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Nucléaire : Israël frappe l’Iran qui promet une riposte sans « limites »

Israël a mené vendredi, dans la nuit, une série de frappes aériennes contre l’Iran, disant viser une centaine de cibles dont des sites nucléaires. Au moins deux dirigeants des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime, ont été tués dont son chef, le général Hossein Salami. Téhéran a riposté en lançant des drones vers le territoire israélien.
Rédaction Public Sénat

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Jeudi, Donald Trump demandait à Israël de ne pas attaquer l’Iran pour laisser sa chance à la diplomatie. Quelques heures plus tard, les frappes israéliennes commençaient. Un nouveau cycle de négociations entre les Etats-Unis et l’Iran sur le nucléaire iranien devait avoir lieu dimanche, les craintes d’une frappe imminente d’Israël grandissaient depuis quelques jours.

L’enrichissement de l’uranium est la principale pierre d’achoppement dans ces discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions imposées au pays. Un programme nucléaire qui est considéré comme une menace existentielle par les dirigeants israéliens.

Six experts nucléaires tués

Washington a exigé que l’Iran y renonce totalement, ce que Téhéran a refusé, y voyant un droit « non négociable » et veut augmenter de manière « significative » sa production d’uranium enrichi avec la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement. L’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium au niveau de 60 %, selon l’agence basée à Vienne. Il faut un minerai enrichi à 90 % pour fabriquer une bombe atomique. Jeudi, l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) a adopté une résolution le condamnant pour « non-respect » de ses obligations en matière nucléaire.

La série de frappes israéliennes a débuté dans la nuit et a visé des sites dans plusieurs régions iraniennes dont la capitale. Au moins deux dirigeants des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime, ont été tués dont son chef, le général Hossein Salami. Six experts nucléaires ont aussi péri dans les attaques, au moins 50 personnes, dont des femmes et enfants ont été blessées, selon des médias iraniens. Le chef d’état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, a également été tué, selon la télévision d’Etat.

Les derniers étages de certains bâtiments ont été détruits quand d’autres ont été partiellement éventrés, selon un photographe de l’AFP. Le centre de commandement des Gardiens de la Révolution a également été touché.

200 avions

L’armée israélienne a indiqué qu’environ 200 avions avaient participé à cette opération contre une centaine de cibles, des installations nucléaires et des sites militaires à travers le pays.

Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre) a ainsi été visé « plusieurs fois », selon la télévision d’Etat iranienne qui a montré une épaisse fumée noire s’élevant de l’installation. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a confirmé que le site avait été visé. « Aucune augmentation des niveaux de radiation n’a été observée » à Natanz, a-t-elle ensuite précisé. Trois sites militaires dans le nord-ouest ont également été visés, d’après la télévision iranienne.

« Maintenant que le régime terroriste qui occupe al-Quds (Jérusalem en arabe, ndlr) a franchi toutes les lignes rouges », il n’y a « pas de limites dans la réponse à ce crime », a indiqué l’état-major de l’armée dans un communiqué.

Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit que l’opération militaire durerait « de nombreux jours », l’Iran a fermé son espace aérien mais la défense anti-aérienne fonctionne « à 100 % de sa capacité », a souligné la télévision iranienne. L’armée israélienne a indiqué vendredi matin que ses avions de combat continuaient de mener des frappes contre des installations militaires et nucléaires iraniennes.

Les Gardiens de la Révolution avaient promis plus tôt qu’Israël devait « s’attendre à une vengeance sévère », l’ayatollah Ali Khamenei lui promettant un sort « douloureux ». Quant aux Etats-Unis, alliés indéfectibles de l’Etat hébreu, ils seront « responsables des conséquences » de l’attaque, a estimé Téhéran.

Selon l’armée israélienne, environ « 100 drones » ont été lancés en représailles par l’Iran vers le territoire israélien où l’état d’urgence a été déclaré. Elle a, par ailleurs, indiqué disposer de renseignements prouvant que Téhéran s’approchait du « point de non-retour » vers la bombe atomique. Selon elle, « le régime iranien avait un plan concret pour détruire l’Etat d’Israël ».

Appel à la « retenue maximale »

Israël « a frappé au cœur du programme de missiles balistiques de l’Iran », a affirmé Benjamin Netanyahu, saluant une opération « couronnée de succès ».

L’ONU a appelé les deux parties à la « retenue maximale », Oman, médiateur entre Washington et Téhéran, a condamné une « escalade dangereuse » et l’Arabie saoudite, poids lourd régional, a dénoncé des « agressions » qui sont des « violations flagrantes » du droit international. Le Hamas palestinien, en guerre contre Israël à Gaza depuis plus de 20 mois, a affirmé que l’attaque israélienne pourrait « déstabiliser la région ».

Les cours du pétrole ont flambé de plus de 12 %, faisant redouter de fortes perturbations sur les approvisionnements d’or noir. Le président américain Donald Trump, qui doit réunir vendredi son conseil de sécurité nationale, a affirmé qu’il avait été prévenu à l’avance des frappes aériennes. « L’Iran ne peut pas avoir la bombe nucléaire et nous espérons revenir à la table des négociations », a déclaré M. Trump, cité par la chaîne de télévision américaine Fox News.

Risque de « conflit massif »

Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations, dont un sixième cycle est prévu dimanche à Mascate. Cette réunion est toujours à l’ordre du jour, a assuré vendredi un responsable américain sous le sceau de l’anonymat. Face au risque d’un « conflit massif » au Moyen-Orient, Washington a réduit son personnel diplomatique dans la région, en Irak notamment.

En 2015, l’Iran et les grandes puissances avaient conclu un accord historique sur le nucléaire iranien. La République islamique avait renoncé à son programme d’enrichissement d’uranium en échange de la levée des sanctions internationales qui avaient mis son économie à genoux. Mais Donald Trump avait unilatéralement dénoncé cet accord en 2018, lors de son premier mandat.

 

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