Nouveau plan pour promouvoir le vélo, encore boudé par les Français

Nouveau plan pour promouvoir le vélo, encore boudé par les Français

A l'heure où le vélo reste le parent pauvre de la politique des transports, le gouvernement dévoile vendredi un plan comprenant pour la première...
Public Sénat

Par Laure FILLON

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

A l'heure où le vélo reste le parent pauvre de la politique des transports, le gouvernement dévoile vendredi un plan comprenant pour la première fois un financement dédié à la petite reine et un forfait mobilité pour les salariés.

Le Premier ministre Edouard Philippe, la ministre des Transports Elisabeth Borne et le ministre de la Transition écologique François de Rugy détailleront 25 mesures, attendues depuis plusieurs mois, dans l'après-midi à Angers.

En avril, plus de 200 parlementaires avaient réclamé "un grand plan vélo". La France, comparée à ses voisins européens, arrive en queue de peloton pour l'usage du vélo comme moyen de transport.

Moins de 2% des trajets domicile-travail se font à vélo et 58% des personnes vivant à moins d'un kilomètre de leur travail s'y rendent en voiture, selon l'Insee, quand elles mettraient environ cinq minutes à vélo.

"La marche, le vélo et les autres mobilités actives sont encore les parents pauvres des politiques publiques", constate le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) chargé de conseiller le gouvernement.

Non polluante, silencieuse, outil efficace contre la sédentarité, la petite reine possède pourtant de nombreux avantages en termes de santé et d'environnement.

Pour favoriser son essor, le gouvernement va créer un fonds de 350 millions d'euros sur sept ans pour cofinancer des infrastructures avec des collectivités, soit 50 millions par an, là où les associations demandaient 200 millions par an.

Il s'agira par exemple de ponts ou de tunnels au niveau d'échangeurs autoroutiers, de rocades ou de voies ferroviaires pour assurer la continuité des pistes cyclables. Le premier appel à projets sera lancé en 2019, selon un dossier de presse.

- Le vélo au programme à l'école -

Autre mesure très attendue pour inciter les Français à aller au travail à bicyclette, la création d'une indemnité vélo prise en charge par l'employeur, sur le modèle de l'indemnité transports en commun. "On n'est pas dans une logique d'obligation", explique Edouard Philippe dans une interview au Courrier de l'Ouest. Ce forfait, facultatif, pourra aller jusqu'à 400 euros par an. L'Etat de son côté, "en tant qu'employeur, va mettre en place (un) forfait de 200 euros pour l'ensemble de ses agents et ce, à partir de 2020", précise le Premier ministre.

Le Premier ministre Edouard Philippe, à Tours le 11 septembre 2018
Le Premier ministre Edouard Philippe, à Tours le 11 septembre 2018
AFP/Archives

Le gouvernement espère que le système, plus simple que l'indemnité kilométrique facultative créée en 2016, sera adopté par les entreprises.

"Pour la première fois, l'Etat prend sa part", a salué Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de bicyclette (FUB). "Il y a des chances pour qu'une dynamique se crée", a-t-il poursuivi, estimant toutefois que les 50 millions d'euros par an devraient vite se révéler insuffisants et s'est dit "convaincu que dès 2020 il y aura plus pour le fonds vélo".

Le plan prévoit également la systématisation en ville des sas vélos, c'est-à-dire un espace réservé aux bicyclettes entre les feux tricolores et une ligne où doivent s'arrêter les voitures. Le double sens cyclable, déjà obligatoire dans les zones à 30 km/h, sera étendu à toutes les rues à 50 km/h en agglomération à partir de 2019, sauf en cas de danger avéré.

Pour lutter contre le vol, chaque vélo, neuf ou d'occasion, sera doté d'un numéro d'immatriculation.

Le gouvernement demandera à la SNCF de construire des garages à vélos sécurisés dans toutes les gares où ce sera possible.

Pour inculquer la culture vélo aux enfants, chaque élève entrant en 6e devra savoir rouler à vélo en autonomie d'ici à 2022. Des programmes seront prévus en primaire autour de sa pratique et du code de la route. Le ramassage scolaire à vélo sera aussi encouragé.

Aucun coup de pouce supplémentaire en revanche pour le vélo électrique. Depuis fin 2017, l'aide à l'achat est limitée aux habitants de collectivités fournissant déjà des subventions.

La France en est à son troisième plan vélo en six ans. Les précédents, en 2012 et 2014, "comprenaient de bonnes idées mais (...) pas de financement", explique Pierre Serne, président du club des villes et territoires cyclables.

Avec ce nouveau plan, le gouvernement espère porter à 9% d'ici à 2024 la part des déplacements faits en vélo, pour dépasser la moyenne européenne de 7%.

Dans la même thématique

Nouveau plan pour promouvoir le vélo, encore boudé par les Français
3min

Politique

Européennes 2024 : Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche »

Alors que la Nupes s’est décomposée durant les dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a acté, samedi 2 décembre, la fin de la Nupes. Cet été, l’idée d’une liste commune entre les partis de la Nupes pour les élections européennes de juin 2024 avait déjà commencé à fracturer l’alliance, en particulier chez les écologistes. En juillet 2023, le parti de Marine Tondelier, habitué aux bons résultats lors des scrutins européens, désigne Marie Toussaint tête de liste pour les élections européennes.  « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense » Si les écologistes rejettent l’idée d’une liste commune à gauche, la députée européenne Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche ». Pour rappel, une liste ne peut élire des députés au Parlement européen uniquement si elle dépasse un seuil de 5 %. « Je pense que l’on a des combats essentiels à mener, c’est ce qui doit concentrer toute notre attention », juge Marie Toussaint qui estime que le combat doit être mené contre les partis nationalistes qui continuent de progresser au sein de l’Union européenne. En proposant ce pacte de non-agression, Marie Toussaint rappelle qu’elle souhaite orienter sa campagne autour de « la douceur ». Une approche qui suscite l’étonnement, ou l’incompréhension, notamment après le meeting de lancement de la campagne. Ce 2 décembre, la tête de liste écologiste avait convié un groupe de danseuses pratiquant la « booty-therapy », une danse permettant de « s’assumer ». « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense », justifie Marie Toussaint qui assume vouloir mener une campagne « sensible ». « La douceur, dans un monde meurtri par la violence politique et sociale, est un horizon de sauvegarde, c’est un objet de combativité », développe Marie Toussaint pour laquelle cette approche peut être payante.  « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes » Alors que les négociations de la COP 28 se déroulent actuellement à Dubaï avec un nombre record de lobbyistes présents. Selon Marie Toussaint, que cela soit durant les négociations internationales ou au sein des institutions européennes, les lobbys, notamment pétroliers, doivent être écartés des espaces de discussions. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes », développe Marie Toussaint alors que les groupes d’intérêts occupent une place importante dans le processus législatif européen. Outre le lobby des énergies fossiles, la tête de liste écologiste prend également pour cible la fédération des chasseurs et son président Willy Schraen qui mènera une liste aux élections européennes. Accusée par ce dernier de prôner une écologie déconnectée, Marie Toussaint a, de nouveau, proposé d’organiser un débat avec Willy Schraen afin de « vérifier qui est du côté de l’agro-industrie et qui est du côté des paysans ». Marie Toussaint fustige notamment l’hypocrisie du patron des chasseurs considérant que ce dernier défend « une vision de l’agriculture sans paysans ».

Le

L’hémicycle du Sénat
7min

Politique

Aide médicale d’Etat : la majorité sénatoriale divisée sur les conclusions du rapport Stefanini Evin

Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.

Le