Nouvelle-Calédonie : « Ce qui m’inquiète, c’est qu’on arrive à une situation d’apartheid »

Nouvelle-Calédonie : « Ce qui m’inquiète, c’est qu’on arrive à une situation d’apartheid »

Alors qu’un débat sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie se tient ce mardi au Sénat, indépendantistes et loyalistes ne parviennent toujours pas à trouver un compromis pour désigner un chef du gouvernement. Le sénateur de Nouvelle-Calédonie, Gérard Poadja craint une partition « de son pays ».
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Pour la première fois depuis l’accord de Nouméa (1998), le FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) a obtenu la majorité (six membres sur onze) au sein du gouvernement collégial, 17 février dernier. Le scrutin avait eu lieu après la chute du gouvernement présidé par le loyaliste Thierry Santa le 2 février, en raison de la démission en bloc des « ministres » indépendantistes.

Mais depuis, l’exécutif élu ne peut entrer en fonction car les deux branches majoritaires du FLNKS se disputent sa présidence.

Une crise politique qui intervient alors qu’un troisième référendum sur l’indépendance doit se tenir avant octobre 2022. Invité de la matinale de Public Sénat, « Bonjour Chez vous », le sénateur (apparenté centriste) de la Nouvelle-Calédonie, Gérard Poadja « s’inquiète que dans les années qui viennent, on arrive à une situation d’apartheid ». « Ça, je ne l’accepterais pas […] La Nouvelle-Calédonie est composée de trois provinces. Il y en a deux qui sont à majorité indépendantiste. Donc, on risque d’arriver à une partition de mon pays […] Je ne souhaite pas qu’on arrive à ce qu’il y ait des frontières dans mon pays » s’est-il alarmé estimant que cette « situation était évitable mais encore faut-il que nous arrivions à une solution de rassemblement ».

Pour rappel, les accords de Nouméa ont abouti à la tenue de deux référendums sur l’indépendance de l’archipel. Les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, les électeurs inscrits sur une « liste électorale spéciale » ont rejeté l’indépendance à 56,7 % puis à 53,3 %. Début avril, les deux groupes indépendantistes au Congrès (l’assemblée délibérante) ont officiellement demandé à l’Etat d’organiser le troisième et dernier référendum de cette décolonisation inédite dans l’histoire de France.

A l’invitation du Premier ministre Jean Castex, plusieurs dirigeants calédoniens indépendantistes et non indépendantistes doivent se rendre à Paris du 25 mai au 3 juin « pour parler de l’avenir » et tenter d’éclairer les conséquences du oui ou du non à l’indépendance.

Ce mardi au Sénat, un débat se tiendra au Sénat sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie

« Je suis opposé à un troisième référendum […] Ce que je propose c’est qu’on puisse véritablement échanger sur un projet de rassemblement » a indiqué Gérard Poadja qui considère que dès 2018, « rien ne nous empêchait, nous politiques calédoniens, de mettre en place un véritable processus pour que notre pays puisse vivre en paix et avoir un développement économique durable ».

C’est en effet la cession de l’usine de nickel en Nouvelle-Calédonie du groupe brésilien Vale, à un consortium mené notamment par les collectivités locales, en mars dernier qui a divisé le front indépendantiste.

 

 

 

Dans la même thématique

Nouvelle-Calédonie : « Ce qui m’inquiète, c’est qu’on arrive à une situation d’apartheid »
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Nouvelle-Calédonie : « Ce qui m’inquiète, c’est qu’on arrive à une situation d’apartheid »
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le