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Nouvelle-Calédonie : Gérard Larcher appelle les partis à « passer d’une confrontation stérile à une conjugaison vertueuse »
Par Romain David
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En Nouvelle-Calédonie, Gérard Larcher appelle « deux visions a priori antagonistes » à bâtir « un nouveau modèle de société ». Arrivés lundi à Nouméa, le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ont conduit pendant trois jours une « mission de concertation » dans l’archipel, près de six mois après le début des violences qui ont embrasé ce territoire du Pacifique Sud. Au programme de cette visite : une série de déplacements dans les territoires et de nombreuses rencontres, notamment avec les représentants politiques locaux, le patronat et les syndicats. « Il n’y a pas de fatalité à ce que deux légitimités qui ont des rêves différents aujourd’hui ne puissent pas se retrouver et reconstruire un rêve partagé », a martelé le président du Sénat dans un entretien accordé à Outre-mer La Première.
« La confrontation brutale n’apporte aucune solution »
« Les évènements d’une rare violence que je condamne et qui se sont déroulés depuis le mois de mai ont eu pour conséquence d’annihiler trente années de développement économique et social. C’est un premier drame, qui appelle un premier sursaut. Le sursaut de toutes les forces politiques et économiques calédoniennes », a estimé Gérard Larcher dans le discours qu’il a prononcé devant le Congrès de Nouvelle-Calédonie mardi.
« J’ai conscience des visions antagonistes qui vous animent, mais il me semble indispensable, au regard de la gravité de la situation, que vous puissiez les faire passer d’une confrontation stérile à une conjugaison vertueuse », a encore enjoint le président du Sénat. « Car, s’il est une chose à retenir des violences de ces derniers mois, c’est que la confrontation brutale non seulement n’apporte aucune solution, mais pire encore, fait régresser les acquis collectifs sans offrir la moindre perspective. »
« Nous autres, responsables politiques, nous avons aussi failli »
Les émeutes, qui ont fait treize morts dont deux gendarmes en Nouvelle-Calédonie, ont été déclenchées à la suite de l’adoption par l’Assemblée nationale d’une réforme constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales, gelé depuis 2007. Le camp indépendantiste kanak, qui craint d’être marginalisé par une telle mesure, avait déjà choisi de boycotter le troisième référendum sur l’indépendance en 2021, en raison d’un désaccord sur la date du scrutin.
Depuis son arrivée à Matignon, le Premier ministre Michel Barnier a joué la carte de l’apaisement en confirmant l’abandon de la réforme constitutionnelle, tandis que le Parlement a adopté une proposition de loi des socialistes du Sénat, qui reporte d’ici novembre 2025 les élections provinciales prévues en fin d’année.
« Il ne faut pas se voiler la face : nous autres, responsables politiques, nous avons aussi failli », a reconnu Gérard Larcher devant le Congrès de Nouvelle-Calédonie. « Chacun d’entre nous a l’ardente obligation de faire son examen de conscience, car nous sommes responsables. Je ne parle pas de responsabilités individuelles, mais de responsabilités collectives. Et je n’exonère pas l’État des siennes. »
Mais il a aussi tenu à rappeler l’appartenance de la Nouvelle-Calédonie à la République : « J’aime la Nouvelle-Calédonie et les Calédoniens. Vous faites partie de la République et vous n’êtes pas abandonnés, même si vous en avez eu l’impression », a-t-il déclaré. Dans un entretien accordé au Monde, le sénateur des Yvelines se prononce pour « une autonomie très poussée sans rupture du lien avec la République », estimant que les modalités de cette relation doivent être définies par les Néocalédoniens eux-mêmes.
L’urgence économique
À la crise institutionnelle et politique se superpose désormais une grave crise économique. Le gouvernement local a estimé à 2,2 milliards la facture des émeutes. En outre, plus de 6 000 emplois ont été détruits, et 29 % des salariés du privé sont désormais au chômage partiel. Fin août, le congrès de Nouvelle-Calédonie a voté une demande d’aide de 4,2 milliards d’euros à Paris.
Pour de nombreux responsables politiques, un éventuel accord de sortie de crise entre loyalistes et indépendantistes ne saurait être complet sans un volet économique, concernant notamment l’industrie du nickel, plombée par la baisse des prix. « Cette crise du principal poumon économique risque d’être celle qui fera disparaître l’industrie métallurgique calédonienne, menacée par une concurrence internationale plus forte que jamais », a alerté Gérard Larcher devant les élus. « Toutes les énergies calédoniennes, du Nord et du Sud, doivent converger avec celle de l’État pour donner un nouvel élan et une ambition renouvelée à l’industrie du nickel. »
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