Nouvelle-Calédonie: difficile processus de décolonisation

Nouvelle-Calédonie: difficile processus de décolonisation

Depuis 1988, la Nouvelle Calédonie est lancée dans un difficile processus de décolonisation par étapes, qui doit déboucher en 2018 sur unréférendum d'autodétermination.
Public Sénat

Par Juliette Baillot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

- 1988: le drame d'Ouvéa et les accords de Matignon -

Tout les Néo-calédoniens ont en mémoire les tensions des années 1980 dans cet archipel du Pacifique sud -français depuis 1853-, avec le boycott en 1984 des élections territoriales par les indépendantistes du FLNKS et surtout l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa, le 5 mai 1988: 19 kanak qui retenaient en otages des gendarmes sont tués, ainsi que deux militaires.

Moins de deux mois après, le 26 juin 1988, les accords tripartites dits "de Matignon" sont conclus non sans mal entre Jean-Marie Tjibaou pour le FLNKS (indépendantiste), Jacques Lafleur pour le RPCR (anti-indépendantiste) et le Premier ministre socialiste Michel Rocard.

Ces accords, ratifiés par un référendum (sur la France entière) le 6 novembre 1988, créent trois provinces (Nord, Sud, Iles Loyauté) et prévoient l'organisation d'un scrutin d'autodétermination dans les dix ans.

Mais le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS, est tué par balle par le kanak Djubelly Wéa, qui ne lui a pas pardonné d'avoir signé ces accords. Wéa tire également sur Yeiwéné Yeiwéné, autre figure du FLNKS, avant d'être lui-même abattu par les gardes du corps des deux victimes.

- 1998: l'accord de Nouméa -

Dix ans plus tard, le 5 mai 1998, la signature de l'accord de Nouméa, sous l'égide du Premier ministre Lionel Jospin, lui aussi socialiste, instaure en Nouvelle-Calédonie un processus de décolonisation sur vingt ans.

Lionel Jospin (C), entouré de Roch Wamytan (FNLKS) (G) et Jacques Lafleur (RPCR) (D), après la signature de l'accord de Nouméa, pour instaurer en Nouvelle-Calédonie un processus de décolonisation, le 5 mai 1988
Lionel Jospin (C), entouré de Roch Wamytan (FNLKS) (G) et Jacques Lafleur (RPCR) (D), après la signature de l'accord de Nouméa, pour instaurer en Nouvelle-Calédonie un processus de décolonisation, le 5 mai 1988
AFP/Archives

Ce texte fondateur, conclu entre l'Etat, les anti-indépendantistes et les indépendantistes kanak, puis ratifié à 72% par les Calédoniens lors d'un référendum, organise l'émancipation par étapes de l'archipel.

Un référendum d'autodétermination est prévu entre 2014 et 2018 au plus tard.

Pour les observateurs, l'accord de Nouméa est le garant du maintien de la paix en Nouvelle-Calédonie, après la quasi guerre civile des années 1980.

Mais la mise en oeuvre de ce processus, sans équivalent au sein de la République, se fait à petits pas. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie adopte en 2009, après plusieurs années de négociations, un texte qui encadre l'exploitation de ses richesses en nickel en rénovant notamment les normes environnementales.

- 2018: pour ou contre l'indépendance -

Le Parlement adopte en 2009 un projet de loi qui permet des transferts progressifs de compétences de l'Etat à la Nouvelle-Calédonie, assortis de leurs modalités financières. Des transferts sont ainsi enclenchés en 2011 pour les affaires liées à la police, en 2012 pour l'organisation scolaire ou en 2013 pour le droit civil et commercial.

Au-delà, l'accord de Nouméa doit s'achever au plus tard en novembre 2018 par le référendum au cours duquel les Calédoniens décideront s'ils souhaitent accéder à la pleine souveraineté.

Une éventuelle indépendance de la France serait une première depuis celle de Djibouti (1977) et du Vanuatu (1980), ex-territoire franco-britannique.

Si le non à l'indépendance l'emportait sur le "caillou" peuplé d'environ 269.000 habitants, deux autres scrutins référendaires sont envisagés par la loi.

Dans la même thématique

Bruno Retailleau, France’s Interior Minister and declared candidate for the presidency of Les RÃ’publicains (LR), was in Valence
10min

Politique

Duel Retailleau-Wauquiez pour la présidence LR : « Le résultat sera plus serré qu’on ne le pense »

La campagne interne des LR vient de connaître un moment de tension autour du nombre de parrainages revendiqué. Dans le camp Retailleau, où on pense aussi à 2027, certains y voient « un symptôme de fragilité » des pro-Wauquiez. « Il ne faut pas enterrer Laurent trop vite », met en garde un soutien du député. Surtout que dans ce scrutin, ce sont les militants qui votent.

Le

Nouvelle-Calédonie: difficile processus de décolonisation
5min

Politique

Défense, sécurité, immigration : en position de force à Bruxelles, la droite européenne affirme sa feuille de route

Plus grand groupe au Parlement européen, le PPE est désormais aussi largement représenté au Conseil. Réunis au Sénat pour leurs journées parlementaires, les eurodéputés du groupe sont en position de force pour imposer leur agenda à Bruxelles. Dans ce contexte, le chef de file des eurodéputés LR, François-Xavier Bellamy, appelle la droite française à « se reconstruire », pour être « un partenaire à la hauteur ».

Le

Paris: Sarkozy Stands Trial Over Alleged Libya Financing
2min

Politique

Procès libyen : sept ans de prison et 300 000 euros d'amende requis contre Nicolas Sarkozy

Les magistrats ont demandé ce jeudi 27 mars contre l’ancien président de la République une peine de sept ans de prison ferme et 300 000 euros d’amende dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Dans un message sur ses réseaux sociaux, l’intéressé a voulu dénoncer la partialité du Parquet national financier. Le jugement sera rendu dans plusieurs mois.

Le