Ce sont 185.004 électeurs calédoniens, figurant sur une liste électorale spéciale, qui sont appelés pour la troisième et dernière fois à répondre dimanche à la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »
Pour rappel, les accords de Nouméa de 1998 ont abouti à la tenue de deux référendums sur l’indépendance de l’archipel. Les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, les électeurs inscrits sur une « liste électorale spéciale » ont rejeté l’indépendance à 56,7 % puis à 53,3 %. Début avril 2021, les deux groupes indépendantistes au Congrès (l’assemblée délibérante) ont officiellement demandé à l’Etat d’organiser le troisième et dernier référendum de cette décolonisation inédite dans l’histoire de France.
Depuis, l’épidémie de Covid-19 est passée par là. Le territoire a été rattrapé par le virus en septembre, avec un bilan de 280 décès, touchant majoritairement les kanaks.
>> Lire notre article: Nouvelle-Calédonie : un débat au Sénat pour sortir de « l’impasse » institutionnelle
Les indépendantistes boudent le scrutin
Les indépendantistes ont demandé le report du scrutin en raison de l’impossibilité, selon eux, de « mener une campagne équitable » à cause de l’épidémie. Suite au refus du gouvernement, le FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) a appelé ses militants à ne pas aller voter.
Le Sénat coutumier, une institution qui incarne le pouvoir traditionnel kanak, a demandé jeudi « aux citoyens kanaks et aux progressistes calédoniens d’observer une journée nationale de « deuil kanak » le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote.
Cette année, pour la première fois depuis l’accord de Nouméa (1998), le FLNKS a obtenu la majorité (six membres sur onze) au sein du gouvernement collégial, mais aucun compromis n’avait été trouvé pour désigner un chef de gouvernement. Les deux principales composantes du FLNKS, l’Union calédonienne (UC) et l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) se sont brouillés entraînant plusieurs mois de blocage politique.
Quelles suites institutionnelles ?
De son côté, le camp du non indépendantiste a tenté de convaincre, cette semaine, ses électeurs de se présenter devant les urnes mais certains dirigeants craignent « une participation en chute libre ». Quant à la coalition loyaliste « Les voix du non », elle a lancé un appel au vote massif pour ne pas « se laisser voler le résultat », en rappelant « qu’une élection n’est jamais jouée d’avance ».
En métropole, aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le sénateur centriste, Philippe Folliot a interpellé le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, sur les suites institutionnelles de ce scrutin. « Très vraisemblablement pour la troisième fois […], le non va l’importer. Que va-t-il se passer au lendemain du scrutin ? », a-t-il interrogé.
Sébastien Lecornu a convenu que le calendrier institutionnel était « déconnecté des attentes profondes de la population : jeunesse, le foncier, l’égalité homme-femme ». Et a promis de « redire les engagements pris le 1er juin dernier à Paris afin de « sortir d’un binaire dans lequel nous sommes enfermés depuis trop longtemps, et sortir d’un statu quo dont personne ne veut ».
Emmanuel Macron : « Le jour d’après, quel que soit le choix, il y aura une vie ensemble »
Le 1er juin dernier, après cinq jours de négociations, une délégation d’élus indépendantistes et loyalistes avait planché sur les conséquences du oui et du non à ce référendum. Une période de transition de dix-huit mois, du 13 décembre 2021 au 30 juin 2023, est prévue pour imaginer l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie Un projet qui devra être validé par consultation référendaire.
Le ministre sera d’ailleurs sur place, ce week-end, pour préparer cette période de discussion. Mais Le FLNKS et les Nationalistes ont déjà indiqué qu’ils « s’opposent à toutes discussions et à de quelconques rencontres avec le ministre des Outre-mer avant l’élection présidentielle », ont-ils indiqué jeudi dans un communiqué.
Lors de sa conférence de presse sur la présidence française de l’Union européenne, Emmanuel Macron a assuré que « le jour d’après, quel que soit le choix, il y aura une vie ensemble », rappelant toutefois avoir dit lors d’une visite sur l’île, en 2018, que « la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ».