Zucman : après les députés, les sénateurs écologistes à l’offensive sur le projet d’impôt de 2 % sur la fortune des plus riches

La proposition de loi des députés écologistes, adoptée en février à l’Assemblée nationale, sera inscrite dans le prochain espace réservé de leurs homologues sénateurs. Inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, le texte instaure un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des « ultra-riches ». Ses chances d’adoption au Sénat sont très minces, mais ses partisans espèrent convaincre.

Le

Nouveau gouvernement : qu’en pensent les partenaires sociaux ?
3min

Politique

Réarmement : « Je pense que la Russie n’est pas une menace pour le territoire français », estime Éric Coquerel

Invité de la matinale de Public Sénat, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel revient sur la réunion à Bercy pour financer l’industrie de la défense. Si l’insoumis reconnaît une réflexion nécessaire, il estime cependant que la Russie ne représente pas une menace existentielle pour la France. Par ailleurs, le député demande au gouvernement d’organiser un débat avec vote au Parlement sur le sujet du réarmement.

Le