Nouvel effort budgétaire : le député Emmanuel Grégoire dénonce l’ « opacité » du gouvernement

Le gouvernement prévoit une nouvelle réduction des dépenses publiques de 5 milliards d’euros. Le sujet devrait être débattu au Parlement, estime le député Emmanuel Grégoire. Sur le plateau de Parlement Hebdo, il défend une mise à contribution des plus riches, face au sénateur Jean-Raymond Hugonet qui appelle à une meilleure maitrise des dépenses publiques.
Rédaction Public Sénat

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À peine deux mois après l’adoption du budget 2025, le gouvernement prévoit un nouvel effort budgétaire de 5 milliards d’euros. « Il y a des dépenses qu’on pensait faire, qu’on ne va pas faire, des dépenses qu’on fera plus tard, et aussi des endroits où on fera plus d’économies pour financer par exemple un peu plus d’efforts sur la défense », a résumé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, au micro de Public Sénat ce 9 avril.

Le même jour, dans un contexte de guerre commerciale, la prévision de croissance du pays pour 2025 était abaissée de 0,2 point, passant de 0,7 % à 0,5 % du PIB. Face à ce double constat, le député socialiste Emmanuel Grégoire dénonce « l’opacité » du gouvernement.

« Le Parlement n’est absolument pas saisi de ces questions. Le gouvernement n’a pas précisé où il souhaitait précisément faire des économies, mais ce qu’il se passe dans l’arrière-boutique, c’est que des gens dans leurs petits bureaux décident de gels de crédits », fustige-t-il. « Nous découvrirons, à mon avis à la fin de l’été, l’ampleur des secteurs touchés, auxquels on annoncera avec un petit sourire en coin des économies qui n’étaient pas préparées ! »

« Il est impératif que les plus riches soient les premiers mis à contribution », affirme Emmanuel Grégoire

Même s’ils n’ont pas encore été saisis du sujet, cela fait déjà plusieurs semaines que les parlementaires débattent de ceux qui doivent porter l’effort de défense. Au début du mois de mars, lors de son allocution télévisée, le président de la République avait déjà alerté les Français, face à la menace russe : « Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires. Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi publics, sans que les impôts ne soient augmentés. »

Une position à laquelle le sénateur Les Républicains Jean-Raymond Hugonet souscrit : « En France, nous sommes les champions du monde des taxes. Continuer à avancer là-dedans, c’est un échec ! » En revanche, Emmanuel Grégoire plaide pour une mise à contribution des plus fortunés. « C’est insupportable d’observer que les impôts augmentent pour tout le monde, y compris pour les classes moyennes, à l’exception des plus riches. Il est logique et même impératif qu’ils soient les premiers mis à contribution », pointe le député socialiste.

Jean-Raymond Hugonet dénonce « des politiques qui sont incapables de maintenir une trajectoire budgétaire raisonnable »

Avant de mettre les plus riches à contribution, il faudrait d’abord redresser les comptes publics, estime de son côté Jean-Raymond Hugonet. « Ceux qui financent la procrastination budgétaire qu’on observe dans notre pays depuis 40 ans ne supportent plus de contribuer à la gabegie financière, avec des politiques qui sont incapables de maintenir une trajectoire budgétaire raisonnable », fustige-t-il.

Du côté de la majorité sénatoriale, l’une des pistes privilégiées pour soutenir la hausse des dépenses militaires reste la mobilisation de l’épargne des Français. Dès 2024, la chambre haute a ainsi adopté une proposition de loi du sénateur LR Pascal Allizard, prévoyant d’orienter une partie des encours du livret A vers les industries de défense. Une piste que le gouvernement ne retient pas pour le moment, préférant annoncer la création d’un nouveau fonds de 450 millions d’euros, dans lequel les Français pourront investir pour financer les dépenses militaires.

Une partie de ces questions budgétaires encore en débat pourraient être tranchées ce 15 avril. Le Premier ministre François Bayrou devrait en effet tenir « une grande conférence des finances publiques », pour échanger sur la situation budgétaire avec les parlementaires.

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