Nouvelle-Calédonie : les enjeux du dernier référendum d’autodétermination

Nouvelle-Calédonie : les enjeux du dernier référendum d’autodétermination

Dimanche 12 décembre se déroulera en Nouvelle Calédonie, le troisième et dernier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa de 1998. Si pour la troisième fois, le « non » à l’indépendance l’emporte, un nouveau statut devra être trouvé pour ce territoire.
Public Sénat

Par Public Sénat avec l'AFP

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ce sont 185.004 électeurs calédoniens, figurant sur une liste électorale spéciale, qui sont appelés pour la troisième et dernière fois à répondre dimanche à la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »

Pour rappel, les accords de Nouméa de 1998 ont abouti à la tenue de deux référendums sur l’indépendance de l’archipel. Les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, les électeurs inscrits sur une « liste électorale spéciale » ont rejeté l’indépendance à 56,7 % puis à 53,3 %. Début avril 2021, les deux groupes indépendantistes au Congrès (l’assemblée délibérante) ont officiellement demandé à l’Etat d’organiser le troisième et dernier référendum de cette décolonisation inédite dans l’histoire de France.

Depuis, l’épidémie de Covid-19 est passée par là. Le territoire a été rattrapé par le virus en septembre, avec un bilan de 280 décès, touchant majoritairement les kanaks.

>> Lire notre article: Nouvelle-Calédonie : un débat au Sénat pour sortir de « l’impasse » institutionnelle

Les indépendantistes boudent le scrutin

Les indépendantistes ont demandé le report du scrutin en raison de l’impossibilité, selon eux, de « mener une campagne équitable » à cause de l’épidémie. Suite au refus du gouvernement, le FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) a appelé ses militants à ne pas aller voter.

Le Sénat coutumier, une institution qui incarne le pouvoir traditionnel kanak, a demandé jeudi « aux citoyens kanaks et aux progressistes calédoniens d’observer une journée nationale de « deuil kanak » le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote.

Cette année, pour la première fois depuis l’accord de Nouméa (1998), le FLNKS a obtenu la majorité (six membres sur onze) au sein du gouvernement collégial, mais aucun compromis n’avait été trouvé pour désigner un chef de gouvernement. Les deux principales composantes du FLNKS, l’Union calédonienne (UC) et l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) se sont brouillés entraînant plusieurs mois de blocage politique.

Quelles suites institutionnelles ?

De son côté, le camp du non indépendantiste a tenté de convaincre, cette semaine, ses électeurs de se présenter devant les urnes mais certains dirigeants craignent « une participation en chute libre ». Quant à la coalition loyaliste « Les voix du non », elle a lancé un appel au vote massif pour ne pas « se laisser voler le résultat », en rappelant « qu’une élection n’est jamais jouée d’avance ».

En métropole, aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le sénateur centriste, Philippe Folliot a interpellé le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, sur les suites institutionnelles de ce scrutin. « Très vraisemblablement pour la troisième fois […], le non va l’importer. Que va-t-il se passer au lendemain du scrutin ? », a-t-il interrogé.

Sébastien Lecornu a convenu que le calendrier institutionnel était « déconnecté des attentes profondes de la population : jeunesse, le foncier, l’égalité homme-femme ». Et a promis de « redire les engagements pris le 1er juin dernier à Paris afin de « sortir d’un binaire dans lequel nous sommes enfermés depuis trop longtemps, et sortir d’un statu quo dont personne ne veut ».

Emmanuel Macron : « Le jour d’après, quel que soit le choix, il y aura une vie ensemble »

Le 1er juin dernier, après cinq jours de négociations, une délégation d’élus indépendantistes et loyalistes avait planché sur les conséquences du oui et du non à ce référendum. Une période de transition de dix-huit mois, du 13 décembre 2021 au 30 juin 2023, est prévue pour imaginer l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie Un projet qui devra être validé par consultation référendaire.

Le ministre sera d’ailleurs sur place, ce week-end, pour préparer cette période de discussion. Mais Le FLNKS et les Nationalistes ont déjà indiqué qu’ils « s’opposent à toutes discussions et à de quelconques rencontres avec le ministre des Outre-mer avant l’élection présidentielle », ont-ils indiqué jeudi dans un communiqué.

Lors de sa conférence de presse sur la présidence française de l’Union européenne, Emmanuel Macron a assuré que « le jour d’après, quel que soit le choix, il y aura une vie ensemble », rappelant toutefois avoir dit lors d’une visite sur l’île, en 2018, que « la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ».

 

 

Dans la même thématique

Nouvelle-Calédonie : les enjeux du dernier référendum d’autodétermination
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Nouvelle-Calédonie : les enjeux du dernier référendum d’autodétermination
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le