Nouvelles ordonnances : « le gouvernement va trop loin », selon le vice-président du Sénat
Le sénateur LR Philippe Dallier reproche au gouvernement, à travers le nouveau projet de loi prévoyant des dispositions urgentes pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid-19, d’affaiblir à nouveau le parlement et de légiférer trop vite.

Nouvelles ordonnances : « le gouvernement va trop loin », selon le vice-président du Sénat

Le sénateur LR Philippe Dallier reproche au gouvernement, à travers le nouveau projet de loi prévoyant des dispositions urgentes pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid-19, d’affaiblir à nouveau le parlement et de légiférer trop vite.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La coupe est pleine. Jusqu’ici le Sénat s’était plié à la nécessité d’examiner rapidement les projets de loi durant le confinement : deux sur l’état d’urgence sanitaire et deux budgets rectificatifs. Qualifié de texte « fourre-tout » ou « gloubi-boulga » à cause de la variété des domaines abordés, le nouveau projet de loi, adopté ce 15 mai à l’Assemblée nationale, risque de créer un peu plus de trouble au Sénat. À partir du 26 mai, la Haute assemblée sera amenée à étudier ce texte où, dans sa version initiale, le gouvernement sollicite 33 habilitations supplémentaires à légiférer par ordonnances. Sur des sujets disparates : social, droit du travail ou encore Brexit. Le nombre d'habilitations a finalement été réduit par les députés.

Pour Philippe Dallier, premier vice-président (LR) du Sénat, invité de l’émission Parlement hebdo, la gêne va bien au-delà de la droite ou la gauche. « Il n’y a pas que l’opposition qui a pointé le fait que le recours aux ordonnances devenait excessif. Certains groupes de la majorité l’ont fait. » Certaines demandes sont même loin d’être anodines. « Le gouvernement souhaite qu’il puisse contraindre certains organismes publics à aller déposer leur trésorerie sur des comptes du Trésor. On ne sait pas quels organismes, pour quoi faire, mais on voit bien l’intention. Et le Parlement n’en déciderait pas ? » s’interroge Philippe Dallier.

« Le gouvernement confond vitesse et précipitation, et le Parlement ne l’acceptera pas »

Notant que certaines demandes d’habilitations s’étendent sur une période de 30 mois, le sénateur estime que, sur certains sujets, « on pourrait prendre le temps » d’en débattre au sein des assemblées. « Il y a un moment où le Parlement doit retrouver ses droits […] Le gouvernement confond vitesse et précipitation, et le Parlement ne l’acceptera pas. Le gouvernement va trop loin, et d’ailleurs même sa majorité à l’Assemblée réagit. »

Dans ses remarques, Philippe Dallier alerte sur les répercussions fâcheuses que pourrait avoir cette méthode de travail. « On écrit la loi, elle s’applique à tous les Français. Si on se trompe, ça peut avoir des conséquences importantes. Le gouvernement ferait bien de s’en souvenir. »

Le vice-président du Sénat estime qu’il faudra aussi tirer une leçon de l’épisode de la loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, qui n’a pas pu être promulguée à temps le 11 mai (relire notre article). Ce vide juridique qui s’était installé, avant que le Conseil constitutionnel ne valide l’essentiel de la loi, aurait pu être évité, selon le sénateur, si le gouvernement avait accordé davantage de temps aux parlementaires. « Il faut que ça s’arrête, que l’on retrouve des délais corrects. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Les Democrates group parliamentary niche at the National Assembly
9min

Politique

Tensions entre LR et macronistes : « La véritable heure de vérité, ce sera à l’automne avec le budget »

Les difficultés s’accumulent entre LR et l’ex-majorité présidentielle, entre tensions sur le texte énergies ou celui sur les modes de scrutin à Paris, Lyon et Marseille. Quand les macronistes accusent les LR de ne pas « pas avoir de colonne vertébrale », les sénateurs LR reprochent à leurs alliés d’être peu à l’écoute. De mauvais augure pour le budget…

Le

Banque d’images du Sénat – Wlad Simitch Capa Pictures
7min

Politique

Municipales à Paris, Lyon et Marseille : après l’échec de la commission mixte paritaire, le ton monte entre l’exécutif et les LR du Sénat

Le gouvernement entend laisser la réforme sur le mode de scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille revenir à l’Assemblée nationale. L’exécutif reproche au Sénat d’avoir « dynamité » ce mardi 24 juin les négociations entre les deux chambres pour aboutir à un compromis sur ce texte. Les sénateurs, notamment à droite, dénoncent « un passage en force » et réclament l’abandon de cette réforme.

Le

Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024
4min

Politique

Municipales à Paris, Lyon et Marseille : députés et sénateurs échouent à trouver un accord sur la réforme du mode de scrutin

La commission mixte paritaire chargée de trouver un compromis entre l’Assemblée nationale et le Sénat sur la réforme du monde de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, pour les élections municipales, a échoué ce mardi 24 juin, quelques minutes seulement après l’ouverture des négociations. Les sénateurs, très largement opposés à ce texte, invitent désormais le Premier ministre à y renoncer.

Le